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La saint cochon

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cochon.jpgIl fait froid ce matin de janvier, un ciel gris et lugubre présage mal de la journée à venir. Tonton Marcel et Tonton Claude sont déjà arrivés. Les tantes sont à la cuisine et préparent les plats et les ustensiles pour la grande fête qui se prépare. Dans la cuisine tonton Marcel sort une bouteille de gnôle. « Allez, on a bien mérité un petit coup pour se réchauffer. » Les trois verres duralex se remplissent d’un vieux tord-boyaux à la provenance indéterminée. Je goûte : c’est encore pire que ce que je pensais. Je finis le verre cul sec pour abréger la cérémonie. Je sens aussitôt une brûlure m’arracher l’œsophage sur toute la longueur. Beurk !

Pendant qu’une brève discussion s’amorce sur la pluie, le beau temps et autres considérations de circonstance, je me demande soudain comment j’ai pu en arriver là. Je m’étais juré de ne jamais cautionner cette cérémonie barbare. Je suis vraiment trop con…  Les verres vides se reposent sur la table en chêne « Bon, ben c’est pas le tout », dit le tonton Marcel jovial, « On a du boulot maintenant, en route. » Il s’essuie la bouche du revers de sa main et sort dehors.

Chaque année tonton Marcel élève un cochon, « parce que c’est la tradition » mais aussi parce que « c’est bien meilleur que chez Leclerc ». Cette année, le cochon s’appelle Jean-Louis, un nom de baptême, un beau nom pour un cochon. Jean-Louis a gambadé dans le champ tout l’été, et s’est gavé tout l’automne de glands et de châtaignes dans le sous-bois. Jean-Louis est devenu énorme. A mesure que l’on s’approche de l’étable en pierres, on entend les couinements de Jean-Louis s’amplifier. Le cochon connaît le jour de sa mort. Une sorte de sixième sens le prévient. Il sait exactement ce qui va lui arriver. Son petit cœur noyé dans la graisse bat à tout rompre. Depuis des semaines déjà il est enfermé dans un petit réduit en planches avec juste un peu de paille pour dormir. Il couine, il grogne, il pleure : « je veux encore gambader dans les prés avec les porcelets !  Je veux encore des glands !  encore des châtaignes ! encore des siestes sous les chênes dans la douce brise de l’été !  Libérez-moi !  Libérez-moi ! grrrouirgghhhh !!!».

En franchissant les quelques mètres qui me séparent encore de l’étable, l’angoisse m’étreint la gorge. Le temps s’étire démesurément pour faire entrer dans ces quelques secondes tous les mauvais souvenirs que me rappelle cette sale matinée : l’oral d’Allemand au bac, le passage du permis de conduire, les entretiens d’embauche avec des types en cravate, la salle d’attente du dentiste.  Je suis si bien dressé que je vais de moi-même vers ce que je déteste le plus, sans contrainte physique, par l’injonction sociale, ou simplement parce que je n’arrive pas à imaginer comment je pourrais faire autrement.

Jean-Louis est sorti manu militari de son réduit en planches, et malgré ses protestations sonores, tiré par une corde et amené quelques mètres plus loin, dans la cour, près du tracteur. Il y a là une sorte d’établi, et dessus un chalumeau. « Ils ne vont pas le torturer quand même ? » Tonton Marcel attache le condamné au tracteur par la patte arrière, pendant que tonton Claude revient de l’atelier avec la masse. Il me tend l’outil. « Tiens puisque tu es là tu n’as qu’à lui en mettre un coup sur la tête pour l’estourbir. Nous on commence à se faire vieux tu sais. » Je suis saisi de stupeur. « Ces salopards veulent me mouiller dans leur sale truc… Je vais devenir complice… complicité de crime contre cochon… » Je me vois soudain dans l’enceinte d’un tribunal où je figure à la barre des accusés, un tribunal de cochons en costume, un cochon procureur, des cochons avocats, des truies de bonne famille au premier rang, dont les porcelets courent entre les travées de bois sombre, avec un vacarme qui me rappelle les grognements de jean-Louis…

« Alors c’est pour aujourd’hui ou pour demain ? On va pas y passer la journée ! » s’énerve tonton Marcel. Je me mets devant Jean-Louis, je lève la masse… après tout ce n’est qu’un cochon… Je ne vais pas me ridiculiser devant toute la famille. Au moment où j’abats la masse sur la tête du cochon, celui-ci bouge et je rate à moitié mon coup. Jean-Louis hurle, pousse des cris déchirants dans les aigus, le crâne à moitié fracassé, un œil pendant lamentablement hors de son orbite. « Nom de diou tu l’as raté ! Mets-lui en un autre avant qu’il ameute tout le quartier » hurle tonton Marcel. A moitié abasourdi par les hurlements de Jean-Louis et les imprécations du tonton, je lève la masse et je l’abats de toutes mes forces sur la tête de Jean-Louis. La tête explose littéralement et des bouts de cervelle giclent sur le pavé, attachés à des morceaux de crâne. C’est un carnage. La tête de Jean-Louis ne ressemble plus à rien. Je retire la masse poisseuse sur laquelle sont restés des petits bouts de cervelle blanche qui ressemblent à du flan.

Je suis un assassin…

Jean-Louis s’est effondré sur le flanc dans un râle. Au moins on ne l’entend plus. Tonton Marcel attache les deux pattes arrières de Jean-Louis à la fourche du tracteur, celle qui sert à manipuler les bottes de foin. Après avoir démarré le tracteur, Il actionne l’élévateur de la fourche et Jean-Louis se dresse avec, décollant bientôt de terre, la tête pendant dans le vide, avec un léger mouvement de balancier.

« Eh ben tu l’as drôlement arrangé » dit tonton Marcel l’air ennuyé. « Enfin l’essentiel c’est que ce soit réglé », ajoute-t-il pour ne pas m’accabler.Tonton Claude a amené une grande bassine et un couteau. Il saigne Jean-Louis à la gorge, et pendant que le sang coule à gros bouillon, il commence à tourner le sang noir dans la bassine avec un bâton. « C’est pour ne pas que ça coagule », m’explique-t-il.  Tonton Claude repart à la cuisine avec sa bassine de sang, pendant que tonton Marcel empoigne le chalumeau et commence à brûler les soies du cochon de haut en bas, sur toute la surface de la peau qui prend une teinte noirâtre. Le sort de ce pauvre Jean-Louis me fait penser à ces exécutions barbares du moyen-âge, où l’on continuait à infliger des sévices au condamné même après sa mort, en le décapitant, le brûlant ou en lui infligeant encore d’autres sévices atroces. Je repense à cette hagiographie des saints que j’avais lue un jour par désoeuvrement. On y décrivait par le menu tous les sévices infligés aux différents saints et qui participaient de leur grandeur: pelés, émincés, hachés menu ou broyés, rôtis, bouillis, démembrés de diverses façons, empalés, dévorés par différentes bestioles terrestres ou aquatiques : lions, ours, tigres, panthères, murènes ; crucifiés, enduits de poix et transformés en luminaires dans les jardins de Néron… Ils n’ont jamais pensé à les manger, c’est bizarre…

Tonton Claude revient avec une grande bassine d’eau chaude, des brosses et un racloir. C’est la toilette du mort. Jean-Louis est lavé, brossé, raclé jusqu’à ce que sa peau soit bien nette. Je suis écoeuré…

« Si il fallait tuer le cochon à chaque fois qu’on mange des saucisses, on en mangerait moins souvent, hein mon gars ! » me dit tonton Marcel en rigolant. Jean-Louis est maintenant éventré, éviscéré, les tripes sont mises dans un bac. On ne jette rien. Puis on le coupe en morceaux sans plus de cérémonies, pendant que mes tantes font la navette avec diverses gamelles pour entasser les quartiers de viande.

La boucherie continue jusqu’à ce qu’il ne reste plus que les deux morceaux de cordes attachés au tracteur, qui se balancent au vent. Les voisins arrivent maintenant avec le sourire aux lèvres, pour donner un coup de main à faire saucisses et boudins, avec la perspective d’un bon gueuleton à la clé. C’est la fête au cochon…

Le cochon Jean-Louis, saint et martyr, Jean-Louis dont la gloire périssable s’élève au ciel dans la litanie des boucheries charcuteries : boudin, saucisses, saucissons, lard, pâtés, rillauds, rillons, rillettes, andouille, andouillette, pieds, oreilles, queue, jambons, rôtis, museau, tripes, chaudin, foie, cœur, rate, côtelettes, filet mignon, lard, couenne, saindoux, crépinette…

(publication initiale sur mon site http://www.cuisinantes.com )

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45 Commentaires

  1. lediazec

    16 mai, 2010 à 7:05

    Pauvre Jean-Louis. Après lecture de ton texte, mon cher Christophe, cela ne m’étonnerait pas qu’il y ait une vague de conversion aux idées végétariennes.
    Quel sauvage ce Marcel ! Aussi sauvage que son alambic !
    Je commence à plaindre les Jean-Louis !

    Dernière publication sur Kreizarmor : Place Vendôme, haut lieu de l'indécence

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  2. b.mode

    16 mai, 2010 à 7:11

    L’horreur au quotidien ! Après ça on ne regardera plus jamais un bout de jambon comme avant…

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  3. babelouest

    16 mai, 2010 à 7:30

    Ah ces petits matins d’hiver, où « on tuait le cochon » ! Je n’ai connu cela que petit, ensuite la pension m’a évité les lamentables cris de la pauvre bête. C’est Dédé qui venait officier. Dédé, tout le village le savait, était le spécialiste, aussi bien de la mise à mort que du premier découpage. C’était un homme petit, rondouillard et costaud, avec une bonne bouille toute ronde. Quand on le voyait arpenter les rues, avec son petit maillet au manche très souple de deux mètres, et une sorte de sac en bandoulière, c’est qu’un porcidé allait être trucidé quelque part. Le sac, c’était là où il transportait son grand couteau, un comme il n’y en avait pas à la maison. Il savait prestement s’en servir, d’abord pour saigner la bête, puis pour l’équarrir.

    Après le brûlage des soies, le nettoyage était effectué sur la carcasse déposée sur une sorte de robuste civière à barreaux. Découpé sommairement, le tout était amené dans la grande cuisine, et déposé sur le vieil établi de mon arrière grand-père le menuisier-charpentier. Là la civière était enlevée, et les morceaux alignés sur un drap blanc étendu. Les tripailles, pour leur part, étaient lavées à grande eau dans la « laverie », une pièce extérieure à la maison où trônait la « poêlounne », l’immense bassine de fonte pour la lessive posée sur son foyer à bois. Cette pièce n’était bien entendue pas chauffée.

    Le reste se passait à l’intérieur, dans la cuisine, où ronflait la grande cheminée. Là étaient mis à part les jambons, salés, soigneusement badigeonnés d’un mélange d’eau-de-vie de prune et d’herbes. Puis ils étaient roulés dans un linge, et installés dans des caisse plates. Celles-ci étaient entreposées, avec des gueuses de fonte pour exprimer toute l’humidité des jambons. Plus tard, ils seraient pendus dans la cheminée, pour y être fumés. Les épaules deviendraient le lard, dans son saloir.

    Le reste était coupé en lanières afin de passer dans le hachoir avec son gros moteur d’un demi-cheval, puis enfourné dans les boyaux en vue d’en faire des andouilles, ou introduit dans des bocaux avec un assaisonnement pour le pâté. Le sang servait à confectionner le « civet », mis en bocaux, plutôt que des boudins. Tous les « déchets », tout petits morceaux, faux morceaux, allaient devenir « le grillon », mot saintongeais pour une recette particulière des rillettes. Je passe sur toutes les autres applications, puisque c’est bien connu, « tout est bon dans le cochon ».

    Dédé est décédé depuis longtemps maintenant. Y a-t-il eu une relève ? Des cris déchirent-ils encore les petits matins glaciaux de janvier ? Il y a tant d’années que je ne suis plus retourné dans mon village, que sans doute les habitants ne sont plus les mêmes, et de toute façon, comme ailleurs les fermes y sont devenues si rares….

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  4. clomani

    16 mai, 2010 à 8:31

    Holala… déjà le film de Coline Serreau m’avait dissuadée de manger de la charcuterie…
    Un massacre de Jean-Louis par dessus et c’en est terminé !
    Je me demande d’ailleurs si je ne suis pas en train de devenir beaucoup trop tendre et sensible. Il y a une vingtaine d’années, en Gwada, j’avais eu du mal à dormir la nuit du 22 décembre car « ils » tuaient le cochon. Les cris de cette pauvre bête, qui passait son temps à se goinfrer de fruits de la passion entre autres, m’avaient quelque peu traumatisée. Ca ne m’a pas empêchée, le lendemain, de participer à la fabrication du boudin ! Ce fut un festival d’ailleurs. Nous étions une bonne dizaine de personnes, toutes Antillaises sauf la maîtresse de maison, Lorraine d’origine polonaise et moi. Une de ces fiestas ! Arrosée au ti’punch évidemment. J’ai dû prendre une douche après car mon impatience à faire descendre le boudin dans le boyau le faisait éclater…
    Par précaution, la cuisinière avait prévu un peu de boudin sans piment pour la métro que j’étais.
    Arrivés au 24, nous avons donc mangé la « cochonaille »… même pas goûté au boudin sans piment. J’avais fait mes armes chez Madame Angèle, dans le 5e arrondissement, rue Galande, à deux pas de St Julien le Pauvre. On mangeait « dans la cuisine », on ressortait en sentant le graillon mais tout était bon, chez Madame Angèle, comme le cochon.

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  5. Didier Goux

    16 mai, 2010 à 9:06

    Pour supporter tout ça, une seule solution : se concentrer sur les futures andouillettes…

    Mais je me demande si, dans cette ode au cochon, il n’y aurait pas comme des relents de l’islamophobie la plus nauséabonde… (Smiley !)

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  6. babelouest

    16 mai, 2010 à 9:10

    Voyons Didier, auriez-vous l’esprit mal placé ?…. en deux chaises, par exemple, position inconfortable s’il en est.

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  7. b.mode

    16 mai, 2010 à 9:13

    Marrant Didier, je m’attendais à ce que vous disiez cela ! :) Prévisible ? ;)

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  8. remi begouen

    16 mai, 2010 à 9:47

    La ‘fête du cochon’, j’ai connu cela enfant de 9 ans, en Charente. Je venais d’Egypte, je découvrais et la France et le cochon et la neige, car il neigeait en ce 2 novembre 1947, sur le cochon crucifié sur la porte de la grange. C’était terrifiant et poétique, ces flocons blancs sur le sang…brr!
    Tu écris : ‘simplement je n’arrive pas à imaginer comment je pourrais faire autrement’… et te voilà donc ‘armé’ d’une masse, pour tuer. Cela me rappelle bien pire, le piège de la Guerre d’Algérie, où l’on a embarqué un million de jeunes gens qui ‘n’imaginaient pas comment pouvoir faire autrement’ : beaucoup se sont retrouvés armés, pour tuer. Et l’ont fait. C’est par hasard que je ne l’ai pas fait.
    Je me souviens qu’après le cessez-le-feu et l’accès à l’Indépendance, vers septembre 62, des officiers partaient en hélico ‘chasser du sanglier’ dans les Aurès. Ils revenaient avec les bêtes sanguinolentes pendues sous l’hélico, survolant en rase-motte les quartiers arabes qui hurlaient de colère. C’est ça la connerie humaine : la guerre et la fête au cochon…

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  9. clomani

    16 mai, 2010 à 11:16

    Eh ben, c’est fort sympathique, cette façon d’ »amadouer » l’fellah !
    Après ça, on a un Lionel Luca qui gueule et tempête au sujet d’un film algérien qu’il n’a pas vu !

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  10. Christophe Certain

    16 mai, 2010 à 11:24

    Merci à @b.mode pour cette republication !
    Il est bon effectivement de connaître le prix à payer pour manger des saucisses… ou du pâté de lapin d’ailleurs, qui fait l’objet d’un autre article ;-)
    Qui sait si après la grande dépression des années qui viennent, on ne retournera pas massivement dans les campagnes ?

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  11. Christophe Certain

    16 mai, 2010 à 11:44

    @Didier Goux : venant d’un lecteur de Léon Daudet, lequel fut en sont temps membre de la « fédération nationale anti-juive », c’est une remarque qui ne manque pas de sel.

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  12. Didier Goux

    16 mai, 2010 à 11:58

    Monsieur Certain : épargnez votre salive, vos fines allusions ni vos subtils rapprochements ne me font le moindre effet. Vous parlez d’un temps où être antijuif était à peu près aussi banal et moutonnier qu’être antiraciste aujourd’hui (ou “antisioniste” comme vous ne devez pas, je gage, manquer de l’être…). Et Léon Daudet était également très anticommuniste, à une époque où les camarades Aragon, Éluard et consorts applaudissaient à la politique radieuse de Staline.

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  13. clarky

    16 mai, 2010 à 11:59

    vous vouliez me dégouter du saucisson ardéchois, du filet mignon délicatement rôti ou d’une bonne échine panée et arrosée d’un filet de citron ??!!?? z’êtes des grands malades ou bien, punaise ça m’a donné envie d’une bonne raclette avec plein de cochonnaille ;)

    j’ai vu de mes yeux d’ado finissant sa carrière comment on trucidait un lapin, des poules, plus tard quel sort on réservait aux chats dans certaines cités mais pour le cochon j’ai toujours décliné l’offre qqu’on m’avait faite à l’époque parce que ça gueule ce machin, c’est terrible à entendre !!!

    JAMBIER JAMBIER !!!!!
    http://www.youtube.com/watch?v=WqZDozcAHMg

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  14. lediazec

    16 mai, 2010 à 12:02

    Le dernier cochon que j’ai conduit avec mon voisin au sacrifice, la chose s’est faite de manière un peu différente. Pour lui éviter (à lui à à nous même) la torture du coup de masse, nous utilisons un pistolet à projectile captif (un truc à air comprimé). Une fois immobilisé, on lui colle sur le front et poum ! La saignée se faisant aussitôt, une fois la bête suspendue, au bout de la poulie.
    Pour le reste, miam-miam ! Et dire qu’il y a des gens qui n’aiment pas ça ! Purée-boudin, fromage de tête, pâté, filet mignon, entrecôte, etc…
    Voici l’instrument avec lequel nous procédons http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Schlachtschussapparat_%28modified%29.jpg

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  15. clomani

    16 mai, 2010 à 12:18

    Même poum ! Pas possible. D’autant que le cochon est comme l’homme, omnivore…
    Pour ça, moi je reviens à la culture indienne d’Amérique du Nord : on ne tue pas massivement, on respecte tout un cérémonial pour tuer le bison… et après, on ne peut pas le manger tellement il a couru ;o)).
    En Afrique, impossible pour moi de manger de leur viande. Ils la cuisent dès l’animal tué (y’a tellement de mouches qui « fondent sur la bête » qu’elle en devient noire)… du coup c’est trop dur et ligneux pour mes dents « en dentelle de Bruges » comme m’a dit un dentiste !
    Mangeais que le riz, la sauce et les légumes… Perdu du poids sans le faire exprès en plus ;o).

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  16. b.mode

    16 mai, 2010 à 12:20

    lolo la traversée de paris pur chef d’oeuvre ! didier je sais, l’oeuvre d’un gars qui a mal tourné !

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  17. clarky

    16 mai, 2010 à 13:09

    boudin purée rodo c’est le panard, mais un jour on a osé me dire que c’était de la bouffe de prolo comme les sardines, y’en a qu’on vraiment des idées à la con des fois :)
    j’ai du mal à faire souffrir les bestioles, même dézinguer les fourmis qui attaquent les chevrons de la toiture ça me fend le coeur quand je dois commettre une vendetta !

    exact bernard, un grand moment de plaisir que cette traversée, et dire qu’autant lara a mal viré depuis ;)

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  18. lediazec

    16 mai, 2010 à 13:28

    @ Laurent. J’aimais beaucoup l’esprit de Claude Autant-Lara. L’auberge Rouge. Ah, mazette ! Truculent ! Joyeux ! Criminel à souhait. Les boucheries de l’extrême ! Un délice ! Delicatessen, quand tu nous tiens ! Vite, un pull, il frissonne ici bas !

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  19. Christophe Certain

    16 mai, 2010 à 13:45

    @Didier Goux il se trouve que j’habite Nantes, une ville dans laquelle l’extrême-droite a été particulièrement active à la fin des années 80, quand j’étais étudiant. C’était l’époque où de jeunes humanistes du GUD venaient tracter à la fac de Lettres avec casque intégral et battes de base-ball, sans doute pour mieux faire pénétrer leurs idées. Je connais donc votre rhétorique par coeur, et je sais où elle mène.

    Ne dites pas « fasciste » dites « nationaliste », ou « anticommuniste », ne dites pas « antisémite » dites « antisioniste », qui passe beaucoup mieux, et accusez vos ennemis de vos propres tares : racisme, intolérance, haine obsessionnelle, perversité, etc. voilà quelques-unes des ficelles les plus couramment utilisées dans ce genre de messages.

    J’ai eu l’occasion d’assister dans ces années-là au procès du négationniste Roque au tribunal administratif de Nantes. Une expérience édifiante. Il y avait à l’époque à l’université de Nantes deux autres révisionnistes, Rivière et Delaporte si mes souvenirs sont bons. J’ai vu également environ 120 nazillons au crâne rasé venus de toute la France effectuer le salut nazi dans le hall de la fac de droit de Nantes, un vendredi soir à 18h, en chantant « Les Lansquenets », puis aller ensuite baptiser un amphi en y apposant une plaque, « à Robert Brasillach », je cite de mémoire « écrivain nationaliste fusillé par les milices communistes ». – C’est vrai que « nationaliste » ça présente mieux que par exemple « collabo »- . Cette tâche effectuée, ils se rendirent ensuite en fac de Lettres avec battes de base-ball, crosses de Hockey et barres de fer pour détruire la permanence du syndicat de gauche, UNEF, aux cris de « allons exterminer la vermine judéo-marxiste ». Je n’invente rien.
    C’était l’époque où l’ancien maire de Nantes, Chauty, avait pu prêter un amphi de la médiathèque pour une conférence sur le révisionnisme organisée par les groupuscules d’extrême-droite, avec quelques intervenants triés sur le volet. Bien sûr, ces intervenants très présentables et bien habillés n’étaient pas la pour la violence physique, parlaient littérature, histoire, philosophie, c’est l’autre aspect des choses qui devait leur permettre de lisser leur image auprès du grand public.
    C’était l’époque où ces groupuscules menaçaient physiquement les étudiants qui les regardaient de travers, jusqu’à ce que l’ensemble des étudiants de la fac de Lettres sorte un jour des amphis pour les foutre dehors manu militari. Ils ne revinrent jamais.

    Ces gens ont les mêmes références littéraires que vous, je n’y suis pour rien. Léon Daudet c’est pour moi la France des petits bourgeois haineux et cocus. La France des anti-Dreyfusards, des collabos, la France moisie. Celle que j’ai vue de près avec les négationnistes et les crânes rasés. Je n’ai pas envie de me compromettre avec ça, même pour rire.

    Je ne serai d’accord avec vous que sur un point : la gauche crypto-stalinienne ou trostkyste n’est guère plus fréquentable.

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  20. clarky

    16 mai, 2010 à 14:50

    l’auberge rouge, un grand classique, en plus je connais le coin vu que depuis plus de 20 piges que j’ai repris les terres par là-bas je suis pour ainsi dire à côté de ce coupe-gorge, c’est magnifique.
    proche de privas, sur la route d’aubenas, on se retrouve sur le plateau de peyrebeille, pays très rude mais bordel que c’est beau.
    l’auberge existe encore, on y fait même des visites (sans moi) et certains bouquins locaux remettent en question la culpabilité des époux martin…

    c’est pas nationale 7 mais 102 si vous avez des maux de gorge :)

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  21. b.mode

    16 mai, 2010 à 15:19

    Sans oublier En cas de malheur avec les immenses Gabin et Bardot (dans le film) tiré du moins immense Georges Simenon !

    Répondre

  22. b.mode

    16 mai, 2010 à 15:27

    http://www.youtube.com/watch?v=E4cTAvvofPY superbement mis en bouche par le grand dialoguiste Jean Aurenche

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  23. ZapPow

    16 mai, 2010 à 15:32

    J’ai connu ce rituel, aux approches de Noël, en Martinique, ou, comme en Guadeloupe, c’est la tradition de tuer le cochon pour cette fête. Rituel qui me semblait d’autant plus barbare que le cochon était copain… comme cochon avec mon père, qu’il suivait partout comme un toutou, lui faisant fête lorsqu’il venait, au matin, lui apporter quelque friandise. Quand on estima que j’étais assez âgé, on m’obligea à participer au sacrifice, que je supportais comme Christophe Certain, avec dégoût et résignation, soumis à l’autorité des adultes.

    Et à Noël, bien sûr, je me gavais de pâtés, de boudin, de cochon roussi accompagné de riz et de pois d’angole, oubliant très vite dégoût et résignation. Après tout, ce cochon était le copain de mon père, pas le mien.

    Répondre

  24. Christophe Certain

    16 mai, 2010 à 15:46

    Je précise quand même que cette histoire est une totale fiction ! Je n’ai jamais assisté à la mise à mort du cochon, et j’en ai encore moins tué moi-même, même si j’imagine bien comment ça peut se passer :-)

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  25. clarky

    16 mai, 2010 à 15:59

    putain la baignasse de gabin à bb, j’avais oublié à quel point il l’avait avoinée, sacré bordel aqueux, les féministes doivent pas aimer cette scène :)

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  26. b.mode

    16 mai, 2010 à 16:02

    christophe on a du mal à te croire ! ;)

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  27. clarky

    16 mai, 2010 à 16:03

    christophe, nous a pris pour des jambons ??!!??
    attends que suzanne et floreal viennent te faire leur festival de carnes.
    ;)

    Répondre

  28. clomani

    16 mai, 2010 à 16:47

    Nan, c’est vrai Christophe ? C’était juste pour nous tenir éloignés de toute charcutaille, boudin, et pâtés ?
    Il ne manquait que la mort de Jean-Louis pour me convaincre de devenir végétarienne. J’ai d’ailleurs jeté la saucisse (bio mais faaaaaade) que j’avais cuisinée à midi… et n’ai mangé que les pommes de terres.
    En passant, puisqu’on parle bouffe, hier, pour la commémoration de la Nakba dans le 19e, une copine marocaine nous avait concocté un petit tajine de jarret (de boeuf bien sûr, elle est musulmane)et des boulettes de poulet aux topinambours ! Deux amis tenaient un stand d’artisanat palestinien et nous sommes allées leur apporter notre soutien. Délicieux !
    Hélas, peu de monde à cette commémoration… un public de gens motivés, la plupart d’origine maghrébine, quelques « souchiens » (je me suis faite engueuler quand j’ai utilisé ce mot sur @si l’autre fois), la Délégation à la Palestine au complet, avec une sono nulle… Des militants pour le boycott arrivés sur le tard. J’en suis partie sur le coup de 16h… peut-être était-ce trop tôt.
    Plus bas, les « Afghans » de Paris, qui dorment sur un quai… à qui un militant pour la Palestine s’apprêtait à porter du thé tout chaud dans un thermos.
    Trop de causes trop négligées à Paris ! On ne sait plus où donner de la tête…

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  29. Christophe Certain

    16 mai, 2010 à 16:51

    @Clomani, pas forcément pour se tenir éloignés, mais pour réfléchir à ce qu’on mange et d’où ça vient ! Après on choisit d’en manger ou pas…

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  30. lapecnaude

    16 mai, 2010 à 17:14

    Il n’y a pas si longtemps, à Chambon, j’ai connu un Claude, comme çà qui suivait Rémi partout et qu’il a fallu tuer et mettre en conserves… Il est resté les deux ans règlementaires dans le congélateur de Claudine et fut enterré… en morceaux. Ils n’ont jamais pu le manger.
    « Tu te souviens, m’a dit Claudine un jour, le Claude…, ben il est là, y a des dahlias dessus, il aimait les bouffer ! »
    Et çà, c’est vrai.

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  31. Christophe Certain

    16 mai, 2010 à 17:41

    @lapecnaude, terrible cette histoire !

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  32. ZapPow

    16 mai, 2010 à 17:53

    Chapeau, Christophe ! Cette fiction a un bel air de vécu, et sonne juste pour tous ceux qui ont connu « la saint cochon ».

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  33. clomani

    16 mai, 2010 à 18:04

    Très touchante, Lapecnaude, ton histoire de Claude… D’autant plus touchée que je m’appelle Claudine et que je pourrais fort bien réserver le même sort à un animal que j’aurais « élevé ». Comme quoi les tabous alimentaires, c’est bien fluctuant.

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  34. laetSgo

    16 mai, 2010 à 18:14

    salut les ruminants ! j’arrive pas à être écoeurée : c’est trop bon, le cochon ! bien sûr, on n’aime pas regarder en face notre côté tueur, mais faut bien savoir d’où elle vient, la barbaque ! je préfère 10.000 X ce récit et l’implication des personnages (réels ou fictifs, peu importe) à la barbarie industrielle sans visage où les animaux sont massacrés à la chaine…
    j’me souviens de ma grand-mère qui avait poules et lapins…ils passaient à la casserole régulièrement, et je me rappelle les avoir plumés, les poulets, je devais avoir 8 ans…et bien ça ne m’a pas traumatisé ! c’était la campagne et c’était comme ça (et en plus, on mangeait peu de viande à l’époque, donc cela ne me semblait pas immoral…)
    Hmmm n’empêche, ça me donne faim tout ça !

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  35. clarky

    16 mai, 2010 à 18:49

    tiens pour égayer ton propos laet, « le sang des bêtes » de franju, attention ça calme donc je mets pas de liens, et puis j’aime pas les liens :)

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  36. b.mode

    16 mai, 2010 à 19:00

    ah franju ce génie ignoré ! revoir les yeux sans visage, un film mythique avec l’immense Pierre Brasseur http://www.matierefocale.com/article-207001.html

    voyez au moins la scène d’introduction automobile avec la fabuleuse Alida Valli !

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  37. clarky

    16 mai, 2010 à 19:24

    faut pas confondre alida avec olida, même si le thème central est la charcuterie :)

    quand je prononce franju autour de moi, on me demande toujours si c’est une marque de jus de fruits, voué et je réponds que ça sort de franprix !!!

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  38. Hara Kiri

    16 mai, 2010 à 23:11

    Il ne faut pas oublier que derrière tout rôti, toute escalope, tout gigot, tout jambon, tout pâté, toute saucisse, tout navarrin… se cache est animal qu’on a tué pour nous nourrir. Ba même si j’aime les animaux, ça ne m’empêche pas d’en manger. N’oublions pas que nous aussi, pauvres animaux que nous sommes, serons mangés par les vers, c’est le cycle de la vie.

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  39. laetSgo

    17 mai, 2010 à 8:50

    @clarky…euh comme il est même pas 9h du mat’, je vais repousser le visionnage de ce sympathique court métrage à plus tard…beaucoup plus tard…!!! (la lecture de wikipedia m’a suffi !)

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  40. Nicolas

    17 mai, 2010 à 17:50

    J’ai exactement les mêmes réactions lorsque mon père décide de dépecer le sanglier attrapé la veille dans une cage sur mesure… Et dire que mon frère arrive à prendre des photos des entrailles, beurk!

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  41. b.mode

    3 août, 2010 à 12:50

    Que se passe-t-il avec la st cochon ? ce billet vient d’entrer dans les 5 articles les plus lus de ruminances ! :)

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  42. Christophe Certain

    11 septembre, 2010 à 8:38

    @B.mode oui je viens de regarder les stats et j’ai vu par hasard que cet article est maintenant le plus lu de ruminances. IL doit y avoir un énorme referer quelque part????

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  43. b.mode

    11 septembre, 2010 à 8:40

    c’est curieux en effet et ça n’arrête pas… :) L’image est en première position sur google quand tu tapes cochon. est ce du à cela ?

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  44. lediazec

    11 septembre, 2010 à 8:45

    Ca doit être l’effet halal :mrgreen:

    Dernière publication sur Kreizarmor : Place Vendôme, haut lieu de l'indécence

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  45. rachoulmette

    24 septembre, 2010 à 19:59

    Lol serieux y’est tros droles avec ses peutite dans!!!!!!

    Répondre

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