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Le petit monde de Don Aphatie

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cure.jpgA première vue, on lui donnerait le bon dieu sans confession. Sa bouille avenante rappelle Bourvil, notre voisin de palier ou un curé de campagne. Son accent fleure bon le cassoulet, le cou de canard farci et la terrine aux noix. Son éternel sourire rassure la ménagère, l’agent de police même le garçon coiffeur. Son bon sens près de chez vous achève de vous séduire plus encore que le Crédit Agricole. Avec lui, la politique devient simple comme un coup de fil. Chaque jour que dieu fait, il évangélise les fidèles dans des grand-messes sur RTL et sur Canal+. Quel vil hérétique oserait remettre en cause sa sacrée parole ? Quel infâme mécréant viendrait à douter de son indépendance et de son objectivité ?

apathie.jpgPas mal de gens en fait. Et le moins que l’on puisse dire est que cela ne plait pas au monsieur. Faut lire comment il les pourfend sur son blog perso. De Paul Amar à Guy Birenbaum en passant par le fantôme de François Mitterrand, d’aucuns en prennent pour leur grade. Rappelons-nous simplement son clash avec Jean François Kahn suite à l’appel à la vigilance républicaine de l’hebdomadaire Marianne. Ce serait une litote d’affirmer que ce texte pourtant si posé n’avait point réjoui le divin tonsuré. Sur le plateau du Grand Journal, il s’était demandé comment on pouvait écrire « autant de bêtises en si peu de mots ».

Et suite à un droit de réponse, quand JFK lui avait avec justesse rappelé en substance que sa neutralité affichée n’était que pure façade, le garçon était sorti de ses gonds. Derrière le masque de jésuite, se cachait en réalité un esprit partisan. Derrière l’apparente modestie, se nichait en fait un ego gonflé à l’hélium. L’homme aux cent mille tics avait mis le doigt où ça fait mal. « C’est une attaque personnelle » s’était indigné avec un à-propos douteux Ariane Massenet quand, crime de lèse-majesté, JFK avait osé rétorquer au tribun populaire «vous êtes en fait à la droite de Sarkozy». Le partial Michel Denisot en plissant des yeux avait alors conclu de façon péremptoire «Jusqu’à présent, l’indépendance de Jean-Michel Aphatie n’a jamais été remise en cause depuis qu’il collabore au Grand journal».

Touche pas à mon Aphatie, c’était le message sous-jacent délivré par ses pairs. Il est amusant de constater que dans ce genre d’émission pseudo-objective, ce soit l’insulté qui se fasse tancer et que celui qui a mis le feu aux poudres passe pour un martyr. Un peu comme si on condamnait un automobiliste, victime d’un accrochage urbain au lieu du fuyard en scooter qui a provoqué l’incident. Drôle d’époque où, sans vergogne aucune, on n’hésite pas à inverser les responsabilités.

Revenons à notre donneur de leçons préféré. Dans ses chroniques quotidiennes, on trouve à boire et à manger. On navigue souvent entre café du Commerce et auberge espagnole. A vouloir trop schématiser, le pédagogue aux mimiques suggestives devient paradoxalement indigeste. Son impertinence revendiquée se révèle étrangement à géométrie variable. Fort avec les faibles et faible avec les forts aiment à souligner ses détracteurs. Courtisan avec certains et agressif avec d’autres oserons nous ajouter.

Quand dans les studios d’RTL, il réceptionne dès potron-minet l’omnipotent, après une escapade à Rungis avec Carlita, il se montre à l’instar de ses homologues Duhamel et Hondelatte, plus que compréhensif et complaisant. En présence du chef de l’état, le pitt-bull pyrénéen se métamorphose subitement en bichon maltais. Il a mis un gros mouchoir sur son insolence supposée. Plus câlin, tu meurs. Idem quand la reine Christine est intronisée à la tête de France Monde. A l’issue de l’interview de l’épouse du ministre des Affaires Etrangères, notre Don Quichotte national avouera sur son blog chéri ne pas être content de sa prestation. Remords quand tu nous tiens. Pendant ce temps-là, le message est passé. Le mélange des genres entre politique étrangère et télévision servile ne choque plus personne. La concomitance des intérêts est déclarée chose naturelle, intellectuellement saine.

Avec Tapie, ça se corse surtout quand le burné le traite de connard à la suite de son passage sur RTL rapport à l’affaire du Crédit Lyonnais. On attendait du répondant, du lourd sur le blog du bafoué. Que nenni, il se montre même condescendant envers Nanard . « A tort peut-être, sans doute même, mais je ne vois rien de personnel dans l’épithète. » écrit-il sans état d’âme. C’est beau la mansuétude surtout quand elle s’adresse à un ami du chef suprême. On eut aimé le trouver plus pugnace…

A vrai dire, on souhaiterait le voir aussi gracieux avec tout un chacun. La pétulante Ségolène, pour ne citer qu’elle, semble ne pas bénéficier du traitement de faveur réservé aux puissants. Récemment, l’animal médiatique voulait absolument lui faire dire du mal de DSK. C’est toujours agréable de semer la zizanie dans le camp adverse. Manque de bol, la pasionaria socialiste a vu Renard venir. Elle l’a remis à sa place et il n’a pas aimé. Vexé, il l’a alors titillée sur la crise jusqu’à lui lancer un hors de propos « Vous niez la crise mondiale, Ségolène Royal ».

Bref, tout ceci relèverait de l’épiphénomène si la logorrhée du grand prêtre restait confidentielle. Hors elle inonde nos ondes autant que nos écrans. Là est le petit souci. Cerise sur le gâteau, à l’instar de la pétillante Arlette Chabot, il vient de recevoir des mains du ministre de la culture, Christine Albanel, le prix Roland Dorgelès, qui honore les professionnels de l’audiovisuel contribuant au rayonnement de la langue française. Que l’on soit apaisé, l’avenir est derrière nous! Auparavant les trains sifflaient trois fois pour signifier leur arrivée à bon port. Désormais ils avancent en silence et subtilement masqués. Il est cocu, le chef de gare ?

http://www.dailymotion.com/video/ktH7MZMuQCEDPIvSwt

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10 Commentaires

  1. vener

    2 novembre, 2008 à 16:31

    C’est le journaliste préféré des français, tu y vas fort !

    Répondre

  2. Erby

    2 novembre, 2008 à 17:36

    Je ne connais pas du tout le personnage. Je vais chercher sa gueule sur le WEB et voir ce que je peux faire ….. Apathie de loin pour arriver nulle part !?

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  3. b.mode

    2 novembre, 2008 à 17:43

    Eh bien tu m’étonnes ! tu dois avoir des écoutes saines… ;)

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  4. lediazec

    2 novembre, 2008 à 19:47

    Aphatie et framboise sont les mamelles du festin, chantait un certain Boby avec Lapointe qu’il fallait.

    Dernière publication sur Kreizarmor : Place Vendôme, haut lieu de l'indécence

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  5. clarky

    2 novembre, 2008 à 22:15

    aux grands hommes l’aphatie reconnaissante…

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  6. gonzague

    3 novembre, 2008 à 16:32

    TF1 devrait lui proposer le 20 h !

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  7. lediazec

    3 novembre, 2008 à 20:07

    Le 20h. Tu rigoles ! A TF1, c’est un peu comme à l’OM : on fait revenir Maoulida chez nous, eux, c’est PPD. Cherchez la différence !
    Y a t-il un trader pour sauver l’avion ?

    Dernière publication sur Kreizarmor : Place Vendôme, haut lieu de l'indécence

    Répondre

  8. b.mode

    4 novembre, 2008 à 3:52

    Florilège de réactions sur le site Le Post. Il a ses aficionados, sézigue !!! ;) http://www.lepost.fr/article/2008/11/02/1313958_le-petit-monde-de-don-aphatie.html#reactions

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  9. oostveen

    4 novembre, 2008 à 6:36

    Franchement Denisot est vraiment partial et on ne peut pas croire un seul instant que ce monsieur soi crédible. Quant à l’autre Monsieur (Apathie) comme il n’a pas eu les idées émises dans Marianne, il les critique. Il est très facile de critiquer un article ou une interview en sortant une phrase de son contexte. Petit et ridicule.

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  10. b.mode

    5 novembre, 2008 à 6:39

    Comme Aphatie, Denisot veut nous faire croire à son objectivité. Rappelons nous juste que le livre Au bout de la passion, l’équilibre… est signé Denisot et Sarkozy… Entre les journalistes clairement encartés à droite genre Nay, El kabbach, Mougeotte, Dassier etc…, et les faussement impartials, il ne reste plus grand monde pour empêcher de désinformer…

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