Lectures de soi

Piqué au vif par les banderilles d’un toréador érudit, il me fallait affronter désormais l’arène livresque. Contrairement aux Zappas rances, ce n’était pas Josélito, mon livre de chevet et je n’avais aucune ressemblance de près ou de loin avec le petit ibérique. Mais se définir à travers des ouvrages, n’y avait-il pas exercice plus périlleux ?

Aussi loin que remonte ma mémoire en friche, je me souviens m’être identifié à un des protagonistes héroïques du clan des 7, fer de lance à l’époque de la bibliothèque verte. Un an plus tard, avec un poil sur le menton, je m’assimilais aisément à Bill Ballantine, le pote à Bob Morane qui avait l’air d’affectionner plus que de raison le Zat 77. Atavisme ou pas, j’avoue contrairement au Pantagruel de l’immense Rabelais, que pour m’allaiter, il n’a jamais fallu le lait de dix-sept mille neuf cent treize vaches. Un flacon de Duboeuf millésimé suffisait à mon bonheur. Mon penchant pour des breuvages plus corsés me dirigèrent naturellement vers Gainsbarre et son show-man pétomane, Evguenie Sokolov. Des (Moulin à) vents, des pets, des poums en quelque sorte…Mais en définitive , ne sont-ce pas les autres qui vous perçoivent le mieux ? Ainsi, un ami très cher me disait un jour qu’en lisant Extension du domaine de la lutte, il avait cru me reconnaître trait pour trait. Sans doute, un côté désabusé ravi de la crèche. Un autre, internaute de son état, avait juré me percevoir dans Une vie française, ouvrage que je lui avais promis de lire un jour. Et en attendant d’être enfin l’Humbert Humbert de la Lolita de Nabokov, mon destin basculait comme eut dit Malraux avant un dernier Voyage au bout de la nuit…

Des œufs au lait, il y avait plus de six titres dans cette bafouille informelle… Que l’ami Le Diazec reprenne la patate chaude avec sa poésie et son talent !