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On l’ouvre, ça nous concerne

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retraite01.jpgLes retraites : voilà un débat de portée nationale et non la daube qu’on a voulu nous fourguer à grands coups de matraque médiatique sur l’identité. Un débat entre exploiteurs et exploités, sans castagne, si possible. On peut rêver. Une discussion politique sur la justice sociale. Sur les arnaques et les dérobades. Sur les peurs, les frustrations et les haines. Un débat qui fédère les citoyens autour d’une même préoccupation. Les riches, les pauvres, les malins, les coquins, les malfrats de la finance, les indigents, tous ensemble. Un débat et une volonté éthique : justice et solidarité. Est-ce trop demander ? Assurément.

Un débat débarrassé des intérêts partisans et des idéologies, un débat sans l’habituelle réplique, celle que l’on sort pour évacuer la question gênante, pour cacher, pour se cacher, pour occulter : « rendez-vous compte ! Puis quoi encore ! » Les temps sont difficiles, les questions aussi. Nous ne pouvons nous y soustraire. C’est ça où à plus ou moins long terme ce sera la guerre. Une guerre sociale avec ce que cela comporte comme dangers.

Les spécialistes en magouille politique, poussés par leurs bases, sont sur le pont. Les esprits s’échauffent, mais ce n’est pas encore la rébellion. Cela n’est cependant pas à exclure. Le texte ne sera présenté aux deux assemblée qu’à l’automne. D’ici là… Comme pour les négociations salariales, les patrons et le gouvernement ont une limite à ne pas dépasser : tant c’est tant ! Aux négociateurs de faire leur job. Les syndicats le savent depuis toujours, nous le savons tous, c’est un jeu. Nous exigeons tant, qu’ils disent. Ils tapent très fort du poing sur la table (devant les caméras c’est mieux) et dans les ateliers ou dans les bureaux on applaudit également très fort. Mais de part et d’autre (patrons et syndicats) on fait mariner, les médias s’en mêlent (faut bien quelqu’un pour touiller), l’état aussi, un peu. Tout le monde sait que la chose est « impossible ». De part et d’autre, on fait des déclarations intransigeantes, ça bloque, c’est au point mort, mais chacun sait qu’il va falloir couper la poire en deux. Pareil que le pâté d’alouette, moite/moite : un cheval, une alouette. Où sera servi le cheval ? Cela devient agaçant pour le cheval.

Certes nous ne sommes qu’au tour de chauffe. Les choses sérieuses arriveront à la rentrée prochaine. Chaque appareil prépare les syndiqués à accepter l’idée que ça ne va pas être du gâteau. Que la rencontre s’annonce difficile. Que l’argent ne pousse pas dans les jardins. L’adversaire est rugueux, pratique un jeu à l’italienne, à forte densité défensive. Comme ça la déception sera moindre. Qui n’espère rien n’est jamais déçu. On nous chante déjà les antiennes : ce sera très, très difficile. Ça l’est déjà ! Beaucoup plus difficile que de renflouer les banques. On évoque l’idée d’un débat chez chacun, chacun prenant des notes dans son coin, jaugeant, maugréant, protestant avec plus ou moins de vigueur. Mais d’abord les élections régionales. Les coups commenceront de pleuvoir aussitôt après, juste avant les départs en vacances, entre printemps et été, des rafales de coups tordus en perspective.

Nicolas S. l’a promis : il ne passera pas en force. Gentiment, le peuple se retournera, se mettra en position, il s’occupera du reste. Cela ressemble à un viol. Cela est un viol. Mais cela n’est pas un viol ! La chose est trop importante pour que l’on brusque la victime. On frictionne d’abord les parties avec un corps gras. Avec des douceurs particulières dans les gestes. Donner le sentiment à la proie que si cela lui arrive, c’est aussi sa faute. Les violeurs violent parce qu’ils sont appâtés : « La réforme des retraites est trop importante pour qu’elle ne soit pas conduite de manière concertée, ouverte et sur la base d’un diagnostic partagé ». Il suffisait de le dire.

Pour l’instant, chez les syndicalistes, tout le monde donne l’impression d’emprunter la même artère. Droit devant. Le bonheur dans l’unité. Les étendards claquent au vent. Cela n’engage à rien, ils ont le temps. Certains, comme Alain Olive (union nationale des syndicats autonomes) sont contents qu’on n’ait pas bousculé le train de marche. Cool. On laisse le temps au temps. Bientôt, les premiers désaccords. Un peu plus tard, les noms d’oiseaux. Le débat est lancé. C’est une bonne chose.

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