Le croupier de la République n’en est toujours pas revenu. Il va falloir refiler près de 400 millions d’euros à Nanard. Après remboursement de toutes ses dettes, il lui en restera 40. Net d’impôts. De quoi s’assurer de paisibles vieux jours. Dame, jouer au casino de la Justice, ça peut rapporter gros surtout quand on arrive à abolir le hasard. Quand une intervention du grand tenancier modifie la donne et assure une martingale gagnante. Plus facile de rafler la mise quand on fricote avec le proprio.
Petit rappel des faits. Lors de la revente d’Adidas à Robert Louis-Dreyfus en 93, le Crédit Lyonnais, mandaté par Tapie pour écouler la chose, s’était largement sucré au passage. En 2005, la coup d’appel de Paris avait condamné le Consortium De Réalisation (CDR), organisme d’état chargé d’apurer le passif de la banque, à verser 135 millions d’euros de dommages et intérêts à l’ex-homme d’affaires. En octobre 2006, la Cour de cassation annulait l’indemnisation de Tapie. L’affaire devait être rejugée par la cour d’appel.
C’est à ce moment de la partie qu’intervient l’omnipotent. Lors des élections présidentielles, Tapie soutient ouvertement le géniteur de Jean sans Peur. Le coeur a ses raisons que la raison ignore. En 2007, le CDR dont le tout nouveau président a été imposé par Thierry Breton sur suggestion de Sarkozy, renonce curieusement à un procès public. Les avocats sont invités alors à refermer leurs dossiers. A la place, est mis en place un tribunal arbitral privé composé de trois membres. L’un d’eux n’est autre que l’avocat Jean-Denis Bredin, ancien dirigeant des Radicaux de Gauche le parti à l’époque de Tapie. Vous avez dit bizarre, comme c’est bizarre. Ces trois-là décident unilatéralement que ce n’est plus 135 millions d’euros mais pas loin du triple que doit reverser le CDR à Nanard.
Ajoutons que leur sentence est sans appel et qu’au passage, ils rafleront pour leur taf, 300 000 euros chacun de la part de ce bon CDR. Vache à lait que ce consortium-là, organisme d’état rappelons-le. En clair et sans décodeur, cela signifie que c’est encore nous ma bonne dame qui allons arroser tout ce petit monde-là. Les caisses ne sont plus vides quand il s’agit de faire plaisir à un copain.
Plus tenace qu’un pitbull, l’ancien vendeur de télévisions, après avoir échoué à la fin du XXème siècle au quartier VIP de la Santé et après 14 années de bras de fer judiciaire, renaissait ainsi de ses cendres tel un phénix modern style. Le temps était désormais au beau fixe pour revenir en politique. Au service de qui vous savez…