Il est dimanche et les cloches sonnent. Les cloches sonnent toujours pour quelqu’un ou pour quelque chose. La température a sensiblement chuté. Ça pèle. Encore une semaine qu’on pousse dans la pelle avec la balayette. Un petit tour de blogosphère. Je n’avais pas lu le papier de Didier Goux sur la question que tout homme de plume se pose ou devrait se poser « s’il veut avoir une chance de devenir romancier ». On dirait que Didier Goux se parle à lui-même en écrivant. Interroge et s’interroge. Cette forme de savoir est agréable à suivre. Un jeu de piste où quand l’on croit devoir donner sa langue au chat, on se ravise, parce que soudain…
Comme je n’ai rien lu de Philippe Muray dont Didier dit le plus grand bien, il ne me reste plus qu’à me rendre chez le libraire pour commander un truc pas trop gonflant pour commencer. Du moins je l’espère. Je n’aime pas les choses existentielles, écrites pour donner l’impression qu’on est propriétaire d’un loft tout en haut de la colline, là où le cerveau donne le sentiment de culminer de temps en temps. Didier s’arrangera pour me donner le bon conseil.
En revanche, je ne lui demanderai rien sur Houellebecq. Je n’ai jamais considéré ce gars comme un écrivain. J’ai pourtant essayé. Avec ou sans les « miasmes de 68 », le père Michel est trop payé pour ce qu’il rend. Hormis quelques fulgurances, ça ne froisse pas le turban.
Allez ! C’est dimanche. S’il fait froid par ici, cela n’est pas le cas à Copenhague au sommet sur le climat. Outre l’arnaque que représentent ces symposiums planétaires sur la substance du vide, cela n’arrange que les affaires de ceux qui y ont un intérêt. Je songe aux politiques, qu’ils soient moyennent ou fortement verts. Qu’ils arborent la moustache ou l’écharpe. Ce sommet est une arnaque de plus dans la longue liste des escroqueries politiques. Que les vierges effarouchées chic et bon genre (hommes ou femmes) se réveillent, il est temps d’ouvrir les yeux. N’avez-vous pas remarqué comme le buzz climatique s’insinue sous les duvets ? Debout les cons !
Il est agréable d’écouter le silence dominical. Il frise l’ennui dans ce que l’ennui a de délicieusement paresseux. Voilà que je me mets à causer bourgeois désoeuvré. On se calme ! On revient aux fondamentaux.
L’identité nationale nous revient. C’est le palais de Bernard Pivot qui la tire de la vigne. Monsieur Bernard Pivot, de l’Académie Goncourt et Périco Légasse, chroniqueur boustifaille et picrate à Marianne ont eu la bonne idée de créer un Comité de défense du Beaujolais pour protéger un « symbole de l’identité française« . Composé d’une dizaine de membres, le Comité s’est réuni à l’Auberge du Cep et a décerné deux prix, lisons-nous dans Le Monde.fr. La simple évocation de ces plaisirs de la gueule me donne envie d’être gentil avec tout le monde, y compris Houellebecq envers qui je me suis montré sévère un peu plus haut. Bien sûr qu’il a du talent. Mais ne trouvez-vous pas qu’on l’a un peu exagéré ce talent ? Bien sûr qu’il envoie par dessus bord toute la panoplie soixanthuitarde qui nous pourrit la vie depuis plusieurs décennies. Bien sûr que rien que pour ça il mérite qu’on lui offre un séjour dans la chaleur écrasante de Málaga, dans ce sud espagnol à la lumière aveuglante. Ce sud qui vous tourne l’esprit comme un poulet dans la rôtissoire Ça lui apprendra à être célèbre et à vouloir la tranquillité !
Que tout ça ne nous fasse pas oublier ce pauvre Johnny. Mais qu’on arrête un peu de lui flanquer le coma comme on donne la cuillerée à bébé ! Ça énerve tout le monde. A commencer par les fans. Une bande de cramés du ciboulot. Gardons un silence décent sur l’entourage. Le premier cercle, comme on dit. Dans cette histoire tragico-guignolesque, on se demande qui de tous est le plus timbré. A commencer par par Jean-Claude Camus, le producteur du chanteur. Depuis Los Angeles, où il veille, il nous dit que l’opération pratiquée à Paris sur ce bon Johnny par le Docteur Delajoux « était un massacre. » Que les toubibs de la côte californienne qui s’occupent de l’idole n’ont jamais ou rarement vu ça. En un mot comme en cent, le Jean-Claude Camus n’accuse personne mais désigne le morticole parisien comme étant le responsable des ennuis médicaux de la star belgo-française. Cela ne tombe pas sous le coup d’une incitation à quelque chose ?…
Il n’en fallait pas plus. Ni une ni deux, les fans n’ont pas traîné (enfin, on suppose) : la nuit même, ce pauvre Delajoux se faisait agresser à deux pas de chez lui devant témoins par deux types cagoulés. Ah que ce monde est con !
babelouest
14 décembre, 2009 à 6:57
Je suis un peu plus jeune que lui, donc je ne suis pas aussi Jauni que lui, c’est logique. Je ne fume pas, non plus, bien que ce gouvernement me rende parfois bien fumace. Bonne guérison, Jean-Philippe (dans cette génération, nous sommes si nombreux à nous appeler Jean-quelque chose, que parfois on oserait répondre, en guise de prénom, « Jean-Némar »).
Houellebecq. Hum, avant de l’attaquer, il me reste encore une bonne cinquantaine de volumes choisis, ou chaudement recommandés. Je m’occuperai de son cas ensuite, dans une bonne vingtaine d’années sans doute. J’espère qu’il n’aura pas trop froid, à grelotter devant ma porte.
A Copenhague, ils me font bien rire. Ils devisent gravement des bonnes affaires qu’ils vont pouvoir se faire avec le réchauffement de la planète, aidés avantageusement par ces dames Qui Aiment Accompagner Les Beaux Messieurs : pour eux il paraît que c’est gratuit, du moins la première fois. Pendant ce temps-là, une petite étude du Pentagone (tiens, pourquoi lui : menaces sur l’intégrité du territoire US ?) accuse au contraire notre bonne vieille boule de menacer de refroidir, au contraire. http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=9135
Amusant, le matin même j’avais tenu des propos approchants, sans le savoir : prémonition ? http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=9132
Il est lundi matin, et là où je suis on ne se fait pas sonner les cloches : leurs édifices-supports tonitruants sont bien trop éloignés, et c’est tant mieux. Bonne semaine à tous !
lediazec
14 décembre, 2009 à 9:03
Salut Jean-Claude. A propos de Copenhague, je suis tombé tout à l’heure sur ce verbatim de Politis http://www.politis.fr/Dans-les-coulisses-du-sommet-de,8948.html?utm_source=twitterfeed&utm_medium=twitter
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b.mode
14 décembre, 2009 à 9:04
J’avais bien aimé Extension du domaine de la lutte, j’ai pas lu les particules, ma femme adore.
babelouest
14 décembre, 2009 à 9:56
Merci pour le lien,Rodo ! Intéressant, et révélateur de ce dont tout le monde se doute : au point de vue vraiment pratique, il ne se passera rien. Et tant pis pour le Sud, comme d’habitude : ce qui ne se voit pas n’existe pas. Qui ira filmer la mort des enfants en Afrique sahélienne, ou en Afrique du sud, ou…………. ?
J’ai bien fait de ne pas petitdéjeuner, il aurait pu y avoir des retours de flammes…. Heureux et fier d’être humain ? Pas vraiment. Herman Van Rompuy a plus de poids que Naomi Klein…. alors que la plupart des participants au sommet n’en ont jamais entendu parler.
Didier Goux
14 décembre, 2009 à 10:45
Lediazec : pour Muray, je vous conseillerais de lire « Après l’histoire », qui est très symptomatique de sa manière. Comme ça, si celui-ci vous gonfle, il sera inutile de lire les autres.
Pour Houellebecq, je suis d’accord avec Mme B. Mode : les Particules sont vraiment un superbe roman (L’Extension aussi, du reste).
mtislav
14 décembre, 2009 à 18:23
Camus au Panthéon ! Après Johnny.
babelouest
14 décembre, 2009 à 19:15
@ Mtislav : Camus, lequel ? Jean-Claude ? Si le frénétique de Neuilly rempile, certainement.