L’équipe de France de foot rompt avec les étoiles. Habituellement accueillie dans du 5 ou plus, la voici rétrogradée à quatre fraîchement repeintes. Faut-il y voir un signe avant ce France-Iles Féroé ? Ne soyons pas mesquins ! Logée dans un modeste quatre étoiles, à Perros-Guirec, dans un cadre certes unique, l’hôtel a beau être niché au milieu du granit, avec vue imprenable sur l’archipel voisin, c’est un quatre étoiles. A l’époque de Gabin, après le trois étoiles, il n’y avait guère que le Palace pour en mettre plein la vue. Le monde change. Le tout à 5 petites minutes du centre ville à pied. A cause de la pluie, on ne distingue que vaguement les contours des 7 îles. Invitée sans surprise, la pluie bretonne, toujours elle, a contrarié les protégés de Raymond Domenech occupant ce petit logis sans eau courante ni électricité en attendant cette rencontre coupe raie contre les îles Féroé.
Pour avoir le courant lors des deux longues veillées perrosiennes, les joueurs se succédaient sur le grand pédalier installé dans les sous-sols de l’hôtel pour activer la dynamo qui procurait l’éclairage à cet ensemble rustique du bord de mer. Florent Malouda, l’ex-guingampais ému par son retour au pays, a fait preuve lors de son quart d’une endurance hors du commun pour un gars de son âge. Il n’y a guère que Jérémie Toulalan qui lui ait tenu tête à ce petit jeu. Tous les autres resquillant plus ou moins à la tâche. Seul exempt, Bafétimbi Gomis, pour cause de « malaise vagal ».
Pendant ces longues heures, en véritable conteur, après les parties de cartes et avant le black-out, Raymond lisait des passages des légendes locales à des joueurs qui riboulaient des yeux stupéfaits. La légende de l’Ankou a profondément marqué les esprits. J’ignore si les joueurs ont bien dormi après avoir écouté Domenech. Mais quelle mouche l’a piqué ? Certains témoins parlent du regard halluciné de Raymond comme saisi d’une folie soudaine. Aller leur raconter (sous prétexte qu’il retrouvait ses racines, même si né à Lyon) que l’Ankou c’est la mort et qu’elle est symbolisée par un mec sans pitié qui se balade à la nuit tombée armé d’une faux à tranchants en dehors qu’il lance en avant pour frapper ses victimes (que celles-ci soient d’accord ou pas) est chose fort choquante. Qu’il livre sa description c’est encore plus troublant. Selon lui, le mec est un type grand, émacié, aux cheveux longs et blancs, vêtu de noir ou couvert d’un linceul, portant feutre noir à large bords sous lequel brillent deux chandelles à la place des yeux, n’est pas chose facile à entendre par une équipe qui joue sa tête contre les îles Féroé. Cette nuit aucun joueur n’a enjambé la fenêtre pour partir en goguette dans les boîtes de nuit voisines. Pour bien enfoncer le clou, il n’a pas épargné à son auditoire le moindre détail, y compris celui où l’Ankou sillonne les campagnes, faisant pivoter sa tête comme une girouette autour de sa colonne vertébrale, de sorte que rien ne lui échappe. Quel sauvage, ce Raymond ! Frank Ribéry n’étant pas là pour faire son drôle, à cause d’une mauvaise blessure, ni Gourcuff, le régional de l’étape, lui aussi blessé, pour relativiser, c’est l’esprit épouvanté que chacun s’est verrouillé dans sa piaule à l’heure imposée par Raymond l’hygoumène.
C’est seul que Raymond s’est rendu au stade Yves Le Jannou pour régler les détails techniques : les deux prochains entraînements de l’équipe se déroulant à Perros, le marquage du terrain Yves Le Jannou sera fait aux dimensions de celui de Guingamp. La tonte de la pelouse inquiète Raymond qui n’est pas content du résultat. Il a son idée sur le sujet. S’adressant à Titi (nous aussi, nous avons un Titi), l’employé de la commune qui s’occupe de l’entretien du gazon, Raymond insiste pour qu’il soit taillé à raz et le répète à satiété. Titi commence à prendre un peu la mouche et quand Titi prend la mouche, il se met à tourner nerveusement son mégot sur le bord des lèvres. Ceux qui le connaissent savent que la saillie n’est pas loin. Mais Raymond Domenech ne connaissant pas notre Titi, continue. Au bout d’un moment, le Titi n’en peut plus : « vous jouez au foot où vous jouez au golf ? » qu’il lâche, faisant rire sous cape plus d’un dans le pays.
On ignore si cela était du à la pression de cette rencontre et à son enjeu (bien que les Féroé…), mais le public local a salement vécu la suffisance avec laquelle le staff technique l’a considéré. Venu nombreux saluer l’équipe nationale à l’aéroport, celle-ci les a ignoré. Seuls Henry et Anelka, désignés le lendemain, ont avancé un « coucou » un peu forcé en leur direction.
Et les îles Féroé dans tout ça ? Les adversaires des français pour ces qualifications au mondial 2010 sont logés à Tréguier dans des conditions beaucoup plus modestes, mais pas désagréables. A part la panne électrique dans le stade, elle s’entraîne dans l’indifférence générale. On ne prête qu’aux riches. Ne disposant pas de la même logistique, c’est eux-mêmes qui font leurs courses. Pas de larbins pour les servir. Ils sont passés chez mon pote Patrick, le boulanger de Tréguier chez qui je vais de temps en temps donner le coup de main, pour acheter des crêpes. Ils aiment ça les gars des Féroé. Des gens simples et pas bégueules ! Merci les gars, avec vous, le foot deviendrait humain.
Lors de son premier entraînement l’équipe de France a été accueillie par des dizaines de salariés d’Alcatel-Lucent (Lannion) manifestant pour la défense de 200 emplois menacés. La multiplication des cordons de sécurité pour accéder au stade est tel que ça devient un jeu de piste : les flics, les stadiers, le groupe de sécurité de l’équipe de France qui contrôle celui qui contrôle celui qui contrôle celui qui… Noël Le Graët n’arrête pas de se le répéter : « la Bretagne aime Domenech ». Comme si les bretons ne connaissaient pas le vice-président de la FFF et sa conception de l’amour. L’amour selon le Graët. Drôle de best seller !
Une surprise cependant. Les joueurs de l’équipe de France sont d’un chétif ! Quand on les voit en vrai, on est tout simplement surpris. Hormis Mandanda, Gallas et Malouda, il n’y a guère que André-Pierre Gignac qui ait des allures de vrai poulet nourri à aliment. Et Henry ! Long, long, long… Mais qu’est-ce qu’il va vite ! A force de ne les voir qu’en plan américain, on les prenait pour des goldorak. La réalité est tout autre. Quant à Bruno Martini, qu’est-ce qu’il braille celui-là avec les gardiens ! Je peux vous le dire, mais je le savais, Mandanda est un très grand gardien. Le n° 1 ? J’en suis convaincu. Magnifique bestiole ! Les mines qu’il va chercher à bout portant presque, il faut le faire ! Un qui m’a bien surpris (mais pas trop quand même) c’est Douchez, le gardien du stade rennais appelé suite au carton rouge de Lloris. Il est excellent ! Nous avons des bons gardiens en équipe de France. Contact public, Anelka et Benzema, c’est pas ça. Evra, lui, a carrément chopé le melon. Limite méprisant. Il ne se prend pas pour de la gnote. Monsieur ne touche pas les bouseux ! Pour le reste, l’équipe de France est venue, nous l’avons accueillie, certains l’ont aperçue, d’autres l’ont subie. Elle va jouer. Elle va sans doute gagner. Et après ?
Les employés d’Alcatel et d’ailleurs continuent de trembler pour leur avenir dans le Trégor. Ça aussi c’est du sport : beaucoup de défaites à gérer, de couleuvres à digérer et de suicides à éviter ! On peut néanmoins s’interroger sur la question du savoir-vivre : un merci timide et formaté de la part du staff technique à l’adresse des stadiers bénévoles, du genre « sans vous on se demande comment nous aurions fait ! » Pas un coup à boire, jus de fruit, eau minérale, café, rien !
Les petits fours et le reste, champagne, vin blanc, etc., c’est pour les autres : VIP, TF1 et gros pontes locaux. Les bestiaux à l’étable ! Curieux aussi, ces gens que nous ne voyons jamais au stade dont certains méprisent le foot et les supporters et qui soudain découvrent les bienfaits du ballon rond ! Les femmes n’étant pas dernières à passer devant vous, fières et distantes, ignorant superbement le voisin, exhalant des effluves odoriférants…
b.mode
10 octobre, 2009 à 20:17
Mille ans sans Raymond… Une pensée pour le belge !
babelouest
10 octobre, 2009 à 20:18
Ah bah le foutebol…. Vingt-deux bonshommes chaussés de morceaux de peau de vache se disputent un autre morceau en jouant comme des pieds, puisque on n’en voit généralement que deux arriver à le toucher avec les mains. Gonflé !
Eh les ravis ! vous savez qu’un ballon, c’est ovale, et qu’il faut être trente pour jouer avec ? Macarella !
clarky
11 octobre, 2009 à 0:49
tiens ça parle cuir, hum fouette moi
pas vu le match de ce soir, l’edf je m’en tamponne d’une force, je reste maladivement attaché à l’om mais pour combien de temps encore…
la dernière fois que j’ai foutu les pieds au vel c’était pour un test match contre l’australie et j’ai quasiment rien vu biscotte l’architecture de ce stade à l’africaine est un non-sens pour le supporter lambda, mes souvenirs mémorables du petit écrin qu’était l’ancien vel se sont transformés en « je suis bien mieux chez moi ».
le sport tel qu’on nous le vend est à gerber, putain j’ai encore mes pointes de champion de france, ma collec complète de breloques gagnées à l’envie et une foutue lettre de la ligue de provence me suppliant presque de pas arrêter la compét vu que j’étais un des meilleurs espoirs de la région, et ben ouais, je les ai envoyé chier eux et leur méthode à la ricaine de management, cet entraineur qui se prenait pour l’encyclopédia universalis du sprint et qui devait taper le 30′ sur 50 mètres, j’aurais pu me faire quatre ronds à l’époque en cavalant comme un calus et en me bodybuildant ce qui pouvait l’être, mais ma conception du sprint était festive et puis faut dire que j’ai toujours préféré courir après les filles qu’après des chronos que je n’avais pas dans les jambes pour passer au niveau supérieur, erf, le niveau supérieur et ses produits miracles…
purée faut que j’arrête de raconter ma putain de vie moi dont out le monde se fout !!!
babelouest
11 octobre, 2009 à 2:56
Ah tiens Clarky, tu n’es pas dans la même catégorie de performances qu’un copain et ancien collègue : sa spécialité était le fond extrême. Maintenant, un peu trop âgé, il est conseiller de ce sport au niveau national. Son truc : par exemple, 24 heures non-stop (il a été champion du monde). Ou 100 Km. Ou le Marathon des Sables, qu’il a gagné pas mal de fois. De toute façon, il n’est vraiment « dans la partie » qu’au bout de 50 à 80 Km. Il s’est d’ailleurs complètement usé les genoux, qu’il a fallu refaire chirurgicalement.
Rien à voir avec un certain jamaïcain, mais aussi impressionnant.
b.mode
11 octobre, 2009 à 5:57
Marrant Rodo, je ne sais pas si tu l’as fait exprès mais ton titre a du attirer du monde pour d’autres raisons que ce match contre les Feroe…
babelouest
11 octobre, 2009 à 7:18
Ben ouais, b.mode, ce qui attire, c’est l’odeur du vieux cuir et des arpions qui s’agitent dedans. Rapport au calendos bien élevé, çui qui soulève son chapeau tout seul.
Et vive la banane, passqu’y a pas d’os dedans !
lediazec
11 octobre, 2009 à 9:25
Bonjour à tous. Pendant que certains s’escriment devant l’Hôtel l’Agapa (diminutif d’agapanthe) je file faire quelques brasses à la piscine de Lannion. Oui, Bernard, le titre est en relation avec l’article et de tout ce que j’ai vu ici depuis l’arrivée de l’équipe de France : services d’ordre, surveillance dans le stade et autour, dans un périmètre assez large, manifestations des gens craignant pour leur boulot, surveillance aérienne et maritime (!), l’invasion journalistique, les gens du pays face à l’événement… Cela dit, je n’étais pas très satisfait avec le titre. Pourquoi ?… Je le trouvai assez convenu.
@Clarky Comme toi, y compris avec l’OM.
@ babel « Et vive la banane, passqu?y a pas d?os dedans ! » Excellent !
En ce qui concerne le titre et le nombre de visiteurs, je dirai ceci : même s’il n’y a pas erreur sur la marchandise, ce n’est peut-être pas celle-la que certains attendaient. Dommage, ce sera pour la prochaine.
A tous les déçus, je dis ceci : promis, la prochaine fois, je parlerai de Mitterrand (Fredo), de Polanski, des culs bénis de la gauche et de sa dérive puritaine et de l’acte de sodomie auquel se livre l’état français sur ses sujets et dont peu nombreux sont ceux qui s’en offusquent vraiment.
Bon dimanche à tous !
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clarky
11 octobre, 2009 à 10:59
@babel le fond pour moi commence à partir du 200 m
quand je vois des coureurs de 400 qui sont à fond, du début à la fin, je reste admiratif.
l’avantage du 100 c’est que c’est toujours tout droit, même au relais je me démerdais pour être en 2 ou en 4, jamais de virage !
ah les genoux babel, le mien je me le suis ruiné à l’armée, volontairement en haut d’une piste de chamrousse…se retrouver chez les chasseurs alpins quand tu sais pas skier ça donne des envies de meurtre ou d’automutilation, j’ai opté pour le déchirement des ligaments du genou et toute la panoplie d’entorses qu’on peut caser dans une jambe de bas en haut.
la descente en traineau était chouette sinon
la peau de phoque c’est un truc qu’aurait plu à mitterrand ça, voué je sais c’est limite mais rien à foutre , le politiquement correct commence à me courir sur le haricot et c’est peu de le dire.
l’agapanthe c’est une merveille de plante