Entre 11 et 40 % de grévistes dans l’enseignement, selon la couleur et l’emplacement des baromètres choisis, entre 15 et 30 pour la Poste, on ne peut estimer que ce mouvement social du 24 novembre soit une franche réussite malgré la légitimité des revendications respectives des deux corps de métier en colère. Plus de 40 000 postes supprimés en trois ans pour les premiers, une menace à peine voilée de privatisation pour les seconds, voilà qui, jadis eut motivé les troupes massivement.
Ce relatif échec est du véritable pain béni pour Sarkozy et consorts qui vont vouloir encore y voir un motif d’approbation de leur politique assassine de démantèlement du service public. La vérité est tailleur comme on dit au Sentier. Il règne en cette fin d’année sur le royaume de France, un sentiment de désenchantement dans la population qui atteint des sommets abyssaux. Il faut avouer que le spectacle politique est particulièrement affligeant : au pouvoir, une droite désormais plus désorientée que décomplexée et en face, une gauche plus minée que déterminée…
Usé, abusé, désabusé, le peuple courbe l’échine, se fait piquer comme du bétail et subit sans mot dire les frasques et autres gesticulations d’un monarque à jamais déconnecté du réel. Et, tandis que son altesse énervissime nous improvise en banlieue une énième variation médiatique sur fond de commerce sécuritaire, la soumission collective atteint son paroxysme. Pour combien de temps encore ?
Mylèèèèèèèèèèèèèèèèèèène…
babelouest
25 novembre, 2009 à 7:16
La colère peut être comme un feu mal éteint. On ne voit rien, on n’entend rien, on ne sent rien. Soudain, une saute de vent, un faux pas, un rien. Et tout s’enflamme à la fois, parce que le soubassement est mûr, qu’il a attendu jusqu’au bout, et qu’il est prêt. C »est ainsi qu’ont commencé des révolutions : par des riens. Encore une fois, c’est sans doute ce qui arrivera. ce jour-là, le Pouvoir aura eu beau tout verrouiller, ou cru le faire, le brasier rougeoiera brutalement, enflammera des foules morcelées, indifférentes en apparence. Les réflexes de solidarité entre des gens que tout séparait en apparence se renoueront, des cravatés feront la chaîne avec des chômeurs aux hardes éculées, pour monter des barricades, pour crier des slogans, pour attaquer au bélier des postes de police….
Probablement cette contagion s’étendra-t-elle très vite grâce aux moyens de communication modernes. Avant que le Pouvoir ne réussisse à les bloquer, sans doute les centres d’Internet et de téléphonie seront-ils investis. Ce sera un beau jour.
Quand ?
gauchedecombat
25 novembre, 2009 à 7:32
Ce feu qui couve, Babelouest, je n’en vois guère les braises sous la cendre laissée par nos gouvernants respectifs… j’ai beau souffler dessus, rien à faire. Mais il suffit parfois de quelques hommes déterminés pour changer le cours de l’histoire, n’est-ce pas ?
lediazec
25 novembre, 2009 à 8:32
« Usé, abusé, désabusé, le peuple courbe l’échine, se fait piquer comme du bétail et subit sans mot dire les frasques et autres gesticulations d’un monarque à jamais déconnecté du réel. »
Tellement vrai. Tellement cruel. Tellement insupportable !
Dernière publication sur Kreizarmor : Place Vendôme, haut lieu de l'indécence
marie laure
25 novembre, 2009 à 9:02
Ah vivement ce soir, que l’on puisse picoler comme des malades
Made
25 novembre, 2009 à 9:16
C’est normal puisque c’est la Gôche qui a privatisé la Poste en 1992 avec l’excellent rocard accompagné de quilès. Puis l’excellent jospin a pris la relève avec l’excellente aubry.
Donc tout est illusion, il est normal que les gens n’y croient plus.
Heureusement pour 2012, il y aura le messie nommé dsk.
lediazec
25 novembre, 2009 à 9:22
C’est bon l’ivresse. Bises les filles !
Dernière publication sur Kreizarmor : Place Vendôme, haut lieu de l'indécence
babelouest
25 novembre, 2009 à 9:50
Bouh ! DSK, c’est le même en plus grand, plus calme, mais autant source de catastrophes pour notre pays. Si, pour notre malheur, ces deux zèbres se retrouvaient au second tour de 2012, l’abstention serait le seul refuge.
b.mode
25 novembre, 2009 à 9:53
Curieuse, cette subreptice impression de s’enfoncer lentement mais inexorablement dans un bourbier putride sans que personne ne s’en offusque plus que cela…
BA
25 novembre, 2009 à 10:25
Il y a eu des périodes où nous étions un grand peuple (par exemple, au moment de la Révolution française).
Aujourd’hui, nous sommes devenus un peuple de moutons. Nous nous laissons tondre. Nous nous laissons mener à l’abattoir.
Bon, restons optimistes. Personne ne prévoit les ruptures. Personne ne voit venir les révolutions. Restons optimistes. Nous allons nous réveiller.
b.mode
25 novembre, 2009 à 10:30
Espérons mon bon Ba parce que pour l’instant le moins que l’on puisse dire est qu’on est estampillé label « Au bois dormant »…
DeProfundisMorpionibus
25 novembre, 2009 à 14:52
« …Il règne en cette fin d’année sur le royaume de France, un sentiment de désenchantement dans la population qui atteint des sommets abyssaux. Il faut avouer que le spectacle politique est particulièrement affligeant… »
Sans doute…
Mais la cause d’une démotivation n’est-elle pas également à chercher dans l’attitude des syndicats ou plutôt de leurs dirigeants ?
Pourquoi ne pas lancer une grève générale illimitée ? Comme en Guadeloupe…
Quant les camarades font le compte, voici ce que cela donne…
Entre le 1er janvier et le 1er septembre 2009, nombre de visites de Thibault, Mailly et Compagnie :
- avec les travailleurs chez Goodyear : zéro.
- avec les travailleurs chez Continental : zéro.
- avec les travailleurs chez Caterpillar : zéro.
- avec Nicolas Sarkozy à l’Elysée : huit.
Soit, dans le détail :
Le 13 janvier, pour « la prévention des restructurations ».
Le 19 janvier, pour les « vœux aux partenaires sociaux ».
Le 18 février, pour un « sommet social ».
Le 30 mars, pour préparer le G 20.
Le 10 avril, pour entendre les résultats du G 20.
Le 8 juin, pour préparer le discours de Nicolas Sarkozy au Bureau International du Travail.
Le 1er juillet, pour un nouveau « sommet social ».
Le 1er septembre, on ne sait pas pourquoi.
Révélateur, non ?
Misère…
http://www.fakirpresse.info/editos/48/syndicats-dans-les-usines-ou-a-l-elysee.html
b.mode
25 novembre, 2009 à 15:08
Il est certain qu’on se demande de plus en plus à quoi joue Thibault par exemple… Quand on voit son absence dans le conflits des Conti et dans quelle estime le porte Xavier Mathieu, on a de quoi douter de sa démarche…
BA
25 novembre, 2009 à 21:51
Cet enf….. de Bernard Thibault était pour le » oui » au référendum sur la Constitution Européenne.
Favorable au projet de traité constitutionnel européen, il est mis en minorité par le comité confédéral national (souvent présenté comme le « Parlement » de la CGT) de son propre syndicat le 9 février 2005, sans que cela remette en cause son mandat à la tête de la CGT.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Thibault
Rien que ça, ça vous situe le mec.
Quand la CGT va-t-elle se ressaisir ?
Quand la CGT va-t-elle virer de sa direction tous les partisans de l’Union Européenne anti-sociale, ultra-libérale, libre-échangiste, anti-démocratique ?
LA GRIGNETTE
26 novembre, 2009 à 3:42
Il ne fait pas assez chaud encore, c’est dûr la rue en hiver. Au printemps peut-être, mais il ne faut rien attendre de la bande des politiques, ni des syndicalistes, tout partira de la base, comme une fleur qui aura mis trois ans à éclore !
b.mode
26 novembre, 2009 à 6:13
@la grignette En tout état de cause, le fruit de la révolte tarde à se former. Il n’y pas si longtemps,le dixième des « réformes » accomplies eut fait descendre tout le monde dans la rue…
babelouest
26 novembre, 2009 à 11:13
Ne l’oublions pas : à partir du premier décembre prochain, la rue sera le lieu de tous les dangers : selon le traité de Lisbonne, que ces abrutis ont placé au-dessus de toutes les Constitutions, les CRS auront le droit de tirer sur les manifestations, à balles de guerre. Il suffira d’une provocation orchestrée par le préfet du cru, et boum ! Cela rend l’entreprise bien plus dangereuse, donc encore plus importante.
Nicolas007bis
26 novembre, 2009 à 17:35
J’aime bien « désabusé » : qui n’a plus d’illusions !
Je crois que fondamentalement c’est ça, le peuple ou du moins la partie du peuple qui ne satisfait pas de la situation de notre pays, a perdu ses illusions (bon, d’un autre côté, « illusions » signifie « vaines espérances ») !
Donc « le peuple » il a perdu ses vaines espérances, il ne sait pas ou sont les solutions à nos problèmes complexes et souvent contradictoires et si même il y en a !…et comme tu le dis, ce n’est pas l’actuelle opposition qui est capable de lui en proposer. Alors le peuple, il la joue individuel, corporatiste, et n’aspire qu’à une chose, s’en sortir mieux que ses petits voisins.
Mais il serait trop facile de tout mettre sur le dos de Sarko, c’est un problème plus général qui a commencé bien avant lui. Ca fait longtemps que nous n’avançons plus dans le même sens, quelle que soit la couleur de nos gouvernants. Tout ça pour dire que je ne crois pas du tout au feu qui couve, à la révolte qui va éclater soudainement comme un ballon trop gonflé et que je ne suis aucunement surpris par l’absence de mobilisations.
Attention parce que ce genre de situation profite souvent aux populistes de tous poils qui, avec leurs messages simplistes et d’un faux bon sens mensonger, peuvent apparaitre comme des recours, j’espère que le FN que l’on dit moribond ne va pas en profiter.
Ps:Merci pour le lien.
b.mode
27 novembre, 2009 à 8:18
Nicolas, il faut quand même bien admettre qu’il a quand même beaucoup accentué la fracture sociale par ses mesures antisociales tandis qu’il mettait justice, parlement et médias sous sa coupe, c’est à dire celle du TGP. Le très grand patronat qu’il a su séduire pendant des années et qui a contribué à le faire élire pour qu’il défende corps et biens leurs seuls intérêts…
Nicolas007bis
27 novembre, 2009 à 16:59
Je ne serais pas aussi catégorique que toi, je n’aime pas Sarko mais le considérer comme l’homme de paille du TGP me parait extrêmement réducteur.
Certes l’homme est autoritaire, orgueilleux, agité, imbu de lui-même, plein d’idées préconçues et très certainement déconnecté d’une certaine réalité sociale pour autant limiter ses actions à satisfaire le grand patronat est en partie injuste. Bon, je ne vais pas défendre Sarko ici, pas envie et de toute façon il ne vaut pas la peine que je me fasse lyncher pour lui
Ce que je voulais dire, c’est que la fracture sociale ou devrais-je dire, les fractures sociales, elles existent depuis longtemps, elle sont inhérentes à notre modèle qui privilégie les actifs qui travaillent de préférence dans les grosses boites ou dans l’administration à ceux qui travaillent dans les petits commerces ou les PME qui sont eux même privilégiés par rapport à tous ceux qui sont en dehors du marché du travail : les jeunes, les vieux, les non éduqués sachant que parmi ceux là il y a encore une différence de niveaux entre celui qui s’appelle Bernard ou Nicolas et qui habite en ville et celui qui s’appelle Mohamed et qui habite en banlieue…pourrie !…par dessus cela il faut ajouter les corps de métier qui cherchent tous à tirer la couverture à eux, en clair, on vit dans une société de castes et de corporations, chacun essayant de se protéger sans se préoccuper de la collectivité nationale !
Un exemple récent : la baisse de la TVA dans la restauration…les restaurateurs l’ont réclamée à corps et à cri, on leur a donné en échange de …rien, résultat 3 milliards de manque à gagner pour la collectivité !…Tiens il serait intéressant de savoir combien ça fait de logements sociaux ou de postes de profs 3 milliards !
Autre exemple typique : A chaque crise qu’est ce qu’on a fait ?…on protège les salariés en place (durcir les conditions de licenciement : justifications, délais etc…) or, ceux qui pâtissent le plus des crises ce ne sont pas les salariés (le pourcentage de salariés en CDI qui perdent leur emploi est faible) mais tous les autres, les intérimaires, les jeunes, les moins qualifiés qui voient leurs chances d’accéder au monde merveilleux du CDI s’éloigner encore plus !
En bref, le désenchantement que tu évoques très bien dans ton billet il me parait surtout le résultat d’une situation qui perdure depuis des décennies et à laquelle personne n’a su apporter de réponse…et surtout pas Sarko malgré ce qu’il a pu laisser espérer à beaucoup (53% des votants)!
b.mode
27 novembre, 2009 à 20:11
Nicolas, tu ne te feras pas lyncher ici, rassure toi ! Ton argutie se tient même si je ne la partage que partiellement. Je suis de plus en plus persuadé que l’agitation quasi-psychotique de Sarko est un arbre facile à dénoncer qui cache une forêt beaucoup plus obscure et difficile à pénétrer. A ce titre, je partage tout à fait l’opinion avancée par l’auteur du livre cité par superno. http://www.superno.com/blog/2009/11/la-vraie-mission-de-sarkozy/
Ne trouves-tu pas bizarre par exemple qu’il est renoncé à tout ce qu’il avait promis SAUF au bouclier fiscal… Certains parlent de ce dernier comme de l’ADN du Sarkozysme. Ce n’est pas rien…
Par contre, le fait qu’on vit dans une société très corporatif et égoïste me paraît évident…
Nicolas007bis
3 décembre, 2009 à 15:13
Une petite réponse quelque peu tardive:
Je l’ai lu ce bouquin « Confessions d’un banquier pourris », n’oublions pas que ce livre n’est pas signé et qu’il a pu être écrit par n’importe qui et que tout ce qu’il contient est en conséquence sujet à caution. Il me semble qu’il faut commencer par avoir ça en tête lorsqu’on en cite des passages.
En le lisant, j’ai trouvé beaucoup d’éléments crédibles (compte tenu de ce que je connais du fonctionnement de la finance) et d’autres beaucoup moins. Alors est-ce parce que ce gars n’est pas l’ex banquier de haut rang qu’il prétend être ou est-ce par soucis de se mettre à la portée du vulgus pecum qu’il a volontairement et exagérément simplifié ?…je ne sais pas, mais en tout état de cause je ne prendrai pas pour argent comptant (jeu de mot hilarant)tout ce qu’écrit un auteur anonyme dont on ne connait ni la situation ni les motivations !
Quand au bouclier fiscal, s’y accrocher est à mon sens une grossière erreur mais n’oublions pas qu’il ne constitue qu’une petite part de ce que contenait la loi TEPA et que Sarko n’en n’a pas remis en cause le reste non plus: défiscalisation des heures sup, hausse du plafond d’exonération des droits de succession, crédit d’impôt pour rembourser les intérêts d’emprunts immobiliers…qui sont des mesures beaucoup plus couteuses que le bouclier fiscal et qui ne concernent pas précisément les gros patrons du CAC 40 !….en bref, pas de fixation la dessus, ce n’est pas son abolition qui redressera les finances de la France