Les retraites : voilà un débat de portée nationale et non la daube qu’on a voulu nous fourguer à grands coups de matraque médiatique sur l’identité. Un débat entre exploiteurs et exploités, sans castagne, si possible. On peut rêver. Une discussion politique sur la justice sociale. Sur les arnaques et les dérobades. Sur les peurs, les frustrations et les haines. Un débat qui fédère les citoyens autour d’une même préoccupation. Les riches, les pauvres, les malins, les coquins, les malfrats de la finance, les indigents, tous ensemble. Un débat et une volonté éthique : justice et solidarité. Est-ce trop demander ? Assurément.
Un débat débarrassé des intérêts partisans et des idéologies, un débat sans l’habituelle réplique, celle que l’on sort pour évacuer la question gênante, pour cacher, pour se cacher, pour occulter : « rendez-vous compte ! Puis quoi encore ! » Les temps sont difficiles, les questions aussi. Nous ne pouvons nous y soustraire. C’est ça où à plus ou moins long terme ce sera la guerre. Une guerre sociale avec ce que cela comporte comme dangers.
Les spécialistes en magouille politique, poussés par leurs bases, sont sur le pont. Les esprits s’échauffent, mais ce n’est pas encore la rébellion. Cela n’est cependant pas à exclure. Le texte ne sera présenté aux deux assemblée qu’à l’automne. D’ici là… Comme pour les négociations salariales, les patrons et le gouvernement ont une limite à ne pas dépasser : tant c’est tant ! Aux négociateurs de faire leur job. Les syndicats le savent depuis toujours, nous le savons tous, c’est un jeu. Nous exigeons tant, qu’ils disent. Ils tapent très fort du poing sur la table (devant les caméras c’est mieux) et dans les ateliers ou dans les bureaux on applaudit également très fort. Mais de part et d’autre (patrons et syndicats) on fait mariner, les médias s’en mêlent (faut bien quelqu’un pour touiller), l’état aussi, un peu. Tout le monde sait que la chose est « impossible ». De part et d’autre, on fait des déclarations intransigeantes, ça bloque, c’est au point mort, mais chacun sait qu’il va falloir couper la poire en deux. Pareil que le pâté d’alouette, moite/moite : un cheval, une alouette. Où sera servi le cheval ? Cela devient agaçant pour le cheval.
Certes nous ne sommes qu’au tour de chauffe. Les choses sérieuses arriveront à la rentrée prochaine. Chaque appareil prépare les syndiqués à accepter l’idée que ça ne va pas être du gâteau. Que la rencontre s’annonce difficile. Que l’argent ne pousse pas dans les jardins. L’adversaire est rugueux, pratique un jeu à l’italienne, à forte densité défensive. Comme ça la déception sera moindre. Qui n’espère rien n’est jamais déçu. On nous chante déjà les antiennes : ce sera très, très difficile. Ça l’est déjà ! Beaucoup plus difficile que de renflouer les banques. On évoque l’idée d’un débat chez chacun, chacun prenant des notes dans son coin, jaugeant, maugréant, protestant avec plus ou moins de vigueur. Mais d’abord les élections régionales. Les coups commenceront de pleuvoir aussitôt après, juste avant les départs en vacances, entre printemps et été, des rafales de coups tordus en perspective.
Nicolas S. l’a promis : il ne passera pas en force. Gentiment, le peuple se retournera, se mettra en position, il s’occupera du reste. Cela ressemble à un viol. Cela est un viol. Mais cela n’est pas un viol ! La chose est trop importante pour que l’on brusque la victime. On frictionne d’abord les parties avec un corps gras. Avec des douceurs particulières dans les gestes. Donner le sentiment à la proie que si cela lui arrive, c’est aussi sa faute. Les violeurs violent parce qu’ils sont appâtés : « La réforme des retraites est trop importante pour qu’elle ne soit pas conduite de manière concertée, ouverte et sur la base d’un diagnostic partagé ». Il suffisait de le dire.
Pour l’instant, chez les syndicalistes, tout le monde donne l’impression d’emprunter la même artère. Droit devant. Le bonheur dans l’unité. Les étendards claquent au vent. Cela n’engage à rien, ils ont le temps. Certains, comme Alain Olive (union nationale des syndicats autonomes) sont contents qu’on n’ait pas bousculé le train de marche. Cool. On laisse le temps au temps. Bientôt, les premiers désaccords. Un peu plus tard, les noms d’oiseaux. Le débat est lancé. C’est une bonne chose.
b.mode
17 février, 2010 à 7:56
Le paradoxe est que 70 % des seniors ne trouvent pas d’emploi… Vous avez dit bizarre…
remi begouen
17 février, 2010 à 9:39
Paradoxes et bizarreries fourmillent dans ce jeu de dupes. Oui, il y a de l’argent pour renflouer les banques : il paraît que c’était vital pour chacun d’entre nous, pauvres clients. Ah bon ? Et ce n’est pas vital d’avoir droit à une juste retraite ? Y a pas d’argent ? Prenons le aux banques. Oh! mais on a pas le droit. Et si on le prenait ?… Voir dans le Monde Diplomatique du mois cette autre question iconoclaste : ‘Et si on fermait la Bourse?’…A suivre!
b.mode
17 février, 2010 à 10:22
Ah ça la fermeture de la bourse, il y a un bout de temps que je la souhaite de tous mes voeux. Ce système d’actionnariat a inversé les valeurs du travail et de la spéculation…
laetSgo
17 février, 2010 à 10:54
plus ça va, plus je suis écoeurée….j’ose espérer que nos concitoyens déborderont les appareils, protesteront vigoureusement, et que ce viol n’aura pas lieu, parce que c’est bel et bien ce qui nous pend au nez…on finit par connaitre la musique….et pourtant l’argent est là ! tiens, le cadeau fiscal aux entreprises sur les plus-values : 20 milliards, ce qu’il faudrait pour renflouer la sécu…
Une simple taxe sur les transactions financières boursières permettrait d’élargir l’assiette du financement des retraites. Conjugué à une augmentation de 0,47% par an des parts patronales + salariales, on s’en sort les doigts dans le nez !
Mais pour commencer, avant de mettre des cautères sur des jambes de bois, retrouvons le plein emploi en rétablissant des barrières douanières (oui, je sais, c’est un gros mot, c’est synonyme de protectionnisme, désolée, c’est plus fort que moi, cette empapaoutade supplémentaire me fait monter la moutarde au nez !!!)
bon, je vais au marché (le vrai, le paysan), ça va me calmer…
Hara Kiri
17 février, 2010 à 13:33
Ouais, les gens vivent de plus en plus vieux, ils passent plus de temps à la retraite, en même temps ils arrivent sur le marché du travail de plus en plus tard après des études plus longues que par le passé, forcément, y’a plus assez de côtisations pour payer toutes les retraites. Remède, augmenter l’âge du départ à la retraire. Une opération qui semblerait logique si…
Dans le même temps, on ne produisait des heures supp sans charges donc sans cotisation, des avantages aux entreprises, notamment sur les charges salariales, donc côtisations …
Si, dans le même temps il n’y avait pas 5 ou 6 ou… de chômeurs….
Tu parles, demander aux gens de bosser plus vieux alors que déjà, à l’heure actuelle, ils n’arrivent pas à trouver du boulot. Du coup, on en fera quoi de ces gens qui vont bosser plus longtemps ? Au mieux, ils trouvent du boulot jusqu’au bout, ce qui en retire aux plus jeunes que l’on payera au chômage ou au RSA, au pire, ils se retrouveront au chômage ou au RSA en attendant leur retraite. C’est quoi l’avancée ??????
S’ils veulent renflouer le régime des retraites, ils feraient mieux d’arrêter les cadeaux aux entreprises qui, de toute façon, ferment leurs usines en France, qu’on les aide ou pas, qu’ils fassent des bénéfices ou pas, et qu’on fasse en sorte de trouver un moyen pour créer des emplois.
On vire des fonctionnaires, ouais, cool, ça nous coûte cher, mais au lieu de les payer à bosser, on va les payer au chômage, ça sert à quoi ????
Les politiciens ne voient pas plus loin que le bout de leur nez et réagissent au coup par coup au lieu d’avoir une réaction globale sur du long terme.
b.mode
17 février, 2010 à 18:56
Et les benefs de BNP, c’est pas port nawak. Sarkofric a sauvé les banques et elles refusent de prêter… Monde de daube ! http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/02/17/malgre-la-crise-bnp-paribas-a-degage-pres-de-6-milliards-d-euros-de-profits-en-2009_1307276_3234.html
des pas perdus
17 février, 2010 à 20:34
« les syndicalistes »… Maintiendrais-tu l’illusion d’une unité syndicale ?
Je pense que Sarko vut réformerpour réformer avant de se représenter.
Le départ à 60 ans sera toujours possible, mais le nombre d’annuités sera augmenté, soit exactement ce que dit le communiqué « rectificatif » du P »S ».
Que la droite veuille creuser les inégalités est dans l’ordre des choses, le problème, c’est que la principale force d’opposition a lâché sur l’idéal d’une meilleure répartition des richesses…
des pas perdus
17 février, 2010 à 20:35
Erratum : Je pense que Sarko vut réformer pour réformer avant de se représenter.
lapecnaude
18 février, 2010 à 1:40
Moi, je pars du principe que je ne parle pas de ce que je connais pas, donc je m’informe, j’ai réuni sur mon blog une série de documents concernant les retraites, ils ne sont pas de mon cru, mais en les copiant je les ai mieux compris, pour mémoire (www.lapecnaude@unblog.fr,) j’ai ainsi découvert plusieurs arnaques préparatoires à la réforme des retraites annoncées par la troupe de mécréants, que j’ai dénoncées également. Je crois qu’il faut surveiller ce noeud de vipères comme du lait sur le feu, que ce soit les syndicats (la CFDT ne me parait pas très vaillante ces temps ci) ou les gouvernants. Et en plus, asticoter tous nos élus en les prenant par ce qu’ils devraient avoir au fond de la culotte, histoire de leur montrer que s’ils ty tiennent il faut y faire, comme on dit chez nous.
Autres choses sérieuses, demain, nous allons parler sérieusement de régionales ….
laetSgo
18 février, 2010 à 19:41
65 ANS
C’est l’âge auquel un salarié perçoit une retraite « à taux plein » même s’il n’a pas atteint la durée de cotisation nécessaire. Mais ce « taux plein » signifie simplement qu’il ne subira pas de décote. En revanche, la réduction proportionnelle aux nombres d’années ou trimestres manquants lui sera appliquée. Un salarié peut donc devoir partir à la retraite à 65 ans avec une pension incomplète.
La barre des 65 ans constitue aussi dans de très nombreux secteurs de l’économie la limite d’âge à partir de laquelle un employeur peut mettre un salarié à la retraite d’office, sans avoir besoin de le licencier (donc sans justification, ni indemnités de licenciement).
tiré d’un article du Nouvel Obs…si j’ai bien lu entre les lignes, le principal impact de l’allongement de 60 à 62 ans ou + serait de faire sauter ce « verrou » qui deviendrait caduc…
quel que soit le bout par lequel on prenne le bintz, il n’en reste pas moins qu’on va tenter de nous entuber…
à nous de résister !