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Christine B. Outin en emporte le vent !

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vent2.jpgAvant toute chose, je veux garder à l’esprit le céleste rayon avec lequel la clarté danse et fait danser.

J’avoue prendre plaisir à me raconter des histoires. Elles n’ont pour objectif que la distraction. Cela évite la camisole, entre autres babioles.

De telles questions n’auraient pas de répercussion majeure si, plus tôt dans la nuit, mon esprit n’avait pas été happé par un étrange cauchemar.

Profitant de l’impact encore persistant d’halloween, de ses produits dérivés, de sa rivière argentée, je me suis laissé aller à des actes de libation dépourvus de sens.

En période normale, je laisse tout ça dormir au fond d’un placard, mais ce jour-là, les copains, les amis, l’ambiance, suivant une courbe culturelle commune, j’ai laissé dériver.Le Docky est mon Pub breton préféré. Sa façade reçoit le nord-est avec des reflets d’ouest que le sud caresse avec suavité. C’est dans ce lieu de rumboutin3.jpgperdition, tenu par un antibois de naissance, que ma nuit vira de bord. La fumée, les vapeurs d’alcool, des musiques fétichistes, des visages grimés, poussèrent mon esprit vers la tentation. Chez les bretons, c’est l’époque ou la pomme devient cidre et le cidre, par la voie des dérivations, alambic et eau de vie…

Par je ne sais quelle torsion psychologique (je parcourais dans mon lit le « livre du ça », de feu Groddeck), l’image de Christine B. prit une forme définitive dans ma tête. La chose me fit sursauter, puis sourire, mais j’en chassais l’idée avec détermination.

rumboutin4.jpgHalloween me devait autre chose qu’une pensée désagréable.

Christine B. faisant partie du cercle élargi des amis de toujours, imaginez le soubresaut ! Une tête de galinette fixée aux ramures d’un végétal épineux, ma nuit semblait foutue pour le restant des secondes à venir !

Ne tentez pas de lui imposer la burqa, elle est née avec.

Voilà que mon esprit, par je ne sais quel insondable mystère, cherchait à capter son intérêt. Mieux ! Dans mon rêve, je la séduisais ! Sachez que ceci n’est qu’un cauchemar.

De bénitier en bénitier, Christine B. s’est forgée une morale au bitume épais. Un SDF par-ci. Un indigent plus loin. Un pléonasme entre les deux, elle pouffait un air insalubre mais réconfortant. Dans une société « laxiste », elle est le contrepoint parfait. A plus de cinquante ans, elle ruine une ambiance jusqu’au vertige. Les copines du groupe affirment (à voix basse bien entendu) qu’elle est toujours vierge.

Claire, sa confidente qui, pour un oui, pour un non, nous chantonne : « je suis une femme libérée », suggère de faire passer une petite annonce ainsi libellée : « Hymen à prendre. Bon prix. Bonne occase. Contrôle technique OK. État neuf. »

Le verrouillage érotique de Christine B. est tel qu’on se demande pourquoi le Pentagone ne fait pas appel à ses services contre le piratage informatique.

Entre interdit et obligation, Christine B. navigue dans l’océan trouble des frustrations, avec des lèvres pincées et des fesses serrées pour empêcher les trous d’air.

A l’âge où les enfants s’amusent, Christine B. exécutait des canevas que sa mère vendait au profit de la paroisse. Aujourd’hui encore, les murs de sa pièce à vivre sont tapissés de certains de ces vestiges que les copains admirent avec politesse.

Ce soir là, dans mon rêve, je l’accompagnais jusqu’au seuil de sa maison. Pourquoi ?…

Elle portait une mantille noire autour des épaules. Comme d’habitude, elle était sobre. Elle me proposa une décoction. Curieux, j’acceptais. Avant d’introduire la clé dans la serrure, elle se tourna vers moi, lâchant : « Tu sais, j’ai horreur de ça ! Te fais pas d’illusions ! »

Elle éclaira l’entrée et je vis, accrochée au mur, la réplique d’une oeuvre religieuse d’une ténébreuse sincérité.

Christine B. est gentille. Disponible. Mais quand elle ouvre la bouche, il n’est question que de pêchés et de choses sales qu’on ne peut évoquer qu’en les réprouvant. Sa tête de galinette prend de la hauteur quand elle fustige le mal. En ce jour d’halloween, elle poussa mon rêve jusqu’aux frontières extrêmes de l’exsudation.

Je voguais. Je tanguais. Je riais. Je pleurais. Forcément, on finit par se délester.

Vers les trois heures du mat’, la nuit était magnifiquement étoilée, je quittai le Docky. Je me couchais la tête un peu lourde. Je ne garde de cet instant que le souvenir de draps délicatement parfumés. Bercé par la fraîcheur, je m’endormis d’un coup sec.

Que cela soit clair : je fais ici le récit le plus fidèle qui soit d’un cauchemar, certains mythes prenant pied dans d’étranges abysses.

Le souvenir d’une ancienne lecture refit surface. L’histoire d’un type qui, un jour, s’est mis à changer d’odeur, à sentir la terre. Tout ça n’avait rien de rassurant.

Deux heures après m’être glissé dans le plumard, je me retrouvais dans ma minuscule cuisine, le ronron de la cafetière accompagnant un corps absent, tentant de relier mon inconscient à l’acte de barbarie sexuelle auquel je venais de me livrer, le prénom de Christine B. scotché à mon front comme une larve sèche et une pensée de Groddeck en guise d’accompagnement : « l’angoisse -ou la peur-, vous le savez, est la conséquence d’un désir refoulé. » Pervers, il ajoutait un truc sur l’envie de tuer quelqu’un. Qui ? Difficile à dire.

Je vivais là un petit-déjeuner absolument néfaste.

Déguisé en afghan, l’angoisse au ventre, le bruit des bombes déchiquetant le silence et sa rumeur ; conscient d’accomplir une basse mais nécessaire besogne, je me revoyais à l’intérieur d’une cavité, à l’abri de tout effet de bord, travaillant les reins de Christine B. avec la virulence d’une bête insatiable, me foutant du vacarme extérieur et du pilonnage médiatique.

Le choc post-traumatique du 21 septembre développant son kyste, je labourais les reins rectilignes de la Christine comme un forcené. Le café avait du mal à passer. Mais le pire reste à venir.

Ma mémoire consciente conserve des douleurs indélébiles. Je me souviens, la tenant par les épaules, plaquée contre un bout de granit afghan, le visage masqué par le voile de ses propres interdits, oeuvre d’un couturier local, la tenue rehaussée, les fesses aussi planes que la plaque sur laquelle son visage s’appuyait me faisant face, allant et venant au gré d’une brise passionnelle qu’elle accueillait avec un bonheur sans bornes.

« Encore ! Encore ! » L’adverbe s’échappant de sous la couche de froufrous en taffetas qui la couvraient, me parvenait comme la résonance compulsive d’un recul cérébral avéré.

Suspendue à mon ergot, délestée de toute culpabilité, Christine B. se déshinhibait avec une vélocité déconcertante.

Je la revoyais, après cette passe d’armes à fleuret moucheté, finissant de rouler un tarpé, tirant une taffe profonde, me filant le reste et composant le numéro de l’Elysée pour plainte avec viol aggravé !

Tard dans l’après-midi, alors que je sortais d’une sieste innocente, Christine B. pointait un nez heureux, juste pour prendre de mes nouvelles.

Qu’ai-je fait ?

Que suis-je devenu ?

Quelle puissance obscure conduit mes pensées ?

A l’aide !!!

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9 Commentaires

  1. b.mode

    28 novembre, 2008 à 9:18

    Tes nuits donnent envie, breton. après les crotales, une galinette :mrgreen: « Big hot » Christine inspire en ce moment… même à -6°

    Répondre

  2. mancioday

    28 novembre, 2008 à 10:54

    Tu es tombé sur une drôle de Morphée, mon pauvre Lediazec. Boutin, figure lubrique pleine de concupiscence. Décidément, elle est repeinte à toutes les sauces, sur Ruminances.

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  3. lediazec

    28 novembre, 2008 à 11:02

    Il faut toujours se méfier des saintes n’y touche. Derrière la façade, une bombe (sexuelle) vous attends !
    On appelle ça, chez moi, le couloir des impossibles, la conduite est fluide…

    Dernière publication sur Kreizarmor : Place Vendôme, haut lieu de l'indécence

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  4. lediazec

    28 novembre, 2008 à 18:12

    Merci pour l’illustration. Nickel ! Cependant, petite coquille :
    autant en en(m)porte le vent. Elle le mérite, la dame.
    Par ces temps froids, la mort rôde autour d’elle. A qui le tour, cette nuit, messieurs les puissants. Combien d’indigents pourrait-on nourrir ce soir avec le prix de la bague de Dati que le « Figaro-lèche » a effacée de sa une ?
    Petit exemple, certes, mais il illustre parfaitement le comportement ignoble de la caste qui nous gouverne.

    Dernière publication sur Kreizarmor : Place Vendôme, haut lieu de l'indécence

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  5. b.mode

    28 novembre, 2008 à 19:51

    meat coule pas ! je corrige illico :oops:

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  6. clarky

    28 novembre, 2008 à 23:48

    anthologie des lectures érotiques façon bretonne, la position de la crêpe missionnaire je ne l’ai jamais testée, faut dire que tenter l’épreuve avec une fondamentaliste pleinement gourmande et presbyte si ça se trouve, porte fortement à la débandade…

    j’adore la façon dont nos chers politiques nous expliquent qu’il faut impérativement résoudre le problème des sdf, dame, vu des appartements cossus et des quartiers bourgeois ça le fait assurément,j’ai beau donné une petite pièce quand je peux mais c’est pas pour autant que j’ai bonne conscience, bien au contraire, parce qu’à travers eux c’est peut-être moi que je vois.

    parce que sincèrement, à part les assoces, tout le monde se fout des clodos et en premier lieu les politiques qui s’agitent uniquement quand le froid réclame sa pitance et la faucheuse sa moisson, le pathos s’invite dans la lucarne cathodique et des trémolos dans la voix, les sanglots longs monotones des journaleux nous invitent à nous émouvoir, les injonctions châtelaines prônent la douche voire le bain et un repas chaud, on s’humanise le temps d’une fraction de seconde tant que les cobayes du libéralisme permettent, bien malgré eux, de rendre le sournois humain, parce que l’ex de neuilly n’en avait rien à cirer du logement social dans sa commune…

    j’abhorre cette société d’hypocrites heureux, bon je m’arrête là biscotte je sens que je vais devenir désagréable.

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  7. b.mode

    29 novembre, 2008 à 19:56

    Contribution erby ajoutée ! ;)

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  8. lediazec

    30 novembre, 2008 à 10:42

    Merci à Erby ! Sympa.

    Dernière publication sur Kreizarmor : Place Vendôme, haut lieu de l'indécence

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  9. b.mode

    4 décembre, 2008 à 18:00

    Purée, ce qu’il écrit bien le breton, quel bonheur d’avoir un poète sur un site de goujats..

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