Choisir un écrivain musulman Algérien, alors que nous sommes en plein « débat sur l’identité nationale » n’est certainement pas de bon goût, ni sans risques, surtout si celui-ci évoque des sentiments incompris et un conflit qui nous fait encore grincer des dents….
Voici Mohammed Moulessehoul, autrement dit Yasmina Khadra, cet écrivain atypique, né en 1955 aux confins du désert algérien, fils d’un berbère et d’une bédouine nomade. Il porte, selon lui, sur les évènements « le regard d’un citoyen qui aime atrocement son pays« .
Enfant de troupe à l’âge de 9 ans, il poursuit une carrière militaire brillante jusqu’à devenir le responsable de l’organisation anti-terroriste de la région d’EL BAHIA (pour les nostalgiques ORAN), secteur regroupant 14 départements, de 1992 à 2000. A la suite de « chikaïa » avec les gouvernants de son pays, il quitte l’armée et poursuit sa carrière d’écrivain.
Car il écrivait, et même bien, des fictions policières où racontant les aventures du commissaire Llob (toujours mal fringué) et son adjoint Lino (sorte de Berurier jeune, mais mieux habillé) il décrit l’état de pourrissement de la société de son pays (royaume du bakchich où la promotion-canapé ne peut survivre mais où la démonstration du théorème de Peter s’épanouit) dans un style « écriture du parler » particulièrement savoureux.
A le lire on entend les bruits et on sent les odeurs…
Son divorce avec l’armée consommé, il peut laisser aller sa plume. Il décrit la réalité tout simplement dit-il. Ainsi est né « Les sirènes de Bagdad« .
Tout roman contient une part d’autobiographie, tels le village, la vie, les sentiments, les rêves d’un jeune bédouin du sud de l’Irak en guerre, qui sait qu’elle est là, à quelques kilomètres, mais qui ne l’a jamais vue.
Ce jeune homme, étudiant sans université, a dû se réfugier dans sa famille « au bled », là où on lui a inculqué les traditions ancestrales de respect, amitié, devoirs. Arrive ce qui n’aurait jamais dû arriver, la bavure militaire qui anéanti une partie du village lors d’une fête de mariage. S’en suit bien évidemment la continuité de ce haut fait de guerre, un ratissage en règle, avec fouilles, exactions, maltraitances de la part de ces joyeux « libérateurs« .
Ces barbares, ces incultes, offensent et maltraitent le père (invalide) et surtout l’humilient devant ses enfants. Cet affront incommensurable retentit dans le cœur et l’esprit du fils d’une façon insoutenable. Il lui faut partir, il ne peut plus regarder son père dans le yeux, il a honte, pas pour son père, non pour lui, qui n’a rien pu faire. Honte de son incapacité à le défendre. Il a manqué de respect à son père.
Donc, il fuit, où, à la grande ville, Bagdad, avec le feu dans son cœur, se venger, sur qui, comment, il ne le sait mais il faut qu’il arrive à cette ville. Tant pis si celle-ci est à feu et à sang, tant pis si rester sur un trottoir ou dormir dans une mosquée est risque mortel, les bombes explosent partout, des hommes et des femmes avec, des passants innocents aussi. C’est la guerre de libération après tout. Il ne voit rien, se fait voler, ne pense qu’à cette douleur qui le ronge, il est prêt à tout pour venger l’offense, laver l’honneur, pour revoir son père.
De là, une dérive, des rencontres, heureuses et surtout malheureuses, il est mûr pour être embrigadé, par besoin de l’éduquer, c’est fait, il est devenu un presque zombie. Il sent confusément que l’on va se servir de lui, il est si malheureux qu’il voudrait exploser en mille morceaux et disparaître. Dieu, il ne le cherche plus, il ne prie plus, il ne pense plus. Il a encore la notion du mal et du bien, du chaud et du froid, presque…
Ses nouveaux mentors vont l’embrigader, sans explications, ou alors si fumeuses « un grand destin », « tu sauveras l’islam tout entier », lui veut laver l’affront fait à son père, c’est tout, le reste lui importe peu, il ne le comprend pas.
C’est une dernière rencontre, un être plus déchu que dans l’échelle de ses propres valeurs qui va lui ouvrir les yeux et lui faire réaliser l’énormité qu’on veut lui faire accomplir. Les principes moraux inculqués depuis son enfance resurgissent dans son esprit, il est l’héritier de bédouins droits et fiers, il s’arrête et refuse d’être celui par qui la mort viendra et quelle mort, la mort bactérienne. Pour lui c’est trop tard, il est inoculé, alors il attend sereinement le coup de grâce, il va mourir et aura la paix.
Khadra tente de nous faire comprendre le dilemme des populations civiles qui subissent cette guerre de libération faite par des hommes d’une autre culture que la leur.
C’est le dialogue de sourds entre l’occident et l’orient. Il n’essaie pas de mythifier le terrorisme, ni d’expliquer le fanatisme islamique, sans approuver une telle démarche, il constate tout simplement que « les arabes sont capables d’accepter la tyrannie que quand elle est exercée par un des leurs« .
babelouest
23 janvier, 2010 à 6:24
Voilà un livre qui doit continuer à hanter les nuits, et même les jours. S’en relève-t-on vraiment ? Le plus difficile sera sûrement, pour beaucoup, de comprendre que la civilisation dont les gens de l’ouest sont si fiers n’est que barbarie, mensonge, tricherie et négation de l’humain.
Merci pour ce résumé ardent et passionné !
b.mode
23 janvier, 2010 à 7:58
Toujours très agréable de te lire pecnaude. !
En fin de texte trois liens sur débat hot entre Zemmour, Lellouche et Khadra
lediazec
23 janvier, 2010 à 8:23
Bonjour Françoise. Je n’ai rien lu de Khadra. C’est le moment. J’aime ta critique parce qu’elle est bâtie à partir d’une donnée essentielle : le coeur. J’aime l’implication de l’auteur dans le sujet. C’est subjectif diront les puristes. C’est tant mieux ! A force de vouloir prendre de la distance, de vouloir se montrer (faussement) objectif, on ôte toute odeur aux choses.
Dernière publication sur Kreizarmor : Place Vendôme, haut lieu de l'indécence
remi begouen
23 janvier, 2010 à 11:53
Merci Lapecnaude de cette magnifique présentation de Khadra. Comme lediazec je n’ai rien lu encore de Khadra, sinon en librairie, quelques passages. Mais je vais le faire !
lapecnaude
23 janvier, 2010 à 13:41
@ B Mode and Co – Vous mettez deux juifs ou descendants de juifs et un musulman dans un bocal, vous agitez le tout, çà vous donne quoi ?
Lelouch est issu de « pieds-noirs », son éducation a petit à petit érodé ses sentiments de caste, il n’en reste pas moins certain que loin de chercher à combattre le fanatisme religieux musulman il prônait dès novembre 2005 (sous Sarkosy ministre de l’intérieur)une politique d’immigration forte….
Quand à Zemmour en bon Sépharade qui n’a jamais caché qu’il était juif-français, l’un semblant passer devant l’autre, issu de « petits pieds-noirs RAPATRIES », il ne peut cacher l’ambiguité de ses sentiments envers les musulmans. Il excelle dans les pirouettes verbales, dit blanc pour dire noir ensuite et « vice et versa ».
Quand je les revois essayer de déstabiliser Khadra sur un sujet aussi grave, eux qui n’ont rien connu des horreurs de la guerre civile, de ce que cela entraine, qui n’ont jamais vu un morceau de viande humaine ni été obligé de le ramasser, se permettre de critiquer un homme qui a été plongé dans cette inhumanité dès l’âge de 9 ans, y est resté 36 ans en faisant son travail et en gardant quand même l’âme d’un poête … pauvres types va !
Ils me donnent vraiment des envies d’ISTIQLAL, de LIBERTE, on n’a pas fait la révolution pour autre chose que çà.
Merci Remi, je te préviens, le dernier livre de Khadra est certainement son meilleur.
b.mode
23 janvier, 2010 à 13:46
Oui ma grande ! Te fâche pas !
clarky
23 janvier, 2010 à 16:13
j’ai réussi à aller jusqu’au bout du chemin, et pourtant en ce moment j’ai le cerveau comme une friche de mai, rien ne prend racine même en forçant, très bon billet.
je ne connaissais pas khadra, mais je connais un peu ce que la vie en algérie pouvait être avant.
et c’est marrant le hasard quand il n’est pas nécessité, biscotte hier soir en rentrant, y’avait de la famille d’algérie à la maison, du pied noir nostalgique et du mariage mixte, des histoires de vie, de mort, qu’on se raconte pour se souvenir de ses racines.
l’algérie je peux vous dire que ça a toujours été un peu tabou run run a casa, fallait pas réveiller les morts et le passif de certains, je trimballe des tranches de vie sans véritablement les avoir vécues, des saloperies des deux côtés, y’avait pas les bons et les méchants d’un côté…
des histoires de petites gens qui fuient le fascisme espagnol pour retrouver goût à la vie en afrique du nord, qui aiment ce pays, épousent leurs fils, refusent pour certains la barbarie et la folie sanguinaire qui te broient le cerveau pour revenir en métropole et se faire traiter comme de la merde et du moins que rien par ses soi-disant compatriotes de l’époque.
être pied noir n’est pas non plus une tare, enfin je crois
b.mode
23 janvier, 2010 à 16:34
@lolo Vaste sujet dont j’ai perdu les clés !
clarky
23 janvier, 2010 à 16:45
idem bernard, sauf que les clefs je les ai toujours en poche mais j’évite de trop les sortir biscotte certaines de ce putain de trousseau sont pas franchement à mettre en valeur.
babelouest
23 janvier, 2010 à 17:01
J’en ai vus arriver, alors que j’avais 14 ou 15 ans, des pieds-noirs ! Ils n’avaient pas des fortunes dans les chaussettes ! Je me souviens d’une jeune dame, juive, avec ses trois ou quatre enfants, complètement démunie. Notre village l’avait casée dans une petite maison inhabitée, et les habitants venaient l’aider, et lui allumer le feu le samedi matin. C’était l’hiver. Elle était restée quelques mois ainsi, puis était repartie je ne sais où.
lapecnaude
23 janvier, 2010 à 17:37
Non, être pied-noir ce n’est pas une tare, pas pour tous ceux que j’ai connu à Sidi M’Cid (quartier de Constantine) tel que notre fameux Enrico ou plutôt Gaston, jeune couillon qui roulait des mécaniques du côté de Chateaudun du Rhumel, à Alger, Philippeville, Bône ou Oran. Tiens à Oran, il y avait une famille, juive ou espagnole on ne savait plus très bien, enfin la mère était juive et le père était espagnol, ben les mômes vendaient des médailles soit-disant bénies sur le parvis de la cathédrale … je les ai retrouvés en Charente Maritime et on est redevenus copains comme cochon jusqu’à la mort hélas. Avec eux, comme avec mon beau-frère, on se replongeait dans nos délires, tu sais anisette et kémia, tout ces trucs.
En Algérie, il y avait du bon et du mauvais, cela se situait au niveau du compte en banque et du niveau d’indemnisation par la suite (prime de rapatriement en plus)…. Les petits ont trinqué pour les gros comme toujours.
clarky
23 janvier, 2010 à 17:45
ah l’anisette, enfin quelqu’un qui en boit ! et puis ça change du pastis surtout
lediazec
23 janvier, 2010 à 18:05
Quoi qu’il en soit, j’étais heureux d’entendre Françoise au téléphone tout à l’heure. Outre, qu’elle n’a pas eu le temps de dire ouf, je ne lui ai laissé aucune chance : elle m’a dit bonjour, je me suis occupé du reste, j’ai oublié de lui passer mon adresse mail ! Mais maintenant que j’y songe, tu dois l’avoir, non ? Je deviens sénile !
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b.mode
24 janvier, 2010 à 0:14
@françoise Enfants de tous pays…
babelouest
24 janvier, 2010 à 5:00
@ Clarky sans vouloir faire de pub, la meilleure, c’est le Cristal, de Limiñana…. Sans glace, surtout !
clarky
24 janvier, 2010 à 8:38
@babel entièrement d’accord, d’ailleurs c’est celle que je prends, cristal anis
tiens hier soir y’avait yasmina khadra chez ruquier, poireauté 3 heures grosso merdo pour entendre zemmour, en fin d’émission, faire du zemmour…
b.mode
24 janvier, 2010 à 9:09
Cristal je connais pas. je vais essayer tiens !
clarky
24 janvier, 2010 à 9:16
c’est plus gouteux que le pastis, tain d’ailleurs le pastis je peux plus et ça me rappelle trop des têtes de cons qui plus est !!!
b.mode
24 janvier, 2010 à 9:17
Je vais aller essayer d’en trouver une bouteille à Naoned, nom d’un p’tit bonhomme !
babelouest
24 janvier, 2010 à 9:18
C’est à Saint Maixent l’Ecole, mon premier poste, que je l’ai découvert, chez des pieds-noirs qui tenaient un café très couru par les militaire de l’école. C’est loin, presque 40 ans !
clarky
24 janvier, 2010 à 9:28
vrai babel que quand je propose de l’anisette à des gars ils savent pas trop ce que c’est comme breuvage, un truc de là-bas je leur dis, et rien que la bouteille a de la gueule (enfin je trouve), si j’avais pas été fils de pied noir je pense sincèrement que j’aurais jamais bu une seule goute de ce machin et n’en aurais probablement même jamais entendu parler.
bernard, t’en trouves en grande surface assez facilement, bon maintenant vu que ta réputation de connard pochtron a fait couler beaucoup d’encre à l’amer, je sais pas si c’est recommandé de te procurer ce genre de boisson d’alcoolisé arôme
babelouest
24 janvier, 2010 à 10:10
Tiens, les copains, pendant qu’on est là-dessus, juste une anecdote personnelle. Un an à peu près après ma prise de poste, qui ai-je eu comme clients ? A la fois mon ancien lieutenant d’Echelon (en clair, le responsable des mécanos des chars de l’escadron), et mon ancien colonel. Il était devenu adjoint du général qui commandait l’école. J’ai même été invité à l’apéro chez mon lieutenant, qui était devenu capitaine entretemps. Il faut dire qu’à l’armée, j’étais secrétaire d’escadron, donc ce bonhomme, je le voyais constamment.
Aujourd’hui, mon ancien régiment est devenu la force d’éclairage de la Brigade franco-allemande. Ahhh les Hussards ! (tiens, c’est pas hongrois, ce nom ? ah, oui, Esterhazy-Houzards)
b.mode
24 janvier, 2010 à 10:34
Un vrai repaire d’anciens militaires ici !!!
Rassurez-moi y’a que mézigue qui ait pas fait son service ?
Bon, c’est pas tout mais avec vos conneries, vous m’avez mis l’eau à la bouche. J’ai fait super U et Nicolas et ils avaient que de l’anisette Gras ! Facile à trouver qui disait le Lolo ! Babel, c’est quoi ton fournisseur sur Nantes ?
nb : Lolo, t’as oublié fou furieux !
babelouest
24 janvier, 2010 à 10:43
Bernard, j’en ai à moins de 500 mètres, à l’hyper Auchan de la route de Vannes. Dans les supermarchés, souvent on n’en trouve pas. Et l’anisette Gras, si elle n’est pas mauvaise, ne vaut pas le Cristal. Bizarrement, dans les deux cafés autour du Sillon de Bretagne, ils n’en ont pas. Il y a pourtant des gens qui viennent de « là-bas », mais si ce sont de bons musulmans… ils passent à côté de sensations agréables. Il faut dire aussi que ces trucs-là ne sont pas donnés.
b.mode
24 janvier, 2010 à 10:47
merci ! ça me fait penser qu’on n’a toujours pas mangé ensemble ! On s’organise ça pour bientôt ? Christophe si tu nous lis !
babelouest
24 janvier, 2010 à 10:51
Bernard, c’est quand tu veux ! Christophe et les autres, plus on est de fous, plus on rit !
clarky
24 janvier, 2010 à 11:40
perso ici j’en trouve un peu partout de la cristal, auchan martigues, carrouf la mède, par contre c’est vrai que la bouteille est pas donnée, à moins de la consommer sur place
aussi quelle idée d’habiter nantes !!!
purée, l’armée, souvenirs de merde, varces, 6eme bca, compagnie de combat, adjudant chef morelli ancien para ayant fait l’algérie…tout un poème.
12 mois à faire la guerre dans la neige, les igloos, crapahuter dans les alpes et le vercors, découvrir les camps militaires en allemagne et en france, être décoré de la médaille nationale du mérite biscotte pendant les terribles inondations de nîmes on avait fait un boulot titanesque pour aider les gars du coin…et au programme y’avait que de la bière et de la goldo !!!
j’ai même essayé de me faire réformer p4 mais ça a pas marché, pourtant j’avais sorti le grand jeu
tain babel, quand j’étais en bts, j’avais un très bon ami biterrois d’origine algérienne, pratiquant modéré, un mec d’une gentillesse comme j’en ai rarement rencontré. un jour qu’on faisait la tournée des caves de chateauneuf du pape pour les besoins d’un rapport de stage, on est rentrés bouffer chez moi et je lui ai fait découvrir l’anisette, il a tellement aimé qu’il est reparti avec la bouteille, vrai de vrai.
putain que j’aimais ce mec, va savoir ce qu’il est devenu.
babelouest
24 janvier, 2010 à 12:01
Pour ma part, j’étais E3, C3 : on m’a gardé quand même ! Un détail : pour conduire, je n’attends pas le vert mais l’extinction du rouge. Sinon, j’y suis encore. Quant aux lunettes, j’en ai en permanence depuis l’âge de 5 ans. A force, ce sont des lunettes d’approche ! (hypermétrope, et avec l’âge, à la différence des myopes, çà s’accentue)
Dans ma chambrée, j’avais un copain, brigadier-chef ADL, qui était des environs de Strasbourg, donc environ 120 Km de chez lui (par le train, pour moi c’était 10 fois cette distance) qui ramenait régulièrement des gendarmes, ces saucisses aplaties d’un côté, un peu comme les biscuits cuillers, fabriquées maison. Un délice ! Il m’en donnait à chaque fois. Et puis bien sûr il avait du kirsch, ou de la mirabelle….
lapecnaude
24 janvier, 2010 à 13:30
Faudrait voir à pas oublier la kémia ! soit des petits escargots blancs cuits à l’escabèche, d’abord la kémia c’est l’escabèche au piment, soit des petits poissons en fiture, mais beaucoup, qui s’avalent entier, cherchez pas les arêtes !
Je trie : d’abord c’est la Cristal la meilleure, une dose de cristal 4 doses d’eau, c’est prudent, un glaçon, une kémia.
Babelouest à quel régiment de hussard tu étais ? chez moi ils avaient de petits engins semblables à des AMX riquiqui (c’est la forme quoi, en fait des 4×4), c’était le pied pour passer les thalvegs et les oueds, je te dis pas. C’était le 4° – et sans oublier la devise « à nos chevaux, à nos femmes et…. » je te laisse finir.
Clarky, t’as pas été malin, P4, çà ne passait plus, ils prenaient tout ce qu’ils pouvaient, ils avaient des stoks de subsistance à écouler. Le mieux aurait été de te déclarer enceinte, çà, c’était imparable (je l’ai fait, quand ils m’ont évacuée en juillet 62, aux derniers évènements d’Oran, je l’étais vraiment !)
C’est pas grave Babelouest, moi je me demandais pourquoi je voyais deux voitures en face de moi, les mêmes, l’oeil droit voit double et à jeun, avec les lunettes je n’approche pas le bord de la route surtout dans le marais, il y a de sacrés fossés.
J’ai regardé Khadra hier soir, il s’était préparé, j’ai vu et entendu Pécresse se faire ramasser en beauté, un festival. A ce propos, il n’écrit jamais sur son boulot militaire, normal, mais dans son livre « A quoi rèvent les loups » il raconte le parcours d’un moudjahidine du FIS pendant la guerre civile des années 80 face aux boughats réguliers (militaires et gendarmes). Cette lecture m’a fait froid, ils n’avaient pas changé d’un iota.
C’est tout, bon dimanche à tous.
babelouest
24 janvier, 2010 à 13:47
@ La Pecnaude
Moi, c’était le 3°. Devise « Il en vaut plus d’un ». Son illustre « inventeur » a eu pour descendant l’un des protagonistes de l’affaire Dreyfus. J’ai lu dans un bouquin que c’était lui qui avait fourgué la camelote aux allemands, mais en fait il s’agissait de faux plans. Pour que les Allemands continuent à y croire, c’est pour çà que Dreyfus a continué à être accusé. Il s’agissait en particulier du canon de 75, dont on sait qu’il fut décisif pendant la guerre de 14 face à un 77 allemand pas terrible, qui avait « bénéficié » des faux renseignements.
lapecnaude
24 janvier, 2010 à 14:11
@ Babalouest – Comte Estherhasy ?
clarky
24 janvier, 2010 à 14:12
@lapecnaude sardines à l’escabèche pour ma part, j’ai appris à les faire avec ma grand mère, comme le couscous d’ailleurs
purée, si j’étais malin ça se saurait depuis longtemps, crois moi
et je confirme qu’ils prenaient tout ce qu’ils pouvaient, j’en suis la preuve vivante !
être enceinte ??!!??, dis tout de suite que j’ai l’air efféminé…
vrai que pécresse s’est faite malmener hier soir, sourire rictus devenant presque insupportable tant il semblait de circonstance voire forcé. m’enfin, ce genre d’émissions nocturnes est fortement nocif, hormis venir faire la promo de ce qu’on a à vendre, y’a rien de bien nouveau à se mettre sous la dent
j’ai commandé ce matin sur mama zone 2 khadra, l’écrivain et à quoi rêvent les loups, histoire de découvrir l’auteur.
babelouest
24 janvier, 2010 à 14:33
@ la Pecnaude, oui, le comte Esterhazy, qui à la différence de l’ancêtre de qui tu sais, était l’un des plus grands notables de Hongrie.
b.mode
24 janvier, 2010 à 16:14
Hongrois qu’on connait tout !
lapecnaude
24 janvier, 2010 à 16:18
@ Clarky – Pas mal comme choix. je cite et pas trop au hasard :
Alger est malade.
Pataugeant dans ses crottes purulentes, elle dégueulait, déféquait sans arrêt. Ses foules dysentériques déferlaient des bas-quartiers dans des éruptions tumultueuses. La vermine émergeait des caniveaux, effervescente et corrosive, pullulait dans les rues qu’étuvait un soleil de plomb.
Alger s’agrippait à ses collines, la robe retroussée par-dessus son vagin éclaté, beuglait les diatribes diffusées par les minarets, rotait, grognait, barbouillée de partout, pantelante, les yeux chavirés, la gueule baveuse tandis que le peuple retenait son souffle devant le monstre incestueux qu’elle était en train de mettre au monde.
Il me semble que c’était en 62… alors qu’il parle de 82 ! J’ai lu bien des descriptions des quartiers de la Casbah, des manifs, j’en ai vu et j’ai eu la trouille, mais écrit comme çà, non. Cet écrivain est surprenant, mais il reste quand même au travers de tous ses écrits (sauf celui-là) le bédouin pétrit de traditions et de vieille éducation. Il est responsable d’un organisme arabe littéraire à Paris et ma foi, je me demande bien si son ancien métier l’a vraiment quitté.
Ne vous étonnez pas de l’article que j’ai écrit sur mon blog hier, j’avais une phobie, il m’a fallu l’extirper, peur de la mort, je l’ai eue et trop, maintenant je me suis exorcisée.
Clarky, tu me donnes ta recette de l’escabèche que je voie si c’est la même que la mienne ?
clarky
25 janvier, 2010 à 1:06
oupela, c’est la seule que je connaisse mais si c’est comme pour le couscous, doit y avoir des tonnes de façons de faire !
bon première et dernière fois que je donne une de mes recettes ici.
alors d’abord des sardines de méditerranée, celles de l’atlantique sont vraiment trop grosses et c’est pas le même goût.
je leur coupe la testache, j’enlève les écailles en les grattant et je les vide (ça j’aime pas c’est chiant, bon des fois je me fais pas trop chier non plus, je les écaille et basta surtout si elles sont petites, le top c’est l’été, je les fais griller au barbec et c’est encore meilleur au final ).sel poivre, je les roule dans la farine, un peu comme sarko va le faire lundi soir sur la une avec nous, et je les fais frire gentiment.
une fois les sardines cuites cuites, je les dégage de la poêle, je garde juste l’huile dans laquelle je jette mon ail pilé, les épices. bon c’est là que que ça merde au niveau des épices, maintenant je balance direct des épices couscous ou du quatre épices et du piment de cayenne (ma soeur elle, met du paprika et du cumin), toujours du sel mais de moins en moins, et pour finir mon vinaigre de vin. avec le temps, j’ai rajouté aussi parfois du thym et du laurier mais à peine, mais bon c’est en fonction de l’humeur du moment
je chauffe rapidos mais à feu doux tout ce petit mélange, 3 à 4 minutes maxi et encore ça dépend du feu et je goûte et rectifie l’assaisonnement si y’a besoin, et avec moi y’a toujours besoin !!!
je balance toute la sauce sur les sardines que je fous au frigo minimum 24 heures, je les mange bien froides et bien marinées dans l’huile. ma grand mère mettait des tranches de citron aussi dans la marinade, bon avec le citron c’est autre chose, pas tout le monde aime.
voilà, c’est ça mon escabèche
dis tu veux pas la recette de la tchoutchouka aussi des fois transformée en frita, putain j’ai faim d’un seul coup…
lapecnaude
25 janvier, 2010 à 2:04
@ Clarky – chez nous, la mère de mon copain Auguste d’Oran, elle faisait fondre des petits bouts de poivrons rouges dans l’huile des sardines, comme çà y en avait plus. Pour le piment, tu pourrais quand même en trouver du vrai, pas du cayenne, mais c’est bon avec le kemoum et le raz el hannout…
Que dirais-tu si chaque dimanche un d’entre nous proposais un menu pas cher, vachement bon, mais original ? On a chacun ses trucs et ce serait marrant. Me dis pas que ce sont des choses de bonnes femmes, les meilleurs cuisiniers sont des hommes. ex Roubignolles de mouton crèmées, sautées au champagne avec sa garniture de champignons des bois …. EXTRA !
clarky
25 janvier, 2010 à 15:59
des piments j’en ai des vrais, des faits maison, petits rouges qui te tuent en 2 secondes, mais j’aime bien la praticité du cayenne
raz el hannout je le mets dans le couscous, j’ai jamais essayé avec l’escabèche, faudra à l’occasion.
moi je fais dans le très cher et franchement dégueulasse
si tu veux pour les recettes, mais tu commences alors
babelouest
25 janvier, 2010 à 18:36
Couscous à la manière de… Gotch! (mon pseudo dans une autre vie)
Il faut:
* un kilo de courgettes
* un demi-kilo de carottes grosses
* trois ou quatre petits navets
* un poivron rouge
* des merguez (6)
* des boulettes de viande de boeuf (une dizaine)
* des morceaux de mouton, dans le collier par exemple
* du sel
* du beurre
* du ras el anaout (épices pour couscous)
* de l’origan
* de la coriandre en grains
* du basilic
* de la semoule grain moyen
Prendre une grande casserole de deux litres, une autre de préférence encore plus grande ou un faitout, une petite casserole, et enfin une poêle assez grande.
Commencer par peler légèrement avec un couteau économe les courgettes, afin d’en enlever un peu d’amertume. Enlever les deux bouts, découper en rondelles de 2 centimètres d’épaisseur, jeter toutes les rondelles dans le faitout et mettre à chauffer à feu moyen. Ne pas ajouter d’eau.
Couvrir. Retourner fréquemment et précautionneusement avec une grande cuiller.
Pendant cette cuisson, peler le poivron, le partager en quartiers, enlever les pépins et les contreforts intérieurs blancs, ne garder que la partie rouge. L’émincer en tranches très fines.
A la suite, peler les carottes, fendre en deux les plus larges et les découper en tranches de deux centimètres. Ajouter les carottes et le poivron à la cuisson : pendant ce temps-là, les courgettes ont dû diminuer beaucoup en volume, et rendre pas mal d’eau. Ajouter deux cuillers à soupe d’origan, autant de coriandre, une cuiller à soupe de basilic. Saler. Mélanger avec précaution le tout, recouvrir le faitout.
Peler les navets, les ajouter à la cuisson. Mélanger à nouveau. Recouvrir, baisser le feu. A partir de ce moment-là, les légumes seront prêts au bout d’environ 3/4 d’heure.
Une vingtaine de minutes avant la fin de cuisson des légumes, mettre à cuire à feu assez doux dans une grande poêle
toutes les viandes, qui s’échangeront leurs goûts respectifs. Retourner de temps en temps avec précaution avec une spatule de bois.
Dix minutes plus tard, mettre à chauffer doucement dans la petite casserole un bon 1/2 litre d’eau, saler, ajouter deux ou trois cuillers à soupe de ras el anaout.
Dans la casserole de 2l, faire fondre 150 grammes de beurre, ajouter 700 grammes de semoule, mélanger consciencieusement avec une fourchette. Généralement, quand cette opération est terminée, l’eau a commencé à bouillir, attention avec le ras el anaout elle a tendance à déborder! (un peu comme le lait), ajouter le liquide à la semoule chaude, retirer brièvement du feu le temps qu’il soit absorbé, touiller en brisant les mottes et les grumeaux jusqu’à ce que ceux-ci aient complètement disparu.
A ce moment-là, en principe les trois récipients (légumes, viandes, semoule) doivent être prêts. Verser la semoule dans un plat de faïence ou de porcelaine préalablement ébouillanté pour qu’il soit bien chaud, servir au choix les légumes et la viande mélangés ou séparés.
Bon appétit!
(compter environ deux heures pour toute l’opération)
clarky
26 janvier, 2010 à 1:07
oh pute vierge babel, si mon oncle larbi savait que tu fous des merguez dans le couscous je te dis pas l’émeute, déjà que quand je mets du poulet pour les ceusses qu’aiment pas le mouton c’est presque sept maures sur ordonnance, je me fais pourrir mais comme je lui dis, moi je fais dans le couscous à l’espagnol
par contre pour le mouton, mettre du collier, mais la poitrine c’est vachement bien aussi, et c’est vraiment gouteux même si ça paie pas de mine comme morceau, sûr c’est pas un morceau dit noble mais je me régale avec la poitrine de mouton.
courge, et poivron vert en plus, pois chiches.
tain je fais pas du tout le couscous comme toi, en te lisant, je me demande même si c’est du couscous que je fais
merci en tous les cas pour la recette, j’essaierai tantôt.
babelouest
26 janvier, 2010 à 2:49
Eh Clarky, je sais très bien que mon couscous n’est pas orthodoxe, je ne suis pas natif de là-bas. En tout cas, je ne mets jamais de pois chiches, ni comme certains de raisins.
lapecnaude
26 janvier, 2010 à 21:56
Je crois que le meilleur couscous que j’aie jamais mangé, c’était à Mechta Larbi, chez une jeune veuve ? (valait mieux dire veuve quand le mari s’était barré au maquis), Khedidja, vingt ans et belle ! Elle m’avait fait cuire du lapin (tu parles du lapin dans les Aurès… c’aurait pu être de la gerboise !) dans un djeré pimenté aux oignons de cimetière, avec une graine mouillée au djéré pimenté et avec des raisins …. un délice, ma mêêêeere ! Pour les oignons, ils venaient d’un coin où il y avait un oued capricieux et les jardins étaient sur d’anciens cimetières, on en a eu de plus d’un kilog, rouges et doux … comme quoi ..
Ta recette du couscous est bonne, mais a quelques différences avec celle de l’est maghreb, d’abord, on faire fermer la viande dans la cocotte(une cocotte par viande comme chez le juifs, parce que les cuissons ne sont pas les mêmes selon les bêtes et les morceaux), on garde les jus dans une seule et on fait fondre de l’oignon coupé en 4. On ajoute LE CONCENTRE DE TOMATES, un peu de l’eau, puis les pois chiche trempés de la veille (le mieux c’est de les prendre en boite ), puis les carottes, puis les navets, puis les viandes avec le ras el hanout, la coriandre, le persil arabe frais si tu en as (ou coriandre), le thym, le piment, on couvre et on prépare les autres légumes. On effile et on coupe les fèves en tronçons, on pare les cardons et les fonds d’artichaut, on ajoute. On tronçonne les courgettes et on les mets en dernier.
Je ne peux pas vous dire combien de temps çà cuit, c’est au feeling.
La graine, on la mouille à l’huile d’arachide, on la trempe à l’eau bouillante salée, on la touille pour l’égrener, on ajoute du beurre en petits morceaux, on passe au micro-onde deux minutes, on égrène, c’est cuit.
Bon appétit.
Hier, j’ai sorti le truc des célibataires, la boite couscous Garbit « Bon comme là-bas, dis », et mes chiennes se sont régalées. C’était vraiment pas çà !
On attend les recettes de BMode le Lediazec … la semaine prochaine ce sera – fondue de poireaux aux coquilles Saint-Jacques – J’adore çà.
Christophe Certain
28 janvier, 2010 à 9:57
Dommage je n’ai pas trop le temps de répondre point par point sur la discussion ce matin mais j’y reviendrai. En attendant, ma version du couscous est là, en vidéo
http://www.cuisine-pied-noir.com/recette_79_couscous.html
babelouest
28 janvier, 2010 à 10:32
Oôô la Pecnaude, du concentré de tomate dans le couscous………. Et non, pas de pois chiches. Mais çà, c’est mon goût personnel.
lapecnaude
28 janvier, 2010 à 15:30
@Christophe : Merci pour la vidéo, les poireaux et les céléris c’est une question de goût, je préfère les oignons, surtout pas le céléris, mais les cardons…Quand à la semoule, si on la huile lorsqu’elle est sèche, elle ne colle pas et je la cuit plus vite au micro-onde, mais votre méthode est la plus orthodoxe. Rien ne vous empèche de continuer à tchacher sur ce blog !
@ Babelouest – je met de la tomate et de la Harissa, quoique je préfère la purée de piment. Et les fèves et les cardons tu connais ? çà c’est bon.
babelouest
28 janvier, 2010 à 16:01
Les fèves et les cardons je connais, mais jusqu’à présent je n’en avais pas mis dans le couscous. Il va falloir que j’essaie. Quant à la tomate, je trouve que ce n’est pas sa place, en ayant déjà goûté, et n’ayant pas été enthousiasmé. Pour la harissa, je fais attention, en raison de mes vaisseaux sanguins qui n’apprécient pas.
b.mode
28 janvier, 2010 à 16:30
Hey les enfants, la pecnaude, lolo, babel, vous connaissez le site de Christophe ? http://www.cuisine-pied-noir.com/
lapecnaude
28 janvier, 2010 à 17:01
Je suis sur sud-ouest.com pour le débat Darcos – Rousset. à +
lapecnaude
28 janvier, 2010 à 17:31
Bon, la connexion marche pas et Darcos c’est pas ma tasse de thé.
B.Mode, c’est Christophe Certain, voir commentaire plus haut, je viens de faire un tour sur son site, j’ai pas vu les poivrons farçis façon Juliette, mais il a l’air mordu de cuisine !
Ah ! Bouffer sans toucher aux casseroles, mon rève !
b.mode
28 janvier, 2010 à 17:36
oui madame !