Au fil du temps, chacun a pu mesurer le courage politique d’Eric Besson. Sa constance jouxte l’infiniment petit, sa fidélité avoisine le néant. On se souvient qu’il fut secrétaire national du PS qui avait choisi Ségolène Royal comme candidate à la Présidentielle. On se remémore qu’il l’avait trahie juste avant le lancement de la campagne électorale et qu’il avait écrit sur elle un livre à charge intitulée Qui connaît madame Royal dans lequel il affirmait entre autres cette terrible assertion : « Seule sa propre gloire la motive. »
On se rappelle qu’il avait alors annoncé qu’il allait arrêter la politique pour retourner dans le privé. Ambition ou opportunisme, juste avant le premier tour des Présidentielles, il s’était rallié à Nicolas Sarkozy dont on sait tous que sa propre gloire ne le motive en aucune façon. Le natif de Marrakech avait simplement oublié qu’il avait pondu juste auparavant un brûlot sur le roitelet intitulé L’inquiétante rupture tranquille de Nicolas Sarkozy dans lequel il affirmait entre autres cette terrible assertion : « Ce « Sarko-show » est une arme de dissimulation massive, car celui qui ne cesse de prétendre vouloir « être jugé sur ses résultats » n’a pas son pareil pour masquer les piètres bilans de son action. Ceux d’un médiocre ministre de l’économie et des finances ou ceux d’un ministre de l’Intérieur survolté mais peu efficace : les violences faites aux personnes n’auront cessé d’augmenter en dépit de ses communiqués triomphants.»
On ne saurait qu’être d’accord avec sa dernière diatribe bien qu’obligé de constater que la cohérence d’idées n’est pas son point fort et que le retournement de veste semble chez lui un acte naturel. Son « courage » politique l’avait ensuite fait grimper tous les échelons de la Sarkozie triomphante en commençant par un secrétariat d’état chargé de la Prospective et de l’Evaluation des politiques publiques. C’est lui qui devait avoir la lourde tâche de noter ses collègues. Ça lui allait bien au teint, ce rôle de délateur, d’évaluateur, à l’homme qui, selon sa propre femme, ne sourit jamais. Au fait, y’a-t-il un français dans la salle qui ait été mis au courant des résultats de son labeur ingrat vis à vis de la performance de ses nouveaux amis ?
Passons. Tandis qu’il héritait en sus du secrétariat d’état à l’Economie Numérique où le moins qu’on puisse dire est que son passage là-bas ne restera pas dans les annales, il devenait peu après, tranquille comme Baptiste, secrétaire général adjoint de l’UMP. Au dernier remaniement ministériel, le maître des lieux lui confiait même un ministère amer. Celui de l’immigration, de l’Intégration et de l’Identité nationale. Le propre bébé d’Hortefeux ! Et l’Eric d’accepter sans vergogne cette mission un tantinet nauséabonde. Marrant pour quelqu’un qui certifiait dans le livre cité plus haut : « Libéral, atlantiste … et, toujours plus grave, communautariste. C’est une évidence. Nicolas Sarkozy ne croit pas au « modèle républicain » d’intégration. » A ce niveau de coefficient d’adaptabilité, on ne parle plus à son sujet de manger son chapeau façon Kouchner pendant la visite de Kadhafi ni d’avaler des couleuvres comme aimait à le dire cette chère madame de Sévigné. Il faut se rendre à l’évidence que, là, le gars, il a bouffé tous les bitos de la boutique et le chapelier avec. Sinon point de vue reptile, c’est au bas mot de l’anaconda ou du python royal qu’on lui a fait ingurgiter !
Sans parler de sa dernière saillie sur l’arrivée du vicomte vendéen à l’UMP. Après l’avoir rencontré il a avoué, toujours sans complexe aucun : « Ça s’est bien passé humainement, je l’ai trouvé plus intéressant, plus subtil et plus complexe que je l’imaginais, notamment sur les sujets sensibles comme l’immigration.» Bref, tout cela lui en touche une sans bouger l’autre comme aurait dit Chirac. Il faut juste penser faire réciter la leçon à ses ouailles vis à vis de la presse et en voiture Simone.
Tout allait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles en Bessonie décomplexée et là, patatras. L’accident industriel. L’asservi se rebelle, rue dans les brancards et déclare qu’il ne signera pas le décret relatif aux tests ADN pour le regroupement familial. Aussitôt dit, aussitôt fait, s’en suit une volée de bois vert sans précédent de la part des parlementaires UMP. Copé, le premier monte au créneau et s’insurge. Les autres suivent, hurlent au scandale, crient au parvenu, parlent même de traîtrise. Contre toute attente, Sarkozy soutient Besson et juge du haut de sa grandeur, que « ces tests ADN ne servent à rien ». On a eu peur. On a cru un moment que « le courage politique » existait vraiment et que l’Eric était un véritable électron libre. En réalité, Besson était juste téléguidé par son nouveau mentor. Carla Bruni a toujours été fermement opposée à ces tests ADN nous rappelle justement le journaliste de Marianne, Nicolas Domenach…
poum
16 septembre, 2009 à 10:37
ce sont les moeurs des gouvernants qui décident de la loi qui est appliquée chez nous, et non pas ceux de la majorité des parlementaires, encore moins les moeurs populaires.
Au fond, au lieu de faire tout un cirque inutile, il pourrait très bien rédiger les lois et les appliquer eux-mêmes sans rien demander à personne à ce rythme là. Ça clarifierait la situation sans la changer vraiment. Un gentil président élu au suffrage universel qui gouverne tout seul sans contre-pouvoir, ça me parait idéal.
babelouest
16 septembre, 2009 à 12:12
Monarque, tu as plein de cordes à ton arc, mais passe donc l’arc autour du cou.
Pull !
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