Il existe parfois d’étonnants et épatants ‘pionniers’, on en a bien besoin dans notre horizon quotidien morose. Je viens d’écouter, par hasard, sur France-Inter, Bertrand Picard, pionnier tout comme son père Jacques et son si célèbre grand-père Auguste. Eux trois, c’est dans les domaines très ‘pointus’ d’appareils révolutionnaires pour monter l’homme très loin au-dessus des nuages ou le descendre très bas sous le niveau marin. Bertrand Picard, d’abord médecin psychiatre et maintenant ’3°pionnier de la famille’, est l’actuel inventeur d’un tout nouvel avion ‘carburant’ à l’énergie solaire, lequel a récemment réussit son premier vol. Il répond à peu près ceci à une question de journaliste : ‘Je souffre de la dépendance aux énergies fossiles en voie d’épuisement et de la bêtise de la classe politique, épuisante’… : belle association !
Je pense que le pionnier Paul Ariès pourrait reprendre la formule à son compte, encore qu’il exerce ses talents novateurs dans un autre domaine, celui d’une audacieuse analyse de l’évolution sociale à venir, via une écologie politique radicale. Par exemple radicalement opposé à l’un des papes du ‘Capitalisme Vert’, Daniel Cohn-Bendit (il vient de lui consacrer un pamphlet nouveau que je n’ai pas lu). Mais, en janvier 2010, il a surtout publié un bel essai ‘La simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance’, aux éditions de La Découverte, dans la collection ‘les empêcheurs en penser en rond’…dont il est, éloquemment, un pionnier.
Si Paul Ariès n’a pas, lui, d’antécédents familiaux prestigieux, il a une plume alerte, que j’apprécie dans ses articles du mensuel ‘La Décroissance’ (le journal de la joie de vivre… et des casseurs de pub’). Il est aussi directeur du journal ‘Le Sarkophage’, au titre explicite. A propos de titres, je découvre en page de garde de son livre sa liste de publications depuis 1997 : l’auteur est prolifique ! Et il demeure modeste, comme tout vrai pionnier : à preuves, il donne son adresse mail à ses lecteurs, chose rare dans les ouvrages publiés, et ne se présente que comme ‘militant écologiste’…
Ce ‘simple militant écolo’ est surtout animé d’un désir de révolution sociale, mû par une vision lucide de la dégradation dramatique de la planète, dû au système capitaliste vermoulu. Lequel a corrompu depuis longtemps ‘la gauche’ censée diriger la révolution. L’analyse va loin, dans Karl Marx et avant, et depuis : ‘Si la gauche a toujours été productiviste, les mouvements populaires ont toujours été anti-productivistes’ retient de ce livre l’excellent ‘Comité de Châteaulin pour une alternative au Capitalisme’ (voir le site ). Autre avis, repris en bande annonce du livre : ‘Paul Ariès pulvérise les idéologies du progrès et de la croissance, pour une alternative politique au ‘capitalisme vert’. Cela va plus loin, audacieusement, par exemple une gratuité de l’eau (pour l’usage domestique, pas pour les piscines privées, ni les terrains de golf, moins encore pour le maïs OGM !)… Ce livre est un laboratoire d’idées, pas forcement nouvelles, mais ici rendues cohérentes par l’auteur. Il n’est pas question dans ce papier de rendre compte de tout ce que recèle ce livre de 300 pages, qui est bien plus important que de gros volumes abscons sur plus ou moins le même sujet (en principe).
A l’invite de son auteur, je fais ici dans ‘la simplicité volontaire’. Il médite d’ailleurs sur la vérité du ‘droit à la paresse’ – selon le pamphlet de Paul Lafargue, qu’il replace dans son contexte daté. Et moi je médite sur mon travers ou ma qualité de lecteur, face à de tels ouvrages talentueux, voire fougueux : si je suis parfois très ‘studieux’ à ma lecture, je me surprend souvent à ‘lever le nez’, me perdre dans les nuages roses de la rêverie (‘Et si, et si… c’était possible… le bonheur ?’) : Car, sans étonnement pour moi, Paul Ariès invite la poésie, l’imagination créatrice, à son secours… Et moi je vous invite à le lire, à en prendre de la graine ! Viva la Revolución !
Le sujet de ce livre est si important, qu’il me semble être indispensable d’en débattre un peu partout, et déjà ici ‘entre ruminants’. C’est pourquoi je conclue en vous donnant quelques citations du bouquin, histoire de vous mettre en appétit de sa lecture et d’amorcer le débat :
p.8/9 – Les gauches restent aphones depuis qu’elles ne savent plus comment concilier les contraintes environnementales avec leur souci de justice sociale. (…) L’antiproductivisme peut se conjuguer avec la joie de vivre. Nous emprunterons quelques chemins giboyeux qui pourraient nous conduire à cette simplicité volontaire face à l’illusion mortelle de la société d’abondance.
p.19 – Le capitalisme vert sera l’âge d’or de la barbarie productiviste. C’est le risque de la tchernobylisation du monde, après sa mcdonaldistion, sa disneylandisation et sa loftstorisation. Il sera imposé partout – vendu serait plus juste - au nom des meilleures intentions : nourrir la planète, sauver les pauvres, préserver les générations futures…
p.71 – Nous ne sommes pas seulement devenus accros aux marchandises, nous sommes, nous-mêmes, de plus en plus des marchandises et rêvant de marchandises.
p.81 – Les mots de nos révoltes passées ont été salis par les tragédies du XX° siècle comme le stalinisme. Nous avons besoin de mots neufs pour réveiller les forces émancipatrices.(…le mot-obus) la décroissance a une fonction de poil à gratter idéologique, elle sert à décoloniser nos imaginaires.
p.87 – Les gauches optimistes ont (presque) toujours été productivistes alors que les gauches antiproductivistes n’ont cessé de cultiver le pessimisme. Cela devrait nous amener à imaginer la possibilité d’une gauche antiproductiviste ET optimiste. Ce livre ne fournira néanmoins pas une réponse exhaustive. Il y faudra une intelligence collective et un cumul de sensibilités différentes. Voilà qui nous invite explicitement au débat et on pourrait en rester là, tant j’aurais encore de citations à faire !
Mais en voici une dernière pour la route… :
p.98 – Ce n’est pas d’abord parce que le monde va mal qu’il faut le changer mais pour jouir, ici et maintenant, de l’existence. Ah, il n’est pas triste, le pionnier Paul ! Cela me rappelle un certain Rodolphe qui, dans la mouise, proclame haut et fort : J’en ai marre d’être heureux !…
babelouest
17 avril, 2010 à 7:05
Bienvenue, camarade marchandise !
Toi, le code barre de mes nuits blanches,
je ne vais plus au cinéma,
la gauche a perdu cette manche,
il va falloir doubler le pas.
Le socialisme est dans l’impasse,
Le ciel, là-haut, a du souci,
les prolétaires ont la guerre lasse,
le soleil en est tout jauni.
La décroissance est une soluce,
produire plus n’a plus de sens,
le bonheur sait qu’il n’est pas plus,
mais mieux et moins sont l’évidence.
Le noir, le rouge sont affaiblis,
les ouvriers sans avenir
au Pôle emploi sont établis,
alors il faut tous réagir.
La gauche, la gauche, lève ton bras,
donne le signal des révoltes,
retrouve tes idées, tes combats,
les opprimés diront leur vote.
L’égalité doit triompher,
l’écologie est un moyen
pour faire ensemble une cité
où, solidaires,on ne craint rien.
Penser global, agir local,
de la banque casser la loi,
des politiques tuer le mal,
des financiers briser la foi.
La gauche, entends-tu bien le cri
de nos sœurs et de nos frères oppressés
qui meurent en silence, ébahis
de ton oubli de ton passé.
Ensemble, la planète nous appelle
pour chasser tous ses tortionnaires
et ramener une ère nouvelle
d’un élan révolutionnaire !
b.mode
17 avril, 2010 à 8:59
Le président lui-même est une marchandise. Dont la date de consommation est désormais largement périmée…
remi begouen
17 avril, 2010 à 10:06
Il y a tous les samedis matins une émission de France Inter (9h-9h45) que d’habitude je fuis : ‘Rue des Entrepeneurs’ qui tourne autour des ‘pauvres capitalistes en crise’. Surprise, tout à l’heure, le thème du jour est ‘la décroissance’!! J’écoute donc… Cela commence mal, par une provoc du Medef, qui met à son ordre du jour l’oxymore ‘la décroissance prospère’, nouveau gadget! Cela a au moins le mérite de souligner que nos barons(et leur baronne) ne savent plus quoi inventer !! Ouf, on passe à des choses plus sérieuses, avec le truculent québecquois Serge Bonjour, suivi de Jacques Généreux (du Front de Gauche), Vincent Cheney (directeur du journal La Décroissance) et Jacques Lhéritier (de ‘Slow Food’, inventeur du sigle de ‘l’escargot’) : Voilà qui va dans le sens des ‘sensibilités diverses’ que Paul Ariès souhaite inviter au vaste débat sur ‘la simplicité volontaire’ et l’avenir de la révolution sociale!…
2pasag the papoteur
17 avril, 2010 à 11:45
Vraiment non ce paradis de la société en jardin d’Edem de la décroissance où l’on retrouvera les echopes du cordonnier, du tailleur. Ce petit monde du service utile mais non créatif de produits. Déjà actuellement ce rêve de décroissance se réalise avec les délocalisations de la production. Paris comme Lille et très certainement d’autres villes touristiques de France sont peu à peu devenues des villes de services et dans un avenir proche arpentrons dans leurs rues les petits vendeurs « appâts à touristes » leurs proposant pour 1€ le bonnet phrygien. Une Europe desindustrialisée ayant son Allemagne « Arabie Saoudite » donc une Europe ne vivant ou plutôt végétant que grace aux charters de touristes asiatiques et indiens.
Voilà comment je le vois votre jardin en décroissance du monde meilleur. Un monde réservée à ceux qui possèderons culpabilisant de gaspiller ceux qui quémenderons le 1€ aux semelles des visiteurs de l’Europe.
Oui très écologiste Serge Bonjour : on ne peut pas empêcher les Chinois d’acheter des voitures et de consommer. Lol normal puisqu’ils les produisent et que bientôt il n’y aura plus qu’eux pour pouvoir se les acheter, pendant que nous nous ferons réparer nos semelles de souliers.
L’avenir : la marche à pied, le vélo et les transports en commun … Les années 50 tout simplement mais c’est normal faut bien aussi décroitre dans le temps
Pas à dire mais c’est pas demain que je serai écologiste de l’extrème
Tassin
17 avril, 2010 à 13:22
@ 2pasag the papoteur :
1) Tu confonds récession et Décroissance(qui ne correspond pas à une simple baisse du PIB)
2) « Déjà actuellement ce rêve de décroissance se réalise avec les délocalisations de la production ». C’est précisément les méfaits de la déréglementation du commerce international voulue par l’idéologie libérale qui produit cet effet. La Décroissance est une réponse à ce problème.
babelouest
17 avril, 2010 à 13:24
Cher papoteur, tu sais, à part le téléphone et Internet, voire les applications du Laser, on peut se passer de beaucoup de choses. Surtout de la télé. Et de la voiture, si les services publics le redeviennent vraiment. Calcule les économies réalisées rien qu’avec ce détail. Et puis les melons d’Argentine arrivés par avion, ou les fraises de février, ou d’autres aberrations du marché Mondial, on peut très bien les éviter.
Ajoutons les publicités inutiles parce que seulement incitatives, la presse pipole, et peut-être une ou deux autres choses dont l’absence ne gênera que quelques richards vivant de leurs retombées. On peut vivre aussi bien, sans pressuriser les ressources de la planète, à condition aussi de bien trier les déchets – mais c’est une habitude qui se prend très vite et ne demande bientôt aucun effort particulier.
b.mode
17 avril, 2010 à 13:41
Ajout d’un lien dans le corps du récit vers « le sarkophage » http://www.lesarkophage.com/
clarky
17 avril, 2010 à 16:20
la décroissance c’est pas si simple, bazarder toutes les merdes inutiles pour revenir aux fondamentaux n’est pas chose aisée !
y’a des trucs qui me parlent dans ton article, d’autres qui me semblent carrément irréalisables.
l’eau je suis à 200% d’accord, ici les gonzes commencent déjà à s’occuper de leur trou de flotte pour tremper leur cul cet été, faut voir le gaspillage et le crétinisme ambiant quand il s’agit de lustrer sa piscine…et je parle même pas du gazon qui demande sa tournée générale de longue quand la température commence à assécher son gosier, une putain d’hérésie le gazon dans le midi.
le tri génère pas mal de saloperies aussi, demandez aux habitants de fos et alentours ce qu’ils en pensent, cet incinérateur va larguer toute la merde de marseille dans une zone déjà massacrée par la pétrochimie, ils ont flingué l’étang de berre, dénaturé le site et relâchent leur merde pour le bien de tous…
écolo je suis, écolo je resterai, mais je ne me fais aucune grande illusion quand je vois ces bêtes humaines baigner dans leur égoïsme , pour sûr, mes voisins me disent, quand je suis bien luné, que mon jardin sec a de la gueule et qu’ils aimeraient bien que je les conseille pour créer le leurs, sauf que dès que tu leur dis que le gazon va sauter et que va y avoir des insectes qui vont débarquer ben là y’a plus dégun, ils préfèrent leur dallage béton et leur bain de soleil à se faire cramer recto verso pour faire in, pauvre de moi et de nous !
la révolution verte a déjà commencé et on en a fait un putain de bon film, ça s’appelle soleil vert, ça tombe bien c’est le printemps, ma saison préférée de vivaldi.
lapecnaude
17 avril, 2010 à 16:40
Voyons Rémi, qui peut lire Ariès ? Toi, les ruminants, quelques autres qui ont le désir et le loisir de le faire. Mais le populo, celui qui essaie de pointer au pol-emploi par tous les moyens, qui imagine tous les artifices que ceux-ci vont employer pour le dé-inscrire ? Les Français ne savent toujours pas à quoi peut servir l’Europe, ils s’en foutent, ils voient leurs usines se barrer, les pubs harceler leurs mômes pour leur faire bouffer çi ou çà, les ministres dire comme çi un jour et comme çà l’autre et quand ils vont au super marché, merde les patates ont encore augmenté ! Ariès à de bonnes idées, mais trouves moi un politique qui peut s’en faire le hérault.
En ce moment, depuis trois jours on ne nous parle que du Polonais, ce HHHHéro, qui est mort bètement, connement (mais çà personne ne va le dire), parce qu’il ne voulait pas recevoir d’ordres des contrôleurs aériens russes … les français s’en foutent, polonais, pour eux, çà veut dire « plombiers » et « directives europe », « délocalisations » et CHOMAGE.
Gauche comme çi, gauche comme çà, il n’y aura bientôt plus qu’une seule gauche, celle des crève-la-faim, la vraie, celle qui devra retrouver ses instincts de solidarité, de combat, celle qui ne fera plus de philosophie de croissance et de décroissance parce quand on est à zéro on n’a plus qu’une seule chose à faire, s’en sortir en avançant, dans le bon sens. On l’a fait, on le refera. J’espère seulement qu’il n’y aura pas trop de têtes au bout des piques.
Bab, j’aime bien les strophes 5 à 9.
Je ne sais si le Papoteur a connu les années 50, moi si, marcher, tricoter, rèver, intellectuels et manuels à la fois, aller au ciné du curé le dimanche après-midi, cultiver ses carottes et ses petits pois au jardin, les mettre en conserve dans des bouteilles de champ (vu que les bocaux c’était cher), candide quoi …. sans Ipod, sans musique folk, punk, rasta etc… de l’André Clavaux et de l’Edith Piaf sur les tourne-disques Teepaz… Pô, pô, pô, dis !
b.mode
17 avril, 2010 à 16:43
Pecnaude, c’est pas passe que tu es inculte en hard punk qu’il faut en dégoûter les autres !!!
lapecnaude
17 avril, 2010 à 16:45
@ Clarky – chouette que tu sois revenu, j’ai pas osé te téléphoner, tes colères me manquaient.
Bises.
lapecnaude
17 avril, 2010 à 16:49
@ B.Mode – OK je suis inculte en hard punk, mais que veux-tu mes dictionnaires ne me disent rien là dessus, tu veux me faire un cours ? De toutes façons je me bile pas je suis inculte dans des tas de matières, çà me laisse du taf pour les années (mois ?) qui me restent. Mais tu ne répond pas à ma diatribe !
lapecnaude
17 avril, 2010 à 16:50
@ B.Mode – je me trompe ou tu es en train de me traiter de mémé ?
b.mode
17 avril, 2010 à 16:59
Y’a beaucoup de question dans ce que tu dis ! Mais si ton interrogation principale est que le populo se fout comme de sa première chemise de la décroissance, la réponse est évidemment oui. Forgé à consommer toujours plus, il ne comprend plus la survivance dans lequel les banksters l’ont obligé à être…
clarky
17 avril, 2010 à 17:00
tu aurais dû pecnaude, je suis un ours, un rustre, un con fini quoi, mais je sais être aimable avec ceux et celles que j’apprécie, même si y’en a de moins en moins
punaise, je te rassure pecnaude, moi aussi j’ai l’inculte entre deux chaises en ce moment !
je reviens trente secondes sur l’article, slow food c’est tout sauf de l’écolo, là on parle plus de l’art d’accommoder les restes mais de comment faire de l’artiche en prônant le bio et le bien bouffer comme mode de vie, sauf que parfois y’a pas assez de beurre à mettre dans les épinards et que le lambda de base fait sa tambouille avec le peu de feuilles qu’il a dans la bourse
b.mode
17 avril, 2010 à 17:06
J’aime beaucoup la métaphore du volcan islandais ! Il est annonciateur de la décroissance et de la fin de la précipitation vaine ! Le Sarkozysme a été le point ultime du stress et du strass ! Qu’il disparaisse à jamais !
laetSgo
17 avril, 2010 à 17:48
si on expliquait aux gens que, loin de les priver de tout, une certaine décroissance les remettrait au centre, ça ferait déjà pas mal avancer les choses….déjà, ça permettrait de recréer des emplois qui sont partis à l’autre bout du monde (industrie, agriculture, services publics, etc..) sachant que le préalable est bien sûr de rompre avec la mondialisation et donc de rétablir des barrières protectionnistes et notre monnaie ! Out l’€uro et l’Europe des maîtres de forge ! Et pis faudra aussi désintoxiquer les gens habitués à « consommer pour être heureux » en interdisant la pub (cf programme de babel).
je n’ai pas lu Ariès et ne sais donc pas jusqu’où il veut aller, mais un retour aux années 50 évoquées par lapecnaude me semblerait pas mal du tout ! Il y avait déjà un certain nombre d’éléments modernes (on va pas retomber au moyen-âge non plus et il est hors de question que ce soient les femmes qui trinquent !) avec suffisamment de simplicité néanmoins pour profiter du temps qui passe…vivre (et non survivre) quoi !
lapecnaude
17 avril, 2010 à 18:28
@LaetSgo – mais on vivait dans les années 50. Sauf qu’on obligeait pas les mômes a aller à l’école jusqu’à 16 ans à apprendre ou à passer leur temps à ne rien foutre, à 14 ans on allait en apprentissage car le maillage d’artisans et de PME était suffisant. On commençait à être en auto-suffisance… c’était dur, parce que acheter un vélo à chaque gosse, fallait pas y penser, un pour deux ou trois et démerdez vous ensemble. Il n’y avait pas de fast-food et on ne connaissait pas les plats préparés surgelés, mais on bouffait quand même bien. Sûr que les femmes n’avaient pas l’indépendance qu’elles ont maintenant, parce que tout çà, çà occupait. Mais vous, les jeunes, vous ne pouvez savoir les trésors d’imagination que cette époque a créé.
La technique a amené le confort et le désir, puis le besoin et ensuite la nécessité, c’est un cercle vicieux. Mais je d’accord avec toi sur le programme de Bab, tellement j’en ai marre des conneries qui se font actuellement. En attendant sais-tu tricoter ? car avec la décroissance va falloir réapprendre plein de choses, comme tondre les moutons de Poitou-Charente et autres contrées pour en faire de la laine…. Ah ! laver la toison à la soude, la rincer à la rivière (s’il en reste), la carder, la filer et la tricoter ! BENAISE? Je te dis rien de çà !
Bon, je retourne planter mes pétunias….
b.mode
17 avril, 2010 à 18:37
Je note que tu ne réponds pas non plus à la mienne…
laetSgo
17 avril, 2010 à 18:39
Oui, je sais tricoter, repriser et même crocheter (merci ma grand-mère qui malheureusement n’est plus là !)
Quand je parlais de « confort », je pensais surtout à la machine à laver ou au lave-vaisselle par exemple…parce que si décroissance signifie retour à l’âge de pierre pour les femmes (enfants, cuisine, ménage), ça ne me va pas du tout. Je pense qu’on peut allier un minimum de matérialisme utile avec la sobriété. Laver la toison à la soude ? oui, si tu y tiens, mais je préfère cultiver mon potager, et rien qu’avec ça, il y a un vaste réservoir d’emplois ! D’ailleurs, tant qu’à être dans l’utopie, je suis pour un revenu de vie qui serait contre-partie d’un travail pour la collectivité, à l’aune des possibilités de chacun, sur le modèle des réseaux d’échange solidaires. Merde, on n’a pas fait tous ces progrès, inventé toutes ces machines, tant gagné en productivité pour continuer à trimer comme des bêtes pour un salaire de misère !
babelouest
17 avril, 2010 à 18:42
Années 50 : pas de viande tous les jours, mais des légumes variés et bons, selon les saisons. En guise d’hypermarché, c’est le fourgon COOP (PUB) qui passait à domicile, ainsi que le boucher, le charcutier, le mareyeur, le marchand d’étoffes et de bleus de travail ; le garde-champêtre venait chaque semaine crier les annonces légales de la commune, mais aussi le passage mensuel du marchand de chaussures au café du village ; le bourrelier s’installait chaque mois dans une salle désaffectée, juste de l’autre côté de la rue ; on allait à la boulangerie une ou deux fois la semaine, et bizarrement le pain ne séchait pas (il pesait 2 Kg, aussi) ; juste avant d’arriver dans les odeurs de pâte cuite, c’était le local de l’alambic pour trois ou quatre communes qui embaumait le raisin pressé : en hiver le bouilleur était là, avec ses grosses briquettes noires, les tonneaux des vignerons locaux, et les bonbonnes d’eau-de-vie juste distillée. Je connaissais bien : c’était mon père qui faisait les comptes, avec mon aide parfois.
Il n’y avait qu’un téléphone, à la poste. Le seules voitures étaient celles du médecin, du village d’à-côté, et d’un ou deux notables. Le char à bancs était le moyen de locomotion habituel, chez la plupart des gens. Comme tout le monde avait un cheval ou deux…. ceux-ci servaient aussi pour les loisirs et les déplacements obligés. Même les vélos étaient rares, et souvent d’avant-guerre. Il y en avait deux à la maison : parfois le dimanche, mes parents les enfourchaient, avec les deux enfants installés sur de petits sièges, sur les porte-bagages. On faisait quelques kilomètres par les petits chemins embaumés de mûres, et on rentrait satisfaits.
Bien entendu, la télévision n’existait pas, seul fonctionnait le vieux poste calé sur Paris Inter ou Radio Luxembourg. Il y avait même des émissions pour les enfants, le jeudi après-midi. On vivait, en somme.
laetSgo
17 avril, 2010 à 18:58
@babel tu as bien de la chance d’avoir connu ce temps, cet âge d’or (même s’il devait y avoir des revers…). Et puis après 5 années de guerre, je pense que les gens pensaient plus à construire (un monde meilleur) qu’à se jalouser et s’envier ! Moi, depuis que je suis née, le seul terme que j’ai toujours entendu, c’est « crise »…pas bonheur, joie de vivre, plein emploi, insouciance, non, crise, encore et tjs…et ça commence à me gonfler sévère !
laetSgo
17 avril, 2010 à 19:01
et la télé, je m’en passerais très bien ! je souhaiterais juste garder internet car c’est : grâce à ce medium que je vous ai rencontré / un outil de démocratie participative qui pourrait être hé-naur-me s’il était utilisé à cet effet (ce que nous tous commençons à faire !)
babelouest
17 avril, 2010 à 19:14
Il n’empêche : la plupart des jeunes garçons, comme le rappelle La Pecnaude, allaient en apprentissage, ou le cas le plus fréquent, devenaient aides familiaux (pas vraiment rémunérés, mais nourris et logés) dans la ferme de leur père. J’ai été parmi les rares à y échapper, et à partir « en sixième » à 11 ans, tout un évènement, à la ville. C’était à vingt kilomètres, mais c’était le bout du monde. J’ai enduré des pages et des pages d’écriture pour bien former de belles lettres bien droites, pendant les vacances précédentes. Et puis, une fois entrés là-dedans, on n’en sortait que pour les vacances : c’était long !
Certains regrettent le temps de leur enfance : moi pas.
b.mode
17 avril, 2010 à 19:24
La démo-crasseuse est l’inverse de la prétendue démocratie. Le vôte instrumentalisé par les médias auwx ordres aboutit à la pire fange ! Celui d’un leurre qui officie pour les richissimes…
lapecnaude
17 avril, 2010 à 19:44
D’accord, j’ai un poussé, excuses moi LaetSgo, mais ce nous disons Babelouest et moi est vrai, çà a existé cet art de vivre, c’était dur des fois, surtout l’hiver, mais quels printemps et quels étés … sans oublier l’automne et les champignons dans les bois. On savait utiliser tout ce que la nature nous donnait et c’était immense. J’adore lire Bab quand il évoque sa jeunesse, la criée du cantonnier avec son tambour… le bouilleur venait dans ma cour, et c’était plus souvent de la mirabelle et de la prune murie en tonneaux qu’il distillait. Le cheval communal était dans l’écurie à côté de chez moi, « Gamin », il adorait les laitues du Père Ména (un espagnol réfugié avec sa Maria de la guerre d’espagne)… je suis rentrée en sixième à dix ans, avec juste 500 mètres à faire pour aller « en cours », je rigole en disant cela parce que le collège était tellement petit que j’avais fait ma primaire dedans. J’ai changé de classe mais ai gardé la cour avec ses trois immenses tilleuls que l’on cueillait fin juin.
Tiens LaetSgo, pour le jardin, je me souviens qu’à la fin de la guerre, mon père étant un fumeur impénitent avait planté du tabac entre des rangs de rutabagas, pour les planquer, après on les a ramenés à la nuit tombante sur la brouette pour les faire sècher au grenier… bonjour les remugles !!
lapecnaude
17 avril, 2010 à 19:47
@B.Mode – pourquoi pas un petit examen suivi de cours avant la délivrance des cartes d’électeurs ?
laetSgo
17 avril, 2010 à 20:06
ô lapecnaude ! je t’envie vraiment d’avoir connu ce temps ! (parenthèse : tu plantes déjà les pétunias ? c’est un peu tôt non ? et les saints de glace alors bordel !
b.mode
17 avril, 2010 à 20:29
Aïe, @pecnaude, je vois pas de quoi tu causes…
lapecnaude
17 avril, 2010 à 21:29
@ LaetSgo – Ô temps suspend ton vol !….
Avoir eu quinze ans … jeunette et simplette ! si on me renvoyait dans ces années là (avec mes acquis) plus de nénés en gants de toilettes et de fesses en gouttes d’eau, plus de masque de ridules (là je suis vraiment mirreau)… quelles conneries je pourrai inventer !
@ B.Mode – Vaste programme ! Mais quand je vois des gens aller voter pour la tête d’un couillon ou d’un autre parce que l’un a des moustaches qui lui vont bien ou que l’autre lui a été recommandé par son voisin .. je PANIQUE !
Faut tout reprendre à la base. Qu’est-ce qu’un pays ? Qu’est-ce qu’une commune ? Comment çà marche? etc … S’ils savaient POURQUOI ils votent, ils trouveraient bien pour QUI et tout seuls. De toutes façons, je sais que c’est utopiste, comme la décroissance, le tout c’est d’en rèver. Je suis certaine que 80% des électeurs ne savent pas exactement pour QUOI ils votent, çà c’est bien vu aux dernières présidentielles, un vrai concours de bateleurs !
remi begouen
18 avril, 2010 à 0:59
‘Voie militante’ à Brioude dans l’Eure : j’ai été voir ça, grâce au lien intelligent fait par les ‘grands chefs’ de Ruminances, lorsque que j’indique dans mon papier que Paul Ariès vient de publier un pamphlet contre Dany Cohn-Bendit. Allez y-voir !
Je trouve très sympathique, certes, les discussions aller-retour entre les habitué(e)s du blog. Moi aussi j’ai de bons et mauvais souvenirs des années 1950. En 1936, je n’étais pas né. Mais j’ai appris que la grève générale d’après la victoire électorale avait imposé au ‘Front Populaire’ ce qui n’était pas prévu dans le programme : les 40 heures et les congés payés… sans réussir à sauver l’Espagne républicaine des griffes de Franco, hélas…
Ces leçons de l’Histoire sont importantes, certes. Et l’avenir se passera autrement, forcément. Mais forcément avec le peuple et ‘la simplicité volontaire’… et je souhaite que le débat continue autour de ce thème majeur!
lapecnaude
18 avril, 2010 à 14:43
@ Rémy – Tu parles des grèves de 36 et du Front Pop et de ses avancées, mais c’était presque une révolution, un refus du capitalisme, quelque chose qui venait des tripes et non une bataille de « pilpoul » telle qu’on la vit en ce moment. Des mots, des bouts de phrases, c’est à celui qui trouvera le slogan pub qui imprégnera le mieux le peu d’espace laissé libre par
« Plus belle la vie et Navarro », c’est à la joute politique actuelle.
Pendant ce temps, la terre donne un avertissement à tous ces rapaces de la consommation : un volcan se fâche, fait juste de la fumée, et tous ces beaux messieurs alignent les chiffres astronomiques de leur manque-à-gagner … plus de voyages, ben merde alors et nos vacances ? (à cette période la lutte sociale on s’en fout), plus de fret aérien…çà c’est plus grave, les objet et articles de consommation DE LUXE voyagent par avion, pas les Jeans « made in china » … grave, grave, grave ! Nos ministres à la noix ne peuvent même plus louer des jets et des super-falcon pour aller passer quelques jours de détente aux Seychelles ? C’EST LA DEBACLE !!!!
Ces couillons de soit-disant journalistes vont devoir encore (!) inventer des mots pour gravissimer cette nouvelle crise.
Ben moi, je dis, y a pas de fumée sans feu, et j’ai bien envie d’y ajouter la paille au ….
lediazec
18 avril, 2010 à 15:36
@Lapecnaude. Il est vrai que cette histoire de volcan fait réfléchir un brin. Quand on montre la lune aux cons, les cons regardent le doigt, pourrait-on dire. A force de regarder l’espace, on oublie que la terre en tant qu’entité à part entière a aussi son mot à dire. Du coup, tout devient relatif ou presque. Cela pour dire que vivre est un acte d’héroïsme depuis 5 milliards d’années. Ca tient à si peu de chose…
Sinon, j’ai vécu ce qu’on appelle, avec un zeste d’exagération, la « belle époque », celle où les gens se parlaient, riaient, s’engueulaient pour un morceau de pain ou pour un bout de parcelle individuelle qu’on empiétait sans faire attention. Une vie qui n’était pas si drôle mais qui parfois procurait des joies simples. Comme, par exemple, celle de se retrouver à vingt personnes devant le seul récepteur télé du quartier chez le voisin d’en haut pour regarder un feuileton ou une série à la con. Pour moi c’était Simon Templar. Une autre vie, mais aussi des galères, de la misère et beaucoup de frustration. Le bon, le moins bon et le carrément mauvais. La vie c’est très relatif, mais qu’est-ce qu’on est content de la vivre !
Dernière publication sur Kreizarmor : Place Vendôme, haut lieu de l'indécence
babelouest
18 avril, 2010 à 15:40
Hmmmm… encore ces fondus de l’avion ont-ils bien de la chance : les laves islandaises sont relativement fluides. Il ne risque pas de s’y produire de catastrophe telle que celle de 1883 au Krakatoa (elle s’est entendue jusqu’à 4800 Km). Les cendres ont mis des années à enfin dégager le ciel. Heureusement, à l’époque il n’y avait pas d’avions dans cette région-là. Imaginons que les Chantiers de l’Atlantique en soient réduits à construire en catastrophe une série de paquebots pour relier le Nouveau Continent à Cherbourg et Plymouth, comme au temps du (glou glou) Titanic ! Excellent pour l’emploi côtier, dur dur pour Toulouse et ses sous-traitants !
Et vive la marine à voile, et M’sieu Eole en moteur pas cher.
lapecnaude
18 avril, 2010 à 16:51
Tiens, en parlant d’Eole, vous avez certainement lu les articles concernant le rapport Ollier, le mec à Alliot-Marie concernant le devenir de l’éolien ? Encore un truc qui peut rapporter mais pas dans ses poches alors il est contre. Moi j’ai vécu sept ans avec une vieille éolienne toute rouillée qui alimentait des batteries de tracteur (12 volts s’il vous plait), c’était çà où la la lampe à pétrole … D’accord elle faisait du boucan et quand le siroco soufflait un peu trop fort fallait l’arrêter en tirant sur le fils de fer de freinage, ou quand les batteries se mettaient à bouillonner un peu trop. Mais quel confort !
Messaoud me disait « li pitrol c’est pour les arabes, l’itricité c’est pas bon » faut dire qu’il avait fait un séjour chez l’O.R. du coin et que nous avions eu bien du mal à l’en sortir.
des pas perdus
18 avril, 2010 à 17:09
la décroissance et le sarkophage prouvent qu’il existe une presse de qualité dans ce pays… Je pense que le nouveau numéro de Fakir va sortir très très prochainement.
Des titres qui vivent sans la pub, ironie du moment où Le Monde va se vendre au plus offrant…
Une petite vidéo avec Ariès : http://www.lateledegauche.fr/index.php?pge=video&id_rubrique=9&id_departement=13&id_video=111&tag=contre%20grenelle
Tassin
18 avril, 2010 à 22:07
Allez voir cette petite interview de Paul Ariès dans laquelle il explique pas mal de choses sur la Décroissance dans le paysage politique.
http://www.dailymotion.com/video/xcyxj3_paul-aries-pour-une-gauche-antiprod_news
2pasag the papoteur
19 avril, 2010 à 20:45
Tiens, j’avais envie de répondre, mais après réflexion, j’ai repris ma diatribe. J’me suis dis faut pas envenimer les rêves de bonheur des temps anciens.
Lapecnaude je te laisse à tes pétunias, j’espère que le nuage de cendre ne viendra pas perturber leur croissance Babel très belle description de ce monde idilique, sauf que y avait aussi la guerre dans les années 50. Moi, je retourne sur facebook
Falcombello
29 avril, 2010 à 11:56
Bonjour,
Je travaille actuellement, pour la Radio Suisse Romande et la chaîne Espace 2 (l’équivalent de France Culture en Suisse), sur un projet de table ronde ayant pour thème la décroissance. C’est donc à ce propos que je souhaite obtenir le contact de Paul Ariel. Ce serait d’une immense aide pour moi.
Merci d’avance et bonne journée.
jean-marc falcombello
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jean-marc falcombello
Espace 2 – RSR
Babylone et Dare-Dare
b.mode
29 juin, 2010 à 5:40
Passionnant entretien avec Paul Aries ! http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/Regarde-les-hommes-changer/Sons/Paul-Aries-218826/