« Pas de démocratie sans séparation des intérêts politiques, économiques et médiatiques » prédisait le pourtant très traditionnel François Bayrou pendant les élections présidentielles. En Sarkozie décomplexée, le pauvre doit être servi au delà de ses espérances. Jamais un tel faisceau de connivences n’a été observé dans notre douce France. Quelques exemples édifiants :
A l’heure où Vincent Bolloré, l’ami milliardaire au yacht si accueillant, achève de racheter en totalité l’institut de sondages CSA, un rapide inventaire de son empire révèle qu’outre ses activités industrielles dans le papier, le plastique, l’énergie et tutti quanti, il possède déjà la chaîne de télé Direct 8, les journaux gratuits Direct Matin Plus et Direct soir, le groupe publicitaire Havas.
Il est également un des principaux actionnaires de M6, lorgne sur Le Monde mais a tout de même échoué dans sa tentative de rachat du service français de l’Associated Press. Les courageux salariés de l’agence ont rejeté l’offre, au risque de s’auto-dissoudre…Du côté de chez Bouygues, c’est encore plus fort. Parrain du p’tit Louis et « frère » du président selon ses propres termes, l’héritier de Francis le maçon, détient les chaînes TF1, LCI, Eurosport, TV Breizh et l’opérateur de communication Bouygues Telecom. Il est en outre un actionnaire important de quelques chaînes du câble ainsi que du journal gratuit Metro. Après les élections, Laurent Solly, le directeur adjoint de campagne de Sarkozy, avait été parachuté directeur adjoint de TF1. L’annonce de sa nomination en avait été faite par Franck Louvrier, le chargé en communication du président. Curieux mélange des genres entre sphère privée et domaine public…
« Si tu ne vas pas à Lagardère, Lagardère ira a toi », avait annoncé Paul Féval. Le créateur du Bossu ne croyait pas si bien dire. Autre « frère » auto-proclamé du mari de Carla, le sémillant Arnaud ne gâche pas une occasion de lui servir la soupe. A travers sa complaisante radio Europe 1 mais aussi via ses nombreux magazines et autres journaux, Paris match, Le Journal du Dimanche, Elle ou Télé 7 jours pour ne citer qu’eux. Lui aussi a des visées persistantes sur Le Monde. Leader également dans le secteur aéronautique, il a été mis en cause dans l’affaire EADS, suspecté de délit d’initiés. L’affaire suit son cours, on ose l’espérer…
N’oublions pas le marchand d’armes Dassault, son courtisan Figaro et son très économique Valeurs Actuelles. Surfons sur Bernard Arnault, président du très chic groupe LVMH, témoin du mariage du président et accessoirement propriétaire des Echos, d’Investir et de Radio Classique. Enchaînons sur Alain Weill et ses infos low cost, ses radios RMC info et BFM, sa télé BFM TV, son journal La Tribune. Haut fait d’armes, il fut rappelé à l’ordre fin 2007 par l’omnipotent en personne qui, furibard, avait dénoncé le comportement des journalistes de RMC, après que l’un d’entre eux ait fait allusion à une supposée liaison du chef de l’Etat avec une journaliste. Weill, courageux mais pas téméraire, avait alors donné pour consigne à ses troupes de s’abstenir sur le sujet. Zappons sur Pinault et son Point bienveillant.
Concluons en observant que l’institut de sondages IFOP appartient au groupe de Laurence Parisot, la présidente du Medef, qu’Opinion Way, sondeur officiel du Figaro, est plus souvent qu’à son tour qualifié de filiale de l’UMP et que le président du comité d’audit d’IPSOS n’est autre que Nicolas Bazire, témoin du mariage de Carla avec qui vous savez. Dans un tel paysage sondo-médiatique, il va devenir de plus en plus difficile d’échapper aux diktats de la pensée suprême. Pas de blague, Big Brother, c’était bien en 1984 ?
lediazec
14 juillet, 2008 à 19:55
Il faut arrêter avec ces édito, j’ai le palpitant qui s’emballe et comme un goût d’amertume dans le palais. Cela ramène un vieux truc à ma mémoire :
Bouges tes neurones
De mouton de tonte
Nourris tes hormones
De bougre sans honte
Va et vote, va et vote, va et vote !
ruminances
15 juillet, 2008 à 5:39
Edifiant, n’est-il pas ? Meme pas nécessaire d’être parano. Les convergences d’intérêt parlent d’elles-mêmes. Et toujours ce mélange vie privée (mariage, parrainage) et monde finanço-médiatique.
b.mode
8 janvier, 2009 à 20:39
Gravissime perspective
http://www.rue89.com/2009/01/08/sarkozy-desavoue-par-les-etats-generaux-de-la-presse