Les élections se vendent bien. Même si le contenu des urnes reste modeste, les analyses sont nombreuses et le marché est à la hausse. Signe de bonne santé pas toujours citoyenne. Les bourses vides, ça spécule quand même. Il n’y a guère que ce pauvre Jean-Michel Aphatie pour exprimer bruyamment colère et dépit devant tant d’ennui, tant de morgue, tant d’inanité.
Force est de reconnaître que par ses choix et son implication personnelle le résultat de ces régionales est une bérézina pour le Lider Mínimo. Inutile d’aller chercher des boucs émissaires. En plaçant ces régionales (nous ne l’avons pas oublié) sous le signe d’un « test national », je pense qu’il ne s’attendait pas à un désastre d’une telle ampleur. C’est dire la vanité du personnage ! Sa connaissance du pays. Comme chez un prédécesseur (bien plus grand que lui tout de même) à Waterloo et lors de la retraite de Russie, il ne lui reste que ruines à contempler. Ses larbins (moins bêtes ou plus près de la réalité) avaient essayé de le convaincre de ne pas trop s’obstiner sur la savonnette régionale. A un moment donné, sentant venir l’impact, ils ont tout fait pour en minimiser l’importance. Évoquant la présidentielle comme seule priorité, ils avaient même ironisé : « à vous les régions, à nous l’exécutif ! ». Que nenni ! Môssieur a toujours raison. Môssieur est un goinfre de petite envergure. Dans son entourage, plus personne ne croit à la délicatesse de l’éléphanteau dans un magasin de porcelaine. Une idée de l’étendue de la déconfiture : pas un ministre candidat ne devrait remporter une région au second tour !
Les commentaires ont fusé et fusent toujours. Le sarcasme est à la mode. Les quolibets aussi. A propos de quolibets, un qui se marre bien, c’est Georges Frêche. Sa soudaine diabolisation a contribué à réveiller un électorat qu’on pense souvent idiot du côté des appareils. Avec son langage fleuri, le Louis Nicollin de la politique régionale, s’en donne à coeur-joie. Celui qui s’est forgé dans l’ambiance populo et a bu la sueur des vestiaires déteste les salonards et les faux-frères. Il profite de son score pour faire un retour à l’envoyeur agrémenté de commentaires très épicés. Les apparatchiks PS ramassent de quoi traverser l’hiver sibérien sans souci.
Je lis avec soin le papier de « ÇaRéagit » sur les résultats de ces élections. Il est de droite, dit-il, et il se soigne. J’ignore où il se procure les cachetons, mais ça m’a l’air efficace. Sans citer quelqu’un en particulier, cela me donne envie de prescrire les mêmes à certains idiots de gauche. Il dit qu’il s’agit, soit d’une « superbe victoire », soit d’une « effroyable gifle », avant d’ajouter avec pertinence, commune à pas mal d’observateurs : « dans les deux cas, il ne faut tout de même pas omettre qu’elle se base sur moins de la moitié des électeurs français… » Raison de plus pour rester concentrés. Assez d’accord quand il affirme qu’au PS ça « frôle l’orgasme ». Même si la chose est lamentable (que représente 29 ou 30% des voix devant 53% d’abstention ?) cela reste humain.
Il y a quelques jours nous ne donnions pas cher de la peau du PS et voici qu’à la faveur de conjonctions favorables (un peu comme Xynthia en Charente-Maritime), il se retrouve premier parti de France, devant des écolos un peu engoncés. Ça leur donne le peps pour entamer les habituelles négociation d’entre deux tours. Pour moins que ça, j’en connais qui ont perdu la boule de bonheur, se retrouvant à consommer de lexomil et de la camomille pour calmer l’excitation nerveuse. Le fort pourcentage d’absentéisme est cependant une claque en direction de la classe politique, toutes tendances confondues. Les citoyens en ont marre et l’expriment en tournant le dos aux affaires du pays. Pour monsieur Sarkozy la chose est plus grave, car il s’agit d’une double défaite : l’absentéisme, bien sûr, et, sur le peu qui reste d’électeurs mobilisés, il se prend une rouste. Le Pen qu’il avait éteint un petit peu en lui chouravant des voix, puis réveillé de très mauvaise humeur lors du débat identitaire, se venge et devient arbitre dans une bonne douzaine de régions. Le retour du chien de ma chienne !
N’oublions pas de signaler que dans les scrutins à 2 tours, en général, le premier est souvent « oublié » par l’électeur. Pour peu qu’il fasse beau le week-end…
Dimanche prochain cela devrait s’animer un brin. Quoi qu’il en soit, on serre les rangs et on ne lâche rien. Le No Sarkozy year, c’est ici et maintenant !