C’est par la stratégie de l’escamotage que Sarko organise et oriente sa politique. En faisant diversion, il évacue les questions gênantes. Méthode basique qui, sauf accident (comme la mayonnaise quand elle est réussie), donne les résultats qu’on attend d’elle. Pendant que ça gesticule et crie d’un côté, d’un autre, on œuvre à sa convenance. Or quand un citoyen, par calcul politique ou par simple ras-le-bol, cherche à gripper la machine, on lâche les chiens, c’est la chasse à courre. Dans le registre de la diversion politique, Sarko est doué. Il faut lui reconnaître ce talent. Avisé, il a su s’entourer et se faire aider dans sa besogne par les médias, publics ou privés, dont certains patrons sont aussi ses amis.
En refusant de se rendre sur le plateau d’Arlette Chabot pour être le faire-valoir dans un débat honteusement imposé, Vincent Peillon se fait tirer dessus par les bonnes âmes du milieu. De tous côtés, on pointe en sa direction des index monosémiques. Y compris dans son propre camp, on n’affiche pas que des mines réjouies. Elle aura pris son temps, la direction du PS, avant de lui apporter son soutien. C’est que la chose est délicate. Les médias ce n’est pas une mince affaire. On réfléchit à deux fois avant d’engager les hostilités. Cela dit, le débat est bel et bien lancé. Ce n’est plus d’identité nationale dont il s’agit, mais d’identité médiatique ! De déontologie ! Du rôle du journaliste. De l’enquêteur. Du chroniqueur. De la façon dont l’information se fait ou doit se faire. C’est de liberté d’expression et d’indépendance qu’il faut parler désormais, n’en déplaise à madame Chabot (et d’autres !), jurant ses grands dieux qu’elle est innocente. Prise les mains dans la confiote, elle crie à la cabale ! Mais sa défense ne tient pas. Son exposition médiatique est trop importante. Trop de gens l’ont vue à l’œuvre. Le citoyen ne confond plus journaliste et tapis de sol.
Désormais la question est la suivante : faut-il continuer à jouer le rôle de média passe-plat ou faut-il revenir aux fondamentaux ? Depuis le refus de Peillon, on a tenté le coup du discrédit ou de l’ostracisme politique. Tous les ressorts de l’institution ont été mis en place pour dégrader l’image d’un citoyen aux yeux de l’opinion. Trop tard. Bien que, dans un premier temps, la chose a failli réussir. Heureusement que, pas dupes, des citoyens ne sont pas tombés dans le piège tendu par les pouvoirs, politique et médiatique. Du boulot jusqu’aux relations avec son banquier, en passant par la santé, les retraites et l’éducation, les sujets à soucis ne manquent pas chez les citoyens. Tout le monde attend les bonnes initiatives. Or c’est toujours par la peur que le journaux s’ouvrent, que le gouvernement s’exprime. Qu’on esquive et qu’on invente des nouvelles façons d’avoir peur. Haïti ! Voilà un pays dont personne n’a que faire depuis des lustres. Oh, la belle faille !, labourant les entrailles de la terre au bon moment ! Tremblez manants ! C’est à l’heure de grande écoute qu’on programme les sujets susceptibles de détourner l’attention des citoyens, comme l’identité nationale et l’insécurité, avec des présentateurs godillots totalement acquis à la cause.
C’est quand même le comble qu’avant de dénoncer la dérive médiatique et de pousser les acteurs à un vrai et grand débat, nous devions presque nous imposer l’obligation de dire ou d’écrire : « attention, je n’aime pas Peillon ». Comme si, disant cela, nous donnions plus de force à notre déclaration, prenions la précaution de ne pas être éclaboussés par la honte qui s’abat sur lui. Depuis son esclandre, monsieur Peillon passe pour un voyou dans certaines rédactions. D’autres, se frottant les mains, font leur beurre, publiant interview et mises au point. C’est juste s’il n’est pas devenu le Jacques Mesrine des plateaux télé. La brutalité de certaines réactions renforce l’idée d’une connexion média/pouvoir que chacun subodore depuis longtemps mais qui désormais s’impose comme une évidence.
France télévisions a beau s’indigner et multiplier les déclarations sur l’honneur et l’indépendance pour se couvrir, mais France télévisions est bel et bien à la botte. Demandons aux journalistes du service public les conditions dans lesquelles ils exercent leurs métiers et vous découvrirez qu’entre les déclarations de la direction et sa base il y a plus que des petits désaccords. La direction du service public concerné a beau se dire « scandalisée » par les appels à la démission lancés par des responsables politiques (avec un temps de retard certes), il n’en demeure pas moins que quand, dans une entreprise, un employé fait mal ou ne fait pas son boulot, on lui colle un blâme ou on le licencie pour faute professionnelle. Or que sont-ils les responsables de France télévisions ? Les employés de la France et des français. C’est à eux qu’ils doivent des comptes.
Vite qu’on envoie valser cette Vème république obsolète et qu’on plante les bases d’une VIème pour laquelle nombreux sont ceux qui militent dans le pays. Ouvrons le débat : les médias sont-ils complices du pouvoir ? Quelle question !
Monsieur Poireau
26 janvier, 2010 à 8:25
Qui est cette journaliste dans la video ?
Il est clair que Peillon pose un problème au système : on n’a pas le droit de refuser de participer au spectacle !
)
babelouest
26 janvier, 2010 à 8:41
Mais que craint donc tant Arlette, pour être aussi engluée dans les rets du Pouvoir ? On l’a connue plus pugnace, autrefois. Bien sûr, France 2 n’est pas un modèle, et ses journalistes « de télévision » ont tendance à s’afficher supérieurs. Les assistants et autres petites mains peuvent en témoigner. Mais faire ainsi le jeu du Haut Château commence à déranger beaucoup. Passer d’une hauteur ombrageuse à une servilité livide envers les princes dénote un nouveau comportement, plus du tout journalistique. De grand seigneur de l’info, on devient simple courtisan. Quel abaissement !
Désormais, le verbe vengeur et pugnace ne provient plus guère que de ces blogs contre lesquels le Pouvoir brandit les pires châtiments. Pensez, ils osent proclamer ce que les médias officiels enterrent sous des nouvelles sans importance, ils osent montrer du doigt (ô impolitesse insigne) les Grands qui trébuchent dans la facilité, la vérité biaisée, les mesquineries dangereuses, les présomptions de fautes dignes de procès d’Assises, et en revanche les procès intentés par ces mêmes Grands au moindre frémissement de rébellion contre eux.
Viendra le temps de la clarification : certains se sentiront certainement bien mal à l’aise, ces jours-là.
BA
26 janvier, 2010 à 8:44
Christophe Montgermont travaillait à la CGE, aujourd’hui Véolia, depuis 1984. Christophe Montgermont était un syndicaliste Force Ouvrière. Il raconte la belle histoire d’amour entre les syndicats de Véolia et les patrons de Véolia.
Il raconte aussi les relations étroites entre les élus politiques et les patrons de Véolia. Lisez cet article :
http://seaus.free.fr/spip.php?article101
Hier soir, sur TF1, Nicolas Sarkozy a cité en exemple les syndicats de Véolia. Tu m’étonnes ! Les syndicats de Véolia sont des syndicats comme les aime Sarkozy.
Aux ordres.
Tenus en laisse.
Une laisse d’or.
Droldidé
26 janvier, 2010 à 10:22
« Les médias sont-ils complices du pouvoir ». Il est temps que les journalistes se posent eux mêmes la question et fassent le ménage dans leurs rangs, en se positionnant clairement par rapport aux élites en place (et peu importe le parti). Pour une majorité du peuple, médias et politique sont complices, attitude dangereuse qui laisse la place aux infos délirantes passant sous le manteau.
Non! Tous les médias ne sont pas complices du pouvoir. Il en est qui reste indépendant contre vent et marée, à ne pas confondre avec les médias « officiels ».
b.mode
26 janvier, 2010 à 10:48
@poireau Il s’agit d’Alexandra Golovanoff
@babel Quand c’est Sarko qui l’humilie publiquement, elle ferme sa gueule l’Arlette (comme après l’émission de NYC)
@Droldidé Il y quand même un bon nombre d’affiliés (elkabbach, Mougeotte, Duhamel, Aphatie, Chabot, Ferrari, Pernaud etc…)
lediazec
26 janvier, 2010 à 11:08
@ Droldidé. Bien sûr qu’il existe des journalistes indépendants ! Hélas, le pouvoir médiatique est entre les mains d’un certain nombre d’affidés ! C’est cela dont il s’agit. De cela, et du débat qui doit s’ensuivre pour la bonne santé de la démocratie, au sens large du mot.
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babelouest
26 janvier, 2010 à 11:13
Ma copine Clo a connu Arlette jeune (Clo a suivi Marcel Jullian, d’Europe 1 à Antenne 2, en 1975). A l’époque, elle était bien. Il a fallu que l’ambiance devienne empoisonnée, pour que celle qui était une bonne journaliste motivée soit obligée de s’écraser complètement. Je pense qu’elle est à plaindre, la pression sur elle doit être énorme.
A propos, à l’automne prochain Clo s’installe à Nantes. Pas loin du château. Elle est déjà venue me rencontrer il y a deux mois, nous avons déjeuné ensemble au japonais tout près. Nous nous connaissons depuis pas loin de 10 ans, maintenant, mais c’était toujours par le Net, ou à la rigueur par téléphone. Elle est toujours en contact e-mail suivi avec notre ami Ziad Medoukh, prof de français à l’université El Aqsa de Gaza. Il y a trois ou quatre ans, nous lui avions envoyé des DVD de films français pour illustrer ses cours.
lediazec
26 janvier, 2010 à 11:13
@ Bernard. Merci pour cette vidéo que je viens de découvrir. Tout est dit, y compris, dans la conclusion, quand Marielle de Sarnez lâche le mot « manipulation ».
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laetSgo
26 janvier, 2010 à 11:13
de l’indépendance des média…vaste sujet ! je conseille la (re)lecture des Nouveaux Chiens de garde d’Halimi et bien sûr le manufacturing of consent de Chomsky ! J’imagine dans ma candeur originelle qu’il doit y avoir des bouquins sur la prise en main capitalistique, CAC40esque des media français, non ?
lediazec
26 janvier, 2010 à 11:16
@ LaetSgo. J’avais oublié « Les nouveaux chiens de garde » ! En revanche, je ne connais le Chomsky. Bises.
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Didier Goux
26 janvier, 2010 à 11:19
S’il y a une chose qui nous amuse toujours beaucoup, Suzanne et moi, chez les blogueurs, c’est ce mythe increvable des “vraies questions” ! Lesquelles ont deux caractéristiques :
1) Ce ne sont jamais celles que l’on pose effectivement,
2) elles sont sans cesse différentes, d’un jour sur l’autre, d’un blogueur à l’autre.
Poseur assermenté de vraies questions : voilà un métier peu encombré où il y a sûrement du blé à se faire !
babelouest
26 janvier, 2010 à 11:20
Au fait, si vous voulez en savoir plus sur Clo :
http://clomanidelatele.wordpress.com/
lediazec
26 janvier, 2010 à 11:20
@ babel. Je me souviens d’une Arlette impertinente, participant ou animant des émissions sur l’érotisme, etc. Je l’ai vue aussi dans son registre beaucoup plus pugnace. Se laisser aller de la sorte, à défaut de colère, inspirerait presque la pitié. Grave !
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lediazec
26 janvier, 2010 à 11:27
@ Didier Goux. C’est juste, « les vrais questions », c’est quoi ? Remarque pertinente. On devrait plutôt parler de « question sans concession ».
Tiens ! Je viens de recevoir « Le tout sur le tout » de Henri Calet.
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clarky
26 janvier, 2010 à 14:55
le meilleur poseur de questions c’est elkabbach, d’ailleurs chez denise il a été grandiose, prétendant ne s’être jamais couché, il a juste un peu sucé mais n’a pas avalé biscotte c’est péché
Didier Goux
26 janvier, 2010 à 16:32
Lediazec : Excellent lecture à vous !
2pasag the papoteur
26 janvier, 2010 à 17:28
face à la face du grand séducteur
Sophie_Poux porte parole de l_association_des_producteurs_de_lait_indépendant #APLI : Nicolas_Sarkozy est un monsieur charmant, c’est un être humain, ce n’est pas un extra terrestre.
« Pas de problème nous la croyons sur parole http://actu.orange.fr/politiq…
Yann
26 janvier, 2010 à 20:13
Tout cela est vraiment très juste et surtout dans le tempo actuel.
antennerelais
28 janvier, 2010 à 1:23
La preuve par A + B : http://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/01/27/il-faut-sauver-le-soldat-peillon-par-jacques-merlino_1297279_3232.html