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Le pionnier Paul Ariès nous invite à un grand débat !

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9782359250022.jpgIl existe parfois d’étonnants et épatants ‘pionniers’, on en a bien besoin dans notre horizon quotidien morose. Je viens d’écouter, par hasard, sur France-Inter, Bertrand Picard, pionnier tout comme son père Jacques et son si célèbre grand-père Auguste. Eux trois, c’est dans les domaines très ‘pointus’ d’appareils révolutionnaires pour monter l’homme très loin au-dessus des nuages ou le descendre très bas sous le niveau marin. Bertrand Picard, d’abord médecin psychiatre et maintenant ’3°pionnier de la famille’, est l’actuel inventeur d’un tout nouvel avion ‘carburant’ à l’énergie solaire, lequel a récemment réussit son premier vol. Il répond à peu près ceci à une question de journaliste : ‘Je souffre de la dépendance aux énergies fossiles en voie d’épuisement et de la bêtise de la classe politique, épuisante’… : belle association !

Je pense que le pionnier Paul Ariès pourrait reprendre la formule à son compte, encore qu’il exerce ses talents novateurs dans un autre domaine, celui d’une audacieuse analyse de l’évolution sociale à venir, via une écologie politique radicale. Par exemple radicalement opposé à l’un des papes du ‘Capitalisme Vert’, Daniel Cohn-Bendit (il vient de lui consacrer un pamphlet nouveau que je n’ai pas lu). Mais, en janvier 2010, il a surtout publié un bel essai ‘La simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance’, aux éditions de La Découverte, dans la collection ‘les empêcheurs en penser en rond’…dont il est, éloquemment, un pionnier.

Si Paul Ariès n’a pas, lui, d’antécédents familiaux prestigieux, il a une plume alerte, que j’apprécie dans ses articles du mensuel ‘La Décroissance’ (le journal de la joie de vivre… et des casseurs de pub’). Il est aussi directeur du journal ‘Le Sarkophage’, au titre explicite. A propos de titres, je découvre en page de garde de son livre sa liste de publications depuis 1997 : l’auteur est prolifique ! Et il demeure modeste, comme tout vrai pionnier : à preuves, il donne son adresse mail à ses lecteurs, chose rare dans les ouvrages publiés, et ne se présente que comme ‘militant écologiste’…

Ce ‘simple militant écolo’ est surtout animé d’un désir de révolution sociale, mû par une vision lucide de la dégradation dramatique de la planète, dû au système capitaliste vermoulu. Lequel a corrompu depuis longtemps ‘la gauche’ censée diriger la révolution. L’analyse va loin, dans Karl Marx et avant, et depuis : ‘Si la gauche a toujours été productiviste, les mouvements populaires ont toujours été anti-productivistes’ retient de ce livre l’excellent ‘Comité de Châteaulin pour une alternative au Capitalisme’ (voir le site ). Autre avis, repris en bande annonce du livre : ‘Paul Ariès pulvérise les idéologies du progrès et de la croissance, pour une alternative politique au ‘capitalisme vert’. Cela va plus loin, audacieusement, par exemple une gratuité de l’eau (pour l’usage domestique, pas pour les piscines privées, ni les terrains de golf, moins encore pour le maïs OGM !)… Ce livre est un laboratoire d’idées, pas forcement nouvelles, mais ici rendues cohérentes par l’auteur. Il n’est pas question dans ce papier de rendre compte de tout ce que recèle ce livre de 300 pages, qui est bien plus important que de gros volumes abscons sur plus ou moins le même sujet (en principe).

A l’invite de son auteur, je fais ici dans ‘la simplicité volontaire’. Il médite d’ailleurs sur la vérité du ‘droit à la paresse’ – selon le pamphlet de Paul Lafargue, qu’il replace dans son contexte daté. Et moi je médite sur mon travers ou ma qualité de lecteur, face à de tels ouvrages talentueux, voire fougueux : si je suis parfois très ‘studieux’ à ma lecture, je me surprend souvent à ‘lever le nez’, me perdre dans les nuages roses de la rêverie (‘Et si, et si… c’était possible… le bonheur ?’) : Car, sans étonnement pour moi, Paul Ariès invite la poésie, l’imagination créatrice, à son secours… Et moi je vous invite à le lire, à en prendre de la graine ! Viva la Revolución !

Le sujet de ce livre est si important, qu’il me semble être indispensable d’en débattre un peu partout, et déjà ici ‘entre ruminants’. C’est pourquoi je conclue en vous donnant quelques citations du bouquin, histoire de vous mettre en appétit de sa lecture et d’amorcer le débat :

p.8/9 – Les gauches restent aphones depuis qu’elles ne savent plus comment concilier les contraintes environnementales avec leur souci de justice sociale. (…) L’antiproductivisme peut se conjuguer avec la joie de vivre. Nous emprunterons quelques chemins giboyeux qui pourraient nous conduire à cette simplicité volontaire face à l’illusion mortelle de la société d’abondance.

p.19 – Le capitalisme vert sera l’âge d’or de la barbarie productiviste. C’est le risque de la tchernobylisation du monde, après sa mcdonaldistion, sa disneylandisation et sa loftstorisation. Il sera imposé partout – vendu serait plus juste -  au nom des meilleures intentions : nourrir la planète, sauver les pauvres, préserver les générations futures…

p.71 – Nous ne sommes pas seulement devenus accros aux marchandises, nous sommes, nous-mêmes, de plus en plus des marchandises et rêvant de marchandises.

p.81 – Les mots de nos révoltes passées ont été salis par les tragédies du XX° siècle comme le stalinisme. Nous avons besoin de mots neufs pour réveiller les forces émancipatrices.(…le mot-obus) la décroissance a une fonction de poil à gratter idéologique, elle sert à décoloniser nos imaginaires.

p.87 – Les gauches optimistes ont (presque) toujours été productivistes alors que les gauches antiproductivistes n’ont cessé de cultiver le pessimisme. Cela devrait nous amener à imaginer la possibilité d’une gauche antiproductiviste ET optimiste. Ce livre ne fournira néanmoins pas une réponse exhaustive. Il y faudra une intelligence collective et un cumul de sensibilités différentes. Voilà qui nous invite explicitement au débat et on pourrait en rester là, tant j’aurais encore de citations à faire !

Mais en voici une dernière pour la route… :
p.98 – Ce n’est pas d’abord parce que le monde va mal qu’il faut le changer mais pour jouir, ici et maintenant, de l’existence. Ah, il n’est pas triste, le pionnier Paul ! Cela me rappelle un certain Rodolphe qui, dans la mouise, proclame haut et fort : J’en ai marre d’être heureux !…

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