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Vous votez, oui ou non ?

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badinter01.jpgDisparitus a gentiment tagué H16 l’invitant à rejoindre une sorte de ronde où les blogueurs sont conviés à s’exprimer sur les prochaines échéances régionales. Vont-ils aller voter ou bien s’abstenir ? Comment envisagent-ils la chose et pourquoi ? Voici le thème : Voterez-vous lors des élections régionales ? Si oui, savez-vous déjà pour qui vous voteriez au premier tour ? Pourquoi ? Avez-vous une idée pour qui au premier tour ?

H16 a répondu. Il explique les raisons qui le font hésiter, voire plus. Rien à dire. C’est son isoloir. Il nous demande de le convaincre du contraire… Au fond, il avoue en avoir gros sur la patate. Drôle de mission ! Surtout quand je lis les raisons qui le poussent à la méfiance à l’égard des candidats : « Voterais-je pour les régionales ? Non, et ce pour deux raisons : d’abord, parce que je n’habite pas en France et que donc, je me vois mal dépendre d’une région quelconque. Mais surtout, même en imaginant que ce soit possible, je n’en ai aucune envie : la vaste plaisanterie que représente la politique en France actuellement n’arrivera pas à me motiver, de près ou de loin, pour qui que ce soit. »

Ruminances est une équipe qui a plein de choses en commun, mais, dans le cas présent, s’agissant de vote et d’élection, chacun parle pour soi. Le débat est ouvert. C’est donc à titre personnel que j’exprime une pensée ruminante. Depuis 1981, j’ai quasiment voté à toutes les élections. Je me souviens de ce 10 mai 1981 et de ma joie en découvrant le visage de François Mitterrand se dessinant sur l’écran. Je me souviens surtout de la gueule défaite quelques instants plus tôt d’un Jean-Pierre Elkabbach, disant : « il est vingt heures… ». Je me souviens, matant sa tronche de chien assis à l’écran, disant  : « C’est Mitterrand ! ».

Livide qu’il était, Elkabbach ! Il s’est soudainement grippé. La suite fut un moment d’une joie extraordinaire. L’insulaire que j’étais à l’époque s’est tout de suite rendu sur la place du bourg, dans le seul bistrot ouvert, « Les Corsaires », et avoir bruyamment exprimé une joie à la fois légitime et puérile. La suite… Une succession de flashs historiques et souvent décevants. Si, une belle photo. Badinter à la tribune de l’assemblée, dans un discours magnifique, clamant son horreur de la barbarie. La peine de mort était abolie. La révolution française pouvait danser.

Mon vote a toujours été un vote de résistance, plus qu’un vote partisan. N’ayant pas trouvé, ni jadis ni maintenant, la bonne légitimité dans aucun parti, je vote davantage contre que pour quelque chose, sachant qu’au bout il y aura toujours un obstacle qui empêchera cette chose d’arriver. C’est au nom de cette chose que nous engageons parfois notre vie. C’est au nom de cette chose que tous les partis mentent aux citoyens. En 1981, je me souviens très nettement avoir voté contre Giscard plus que pour Mitterrand. Giscard, Bokassa, les diamants, le massacre des enfants de Bangui et cette allure d’aristocrate dégénéré qui me sortait par les narines !

Autre chose importante. Elle concerne le devoir citoyen. Le mien. Je suis né et ai vécu sous le régime de Franco jusqu’à l’âge de 16 ans. Ma famille, comme toute famille espagnole, a été touchée par la guerre civile, la dictature, la torture… En matière d’élection, nous n’avions qu’un droit, celui de lire dans la presse les gros titres sur le résultat des référendums : 98% d’espagnols ont dit oui à Franco. Chez les résistants le jeu consistait à chercher qui pouvait se cacher dans les 2 % manquants.

Quand, ayant obtenu la nationalité française, j’ai eu le droit d’introduire le bulletin dans l’urne, vous ne pouvez pas imaginer mon choc émotionnel. La banalité n’est pas la même pour tous. J’ai essuyé une larme furtive. En cachette, bien sûr. Un homme, un résistant, un militant, ne pleure pas. Il se bat !

Même si je comprends les raisons du dégoût que certains citoyens ont pour la chose politique, j’irai voter. Sachant que je vais surtout voter contre, inutile de m’égarer entre les deux tours. Le premier tour étant aussi piège à con que le second, j’irai droit au but. J’éviterai ainsi la mauvaise surprise d’un Front National pour arbitre. La chose est claire : au premier comme au second, je vote contre Sarko et sa bande. Oui, sa bande !

Que la classe politique ne s’imagine pas non plus devant le résultat qui s’annonce que le citoyen, en bon pantin, va continuer à balancer des chèques en blanc pour qu’ils puissent continuer leurs petites combines. Marre des combines et des combinards. Du sommet à la base de la pyramide, du dirigeant au militant, la propreté morale se gagne au quotidien. La classe politique doit changer ses méthodes de campagne et de gouvernance, sinon elle finira seule devant l’urne. Si cela devait arriver, il fera mauvais temps pour la liberté et pour la démocratie.

Oui, j’irai voter.
Je passe la main à qui veux : Donjipez, Harakiri, lapecnaude, humeurs de gauche, pensez Bibi, Mtislav, Eric, Fabien et tournez manège…

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25 Commentaires

  1. Disparitus

    12 février, 2010 à 8:33

    C’est clair, limpide et engagé

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  2. laetSgo

    12 février, 2010 à 9:34

    Les français ont, je crois, oublié que voter était un privilège, un droit conquis de haute lutte…à part nos grands-parents, qui ont ,eux aussi, subi une guerre…mais eux votent Sarko en majorité ! Dommage ! Maintenant que j’y repense, les fois où je me suis abstenue, c’était au 2ème tour des élections présidentielles…devoir choisir entre Charybde et Scylla, la peste et le choléra…c’est pas mon truc !

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  3. lediazec

    12 février, 2010 à 9:42

    @ LaetSgo. Dans le contexte général, je milite quelque part pour la validation du vote blanc. Si cela advenait il va pas rester grand monde chez les officiels. Élu ? Combien de voix ? Passons ! Voulez-vous ?…

    Dernière publication sur Kreizarmor : Place Vendôme, haut lieu de l'indécence

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  4. babelouest

    12 février, 2010 à 9:47

    Voter est un droit majeur, et un devoir civique. Pour le reste, c’est à chacun de savoir s’il est un bon citoyen, ou pas. Mais les choix sont parfois cornéliens !

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  5. laetSgo

    12 février, 2010 à 11:43

    @lediazec : devais pas être bien réveillée ce matin (pourtant, il n’était pas tôt qd j’ai commenté) ! je ne me suis pas abstenue ! j’ai voté blanc effectivement : j’ai refusé de choisir, mais je n’ai pas snobé l’élection…

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  6. mtislav

    12 février, 2010 à 12:10

    Beau texte citoyen !

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  7. b.mode

    12 février, 2010 à 13:05

    J’irai voter par défaut plus que par défi. J’irai faire ce dépôt par dépit. Sans enthousiasme aucun. Mais je ne supporte plus Sarko et sa clique… Pas vous ? :oops:

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  8. Gabale

    12 février, 2010 à 13:21

    Oui j’irai voter.

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  9. Lionel

    12 février, 2010 à 17:54

    Entre deux maux, le devoir du citoyen est de choisir le moindre. Le pire évité, il reste une possibilité d’œuvrer pour le meilleur, même dans l’opposition au nouvel élu.

    (Je suis déçu par ceux qui sont allés voter blanc au second tour; entre l’une et l’autre, sincèrement, n’y avait-il pas moyen de décider? Bah si!)

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  10. Eric

    12 février, 2010 à 18:33

    Oui, je pense.

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  11. remi begouen

    12 février, 2010 à 18:58

    Ah le beau bar ‘les Corsaires’ de l’île de Bréhat… C’est là (auusi) que l’on s’est connu, lediazec, en 1982, je crois. En 81, pour l’élection de Mitterrand, j’étais à St-Brieuc et on a fait la java. Puis on a déchanté. Bien sûr sans regret d’avoir viré l’odieux Giscard. Oui, comme toi, je vote ‘contre’, toujours. Une seule fois, j’avais idée de m’abstenir, pour ne pas avoir à choisir entre peste et choléra : entre LePen et Chirac. Mais voilà: ma fille avait déménagé et ne s’était pas inscrite à temps sur sa nouvelle commune. Elle m’intima l’ordre, au téléphone, d’aller de sa part ‘voter contre la peste’ et, gentil papa, j’ai obéi – obéi à la jeunesse chauffée -. J’avais une épingle à linge à la main (c’était interdit sur le nez…) et cela n’a pas échappé au bureau électoral ni aux citoyens du lieu. On a donc eu le choléra Chirac, puis le Sida Sarko ensuite. Bon… on survit encore. Sachants que les urnes ne suffiront pas, sûrement, à l’élémentaire justice sociale, nom de… nous !

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  12. lediazec

    12 février, 2010 à 19:14

    @ Rémi. Vingt huit ans déjà ! Ah, les vieilles canailles ont l’écorce rude. Ca va, toi ? Ton bouquin ? Il sort quand ?

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  13. Hara Kiri

    12 février, 2010 à 19:53

    Moi, quand j’étais jeune, j’étais con. Je ne votais pas, j’en étais fier. Les politiciens tous pourris, alors pourquoi voter pour l’un ou pour l’autre. En vieillissant, un peu, je ne suis toujours pas quadra, j’ai compris qu’effectivement, les politiciens sont tous des menteurs, de toute façon, un politicien qui ne mentirait pas ne serait jamais élu. Effectivement, les politiciens qui sont élus, sont les plus ambitieux, car les plus ambitieux peuvent mettre leur éthique dans la poche quand il le faut pour être élu. Du coup, effectivement, les élus, donc ambitieux, sont déconnectés de la réalité et souvent narcissiques. Alors ? Pourquoi voter ? Parce que même dans le narcissisme et dans la veulerie, il y a des niveaux et certains le sont moins que d’autres. Du coup, j’ai souvent voter, tout comme Lediazec, plus contre un candidat que pour. J’ai voté contre chirac en 1995, contre LePen en 2002 et contre Sarko en 2007.
    Cette année, pour les régionales, je suis gâté. UMP, Frêche ou le PS. Encore une fois, je voterais contre, contre l’UMP avant tout et contre Frêche au premier tour. Et si au second tour on se trouve avec un duel Frêche-UMP alors, ce sera encore un vote cruel, mais je voterai Frêche pour contrer l’UMP. Car si depuis longtemps je suis déçu par les prédisents que nous avons, je ne l’ai jamais été autant que ces deux dernières années. Si je n’ai jamais été de droite, je n’ai jamais autant détesté des personnalités de droite que Sarkozy, Lefebvre, Bertrand, Hortefeux, Balkany, Estrozy et consorts.

    Donc oui, j’irai voter aux deux tours et je voterai principalement contre Sarko. Car j’espère qu’il se prendra une belle claque annonciatrice de son prochain échec. Et, si malheureusement, ce n’est pas le cas, au moins, je pourrai toujours gueuler en disant que j’ai tout fait pour m’en débarasser.

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  14. h16

    12 février, 2010 à 21:44

    Un bien bon billet, je dois dire. Je l’ai lu avec beaucoup de plaisir :)

    « Je me souviens de ce 10 mai 1981″ : ah oui, ça, le truc façon minitel, grandiose. Je ne l’ai vu en couleur que bien plus tard (n&b familial à l’époque, eh oui). Nostalgie nostalgie :)

    Tu parles de dégoût pour la politique de certains citoyens. En tout cas, pour moi, il ne s’agit que du dégoût des hommes politiques de ce pays. La chose politique, elle, m’amuse, m’intéresse et me fait réfléchir (hint : j’ai un blog ;) ) – c’est justement à cause du différentiel important entre cet intérêt et les minables qui nous gouvernent (ou ceux qui veulent les remplacer) que je me retrouve orphelin…

    Et je dis un grand +1 au décompte des votes blancs et retoquage des candidats (avec interdiction de se représenter à l’élection retoquée) lorsque le quorum n’est pas atteint (mettons, 10%). Là, je peux vous dire que les élections seraient un vrai sport, bien épicé, avec du renouvellement. Hé hé hé.

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  15. gauchedecombat

    12 février, 2010 à 23:02

    @leziadec : t’inquiètes, j’ai vu ! j’y réponds demain, car j’ai dû dépasser ma répugnance à m’inscrire dans la lignée d’une chaîne inspirée par des mecs de droite… Mais comme je ne voudrais pas paraître sectaire… Tu l’auras voulu !

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  16. Michel P.

    13 février, 2010 à 0:11

    Pour moi, j’en suis plus que sûr, je voterai pour « emmerder » Sarkozy.!!!

    Répondre

  17. Michel P.

    13 février, 2010 à 0:11

    Pour moi, j’en suis plus que sûr, je voterai pour « emmerder » Sarkozy.!!!

    Répondre

  18. lediazec

    13 février, 2010 à 9:29

    @Gauchedecombat. Que la chaîne soit de droite ou pas, je n’ai aucune inquiétude pour nous (toi), puisqu’il s’agit de défendre des idées bien chevillées au corps. Au fait, ton prénom ? Le mien c’est Rodolphe.

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  19. Jean

    13 février, 2010 à 10:08

    Personnellement, j’ai fui les pays de l’Est à une époque et ait obtenu également la nationalité Française. Je n’ai pour autant jamais voté, cela me rappelant trop de mauvais souvenir, les politiciens aux fonds étant tous les mêmes.

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  20. Jean

    13 février, 2010 à 10:12

    @ gauche de combat, qu’est ce que vous en ayez à fo*** que ce soit un mec de droite, de gauche, vert, jaune, noir, chauve, … qui vous le demande ? L’important c’est la question ! Un tel raisonnement ne fait que témoigner de la petitesse d’esprit …

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  21. lediazec

    13 février, 2010 à 10:22

    @H16. Je me suis mal exprimé peut-être. J’aurais dû écrire « dégoût des politiciens », oui. La chose politique me passionne aussi. Hélas, les politiciens, n’arrangeant pas les affaires publiques (contrairement aux citoyens, eux, sont tous unis dans un intérêt commun). Force est de constater qu’à terme cela se retourne contre tous. Est-ce un mal ?… Ceci est un autre débat. Qu’il va falloir peut-être engager plus tôt que prévu. A force d’irresponsabilité…

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  22. lapecnaude

    13 février, 2010 à 13:39

    @ Rodolphe – J’étais petiote quand j’ai accompagné ma mère à son premier vote. J’étais fière d’elle, pour elle, elle irradiait de joie, du haut de son mètre cinquante, juchée sur ses escarpins vernis, vètue de son tailleur noir à revers blanc et chapeau crânement planté sur sa tête ! Elle avançait le menton, les yeux noirs brillants et son petit sourire qui voulait dire : on y est arrivées ! Je ne sais pour qui elle votait, mais quel souvenir !
    Pour moi, c’est plus complexe, je vous dirai cela sur mon blog, mais je voterai, c’est sûr, je ne me suis jamais abstenue, j’ai toujours eu le sentiment que je ne devais pas fuir. Je voterai contre la droite, c’est génétique, étant socialiste je voterai pour ma liste d’autant plus que je respecte ma tête de liste pour le travail qu’elle a fait en règion, et aussi parce que c’est une femme-forte. Voilà… mais il y a tant à dire sur ceux qui se proposent de venir « nous guider » … à plus.

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  23. clarky

    13 février, 2010 à 15:00

    vote citoyen qu’on appelle ça…je veux bien mais bon…

    finalement je me bougerai le maffre pour aller dans mon formidable bureau de vote umpiste local afin d’y accomplir ce témoignage indicible de citoyenneté.
    les raisons ??!!?? le pen qui se remet à faire son chaud dans la région, et ses aficionados, de ressortir du bois pour déverser leur bile et boules puantes de haine.

    maintenant, j’aimerais qu’on légitime le vote blanc, juste histoire qu’on arrête de nous prendre pour des cons !

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  24. lapecnaude

    13 février, 2010 à 19:17

    @ Clarky – Vote citoyen, vote citoyen, comme tu y vas ! Non c’est un vote raisonné, aucun parti ou groupe n’est assez virulent pour faire face au fascisme qui déferle, qu’il soit UMP ou FN, donc la seule chose à faire s’est de s’unir et d’arrêter le gueguerre des positions. Il est vrai que tant qu’on aura pas instauré le mandat unique et non renouvellé, on n’aura rien.
    Légitimer le vote blanc n’est pas un peu stérile ? Imagines qu’une majorité vote blanc, qu’elle soit décomptée, il ressortirait quel résultat du scrutin ? Cela veut dire que n’est pas d’accord avec ce que l’on te propose, mais que tu n’as rien trouvé d’autre. C’est un peu la fable du renard et des raisins, tu ne crois pas ?

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  25. lapecnaude

    13 février, 2010 à 19:31

    Cela dit en passant, je relève la phrase de Laetsgo « à part nos grands-parents  » qui ont eux aussi subi une guerre, mais qui votent Sarko « , bon d’accord, je sais qu’à nos âges on est plus pres de l’Alzheimer que du terrain de jeux, mais … il en reste beaucoup qui ne bloblotent pas et qui savent ce que voter veut dire. Je crois qu’il ne faudrait pas généraliser et se souvenir que dans les classes de jeunes de 18 à 25 ans, par manque d’éducation politique et civique il y a une majorité d’abstentions. Ce qui est un problème de carence éducative des générations moyennes !

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