Touche pas à mon Clavier !

Avoir un bon copain, voilà c’qui y’a d’meilleur au monde chantait le sémillant Henri Garat dans les années trente. Si d’aventure en aventure, le pote en question est en sus président de la république, là c’est la cerise sur le gâteux, le mec plus ultra, le Nirvana du relationnel. Clair, en cas d’emmerdes, on peut sereinement voir venir. Prenons Clavier au hasard. Christian de son prénom. Le quidam a fait rire au début de sa carrière, gagné beaucoup d’argent ensuite en épuisant le filou filon (pas encore le François) et à la finale, le comique s’est acheté avec son pécule une petite cage à lapin à Porto-Vecchio. Le genre de bicoque aux petits oignons, un truc tout simple quoi…

Là interviennent des indépendantistes. Une grosse poignée de manifestants investit le jardin de la maison du dit-Clavier et dénonce la spéculation foncière et le bétonnage de l’île. C’est plutôt bon enfant, ça se termine au bord de la piscine, sans violence voire sans le p’tit pull marine d’Ajdani. Mais avec un soi-disant coq mort au fond de la grande baignoire peut-être juste un coq en plâtre… L’acteur averti par téléphone via son majordome somme ce dernier de servir des jus de fruits aux envahisseurs. Les gugusses en place tapent sur du plus corsé en matière de breuvage. Pas de quoi en faire un foin. Encore moins une affaire d’état.

C’est sans compter sans l’omnipotent. Le bronzé au string appelle à la rescousse le basané en short. Il lui bigophone même ce week-end. Ni une nu deux, le petit homme prend la mouche, dit en substance que si on touche aux siens, c’est qu’on en veut à lui. Il somme Alliot-Marie de virer le numéro 1 de la sécurité en Corse, un certain Dominique Rossi, dont, soit-dit en passant, le taf sur place était salué par tout un chacun. Aux ordres, la matrone le relègue à l’IGPN, le cimetière des éléphants des bœufs-carottes.

Comme dans l’affaire Tapie, le monarque a réagi à l’instinct. Comme un roi tout-puissant qui confond domaine public et copinage de la sphère privée. Comme un illusionniste raté qui a cru nous faire croire qu’il avait changé. Qu’il avait pris au gré des tensions internationales une dimension présidentielle. Que nenni ! La république des copains et des coquins a de beaux jours devant elle…

Villas plastiquées, gendarmeries incendiées, bâtiments publics explosés, rien de tous ces actes n’a jamais provoqué la mise à pied d’un haut-fonctionnaire de l’île de beauté. Deux poids, deux mesures, c’est ça le fait du Prince ?