Dans quelques jours, du 28 au 30 août, se tiendra, à la Rochelle, l’Université d’été du Parti Socialiste. 40 ans après la création du nouveau PS sur les cendres de la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière, à défaut d’avoir de la force, cela avait de la gueule), l’événement rochelais de l’été, après les Francofolies et la débilité Orelsan, se décline sous le double signe, non pas des sœurs jumelles, mais du rassemblement et des mamours.
« Ah, tout l’mamour que j’ai pour toi », sous l’impulsion rythmique d’un Dario Moreno, toujours aussi top, pourrait merveilleusement symboliser sinon le renouveau, du moins l’apaisement dans les rangs de l’équipe phare d’une gauche dépouillée.
Ce serait quand même mieux perçu que ces continuelles escarmouches qui épuisent le PS, sévèrement touché par le traumatisme post-européen. De Cambadélis, pas le moins pugnace des bretteurs, toujours prêt à murmurer le mot qui tue, à Ségolène Royal dont le moins que l’on puisse dire est que son silence l’honore et qui jure, la main sur le coeur, qu’il est inutile de songer à elle pour le lancer de cocktails molotovs, il ne reste plus qu’à convaincre Manu Valls et la photo sera parfaite.
Pourquoi une telle accalmie dans le ciel socialiste ? Poser la question c’est un peu y répondre. Pas grâce à l’été, même si la saison favorise la quiétude sous les pinèdes, l’enjeu est de nature à troubler les esprits les plus endurcis. Cette nouvelle disposition est due à l’approche des élections régionales de 2010 et, aussi, à ce fameux trauma post-électoral d’où a résulté une guérilla épistolaire entre hauts responsables devant une gauche abasourdie par l’image proposée à l’opinion en réponse à la crise qui touche le pays et les institutions.
Imaginez : 20 régions sur 22 sont entre les mains de la gauche, avec ce que cela suppose de pression à gérer, l’enjeu est de taille. Concentration et concertation sont de mise. L’ambition personnelle au service de l’appareil ? Tel pourrait être en effet l’ordre du jour de ces rencontres estivales. Les dernières branlées électorales ayant laissé des traces dans les esprits, certains vont jusqu’à parler de « principe de responsabilité ». C’est dire si l’heure est grave ! Pas question de s’adonner à l’insulte ou à l’anathème et d’offrir à Sarko un fruit qu’il n’a pas cultivé, mais qu’il espère pouvoir déguster, tant il est persuadé que la gauche roule pour lui. A gauche, pour l’instant, on joue à l’arrache. On improvise et on prie. On prie et on improvise. On se fait mal, mais on fait bloc devant le coup franc. On installe le mur à distance réglementaire en essayant de grignoter quelques centimètres de terrain et on prie n’importe qui pour que le tireur rate le cadre. C’est là qu’elle se trouve la gauche, devant le tireur de coups francs !
En langage manant cela signifie : « si on ne ferme pas sa gueule et qu’on serre bien fort les fesses, qu’on forme un bloc-équipe, il n’y a pas que le collectif qui va ramasser une grosse dérouillée, mais, en prime, l’individuel va se faire péter le troufignon à la hussarde et là, bonjour les dégâts ! » Sous cet angle et sous ce langage fleuri, le « principe de responsabilité » s’inscrit directement dans la dialectique de l’urgence propre à toute entreprise agitée par la tempête.
Secouée par des vents violents ; fragilisée par les coups du sort ; naviguant le long d’une côte abrupte et inhospitalière, où souffle un vent glacial, Martine Aubry cherche désespérément un mouillage pour sauver et le bateau et l’équipage. Cette accalmie que la météo annonce avec insistance lui permettrait de franchir sans trop de dégâts les régionales de 2010 et d’affirmer ainsi sa position de vraie commandante de bord !
Mais avant d’envisager la victoire des régionales, il faut songer à organiser les troupes et les mettre en ordre de bataille. Plus facile à dire qu’à faire !