Il est des jours où l’obsession pathétique du monde m’abandonne, cédant sa place à une non moins pathétique flemmardise. J’assume le fait sans mauvaise conscience. Le pire-que-pire est aussi une donnée philosophique dont je tire substance.
Je sommeillais à l’ombre de mon cerisier, ça prend de l’ampleur ces bestiole – et solide avec ça ! -, le regard mi-clos, suivant le camaïeu du gazon jouant avec mes pupilles à je ne sais quelle magnifique et vague nuance. Un temps estival et un silence absolu. Le quartier dormait ou suivait devant l’écran la quinzaine de Roland Garros qui démarre avec le tintamarre habituel.
Je venais de lire dans le Nouvelobs quelques pages sur « le pouvoir intellectuel », les fameux débats du magazine papier glacé. Je vous le dis tout net : on n’est pas sorti de l’auberge ! Finkielkraut m’insupporte. Mais il n’est pas le seul.
Pas mal de choses me sont insupportables en ce moment.
Je laissais la brise me parcourir à sa guise. C’était très agréable. J’entendais le bourdonnement des abeilles butinant les fleurs – des survivantes ? – comme la promesse d’un sursaut salutaire pour l’espèce et pour notre équilibre.
Dans une situation normale, aujourd’hui, lundi de Pentecôte, je devrais travailler. Consacrer ma journée de labeur aux plus vieux. Contribuer à apporter ma quote-part à l’effort national, pour le bien de tous, aujourd’hui et demain. Or, sur ce coup, ainsi que sur beaucoup d’autres, j’en lis des bonnes !
Suite à la canicule d’août 2003, où nos vieux sont tombés comme des mouches, le gouvernement Raffarin avait sanctifié ce jour, obligeant les entreprises et les salariés, avec moult snif-snif, à offrir leurs efforts à nos grabataires. La nation reconnaissante vous revaudra ça. Nous nous devions d’aider à les sauver comme jadis on avait sauver le soldats Ryan. On ne mégote pas avec les larmes de Margot.
Même si les personnes concernées (patrons et ouvriers) l’ont fait – dans la mesure où les ouvriers avaient un emploi -, que découvre-t-on aujourd’hui en lisant la presse ? Oh, rien de bien nouveau à l’ouest des arnaques ! Sinon que l’argent récupéré pour les vieux depuis l’instauration de cette journée de la solidarité a été détourné.
C’est l’association AD-PA (directeurs d’établissements pour personnes âgées) qui accuse l’État d’utiliser l’argent généré par cette journée de la Solidarité à d’autres fins.
Si les vieux veulent s’en sortir, ils n’ont qu’à vendre leur dentier au rabais aux pays du tiers-monde ! Mais chut ! Ne soyons pas indignés, ça n’en vaut pas la peine, car bientôt un gros manitou de la technocratie, interrogé par un médiocrate de la bonnette, viendra nous prouver par A plus B que nous ne sommes que des tristes béotiens à l’insatisfaction permanente, prompts au coup de gueule et à la calomnie.
Malgré ses démentis répétés, le gouvernement est dans la purée. En plein dans le débat sur les retraites et les rumeurs insistantes selon lesquelles tout serait déjà réglé dans les anti-chambres (on n’attend plus que le départ en vacances des français pour conclure), que voulez-vous, messieurs les énarques et séides de tout poil, que l’homme de la rue pense sur la façon que vous avez d’arranger vos magouilles ?
Ajoutons à maquignon, incompétent et le portrait sera fidèle.
Venez après ça expliquer au voisin d’à-côté – qui n’a rien d’un gauchiste – et qui vote souvent bizarre, que tout ça relève de la pensée communiste ou, terme en vogue, d’un comportement mélenchoniste !
babelouest
25 mai, 2010 à 6:56
Ici l’aidant de la mère… poum poum poum pooooom…. les bouches aujourd’hui se ferment par ordre de quelques « administrateurs de sites » aux pensées étroitement hexagonales. Le Jour des Seniors fut perturbé par la sonnerie (non, pas aux morts) d’un téléphone intempestif. Loin de solidarité, le prêcheur quêtait mon silence, et celui d’amis chers. Il en fut pour ses frais (de téléphone). L’annonce de sites fermés pour avoir dénoncé de possibles malversations se propage. Les magouilles sont là aussi. Soyons vigilants, et solidaires.
Et non, je ne lis pas le Nouvel Obs, pas plus que je n’admire M’ame Chabot. Comme son nom l’indique c’est le Net qui renseigne. L’émédia se contente de ressasser les vieux poncifs de la propagande de Vichy (non, Beauvau).
Le soleil est au rendez-vous, soyez-y aussi. La Police de la Pensée veille toujours.
b.mode
25 mai, 2010 à 7:34
Finkielkraut est à la pensée ce qu’un charançon est au champ de blé…
clomani
25 mai, 2010 à 9:07
J’écoute ma télé avant de me précipiter à la rencontre de mon électricien, histoire de payer mes dettes ;o)) et qu’ouis-je ?
Sophie Davant nous dit « on va parler de ceux qui sont prêts à tout plaquer pour partir prendre leur retraite au soleil (au Sud, chez ceux qu’on ne supporte pas chez soi » !!!
Les media se sont vraiment solidarisés avec ces cons d’en haut !
Si on ne veut pas trimer jusqu’à 70 balais, va falloir partir au Sud. Ben moi j’envisage d’aller au Nord, la Baltique est très belle.
Je mourrai probablement seule, sauf si je trouve un groupe de copines et copains qui sont prêts à monter une communauté de vieux genre « maison des babagayas »… à Montreuil je crois. Hélas, nous ne sommes que des individualistes : on avait ça en projet en 2003, pendant la canicule… puis on a oublié ! Chacun s’est acheté un petit logement, alors que j’essayais, moi, de leur rappeler notre projet commun. Du coup, j’ai un p’tit appart à Nantes pour ma vieillesse : 15mn de l’hosto, pareil de la gare, plein centre ville, 1er étage.
Ces enfoirés au pouvoir nous auront parce que nous sommes incapables de mettre tout en commun. Je suis très pessimiste.
lediazec
25 mai, 2010 à 9:11
@ Clomani. C’est ton électricien qui te mets dans cet état ? Quelle étincelle celui-là !
Dernière publication sur Kreizarmor : Place Vendôme, haut lieu de l'indécence
cui cui fit l'oiseau
25 mai, 2010 à 11:01
J’ai écrit un billet pour vendredi qui ressemble étrangement au tien, mais, croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer, je l’ai rédigé hier ! Du coup, je te mettrai en lien.
Ce qu’il y a de chiant dans les blogs collectifs, c’est qu’il faut faire la queue pour la publication.
Évidemment, Lediazec, je suis forcément d’accord avec toi sur tout ce que tu as fort bien écrit.
remi begouen
25 mai, 2010 à 12:46
Moi non plus, je ne lis pas le Nouvelobs, ni Le Monde. Si, par exception, j’ai acheté celui daté du 21 mai, pour le dossier ‘Hors-la-Loi’ (hélas le lien mis à ce sujet dans mon article renvoie au Monde du 22). Mais le sujet n’est pas là. Il est que je découvre un merveilleux papier de James K.Galbrath, dit ‘l’économiste hétérodoxe’. Dont voici 2 extraits, en début et fin d’article:
1- ‘Je suis membre d’une profession qui s’est discréditée. La théorie économique telle qu’elle fut ensignée dans les années 1980, s’est montrée incapable de comprendre les facteurs qui ont provoqué la crise financière.(…) L’étude de la fraude financière a été négligée.’
2- ‘La faillite s’étendra de la sphère économique à la sphère politique.(…) Il faut un nettoyage ouvert et radical du secteur financier, incluant les responsables publics qui se sont montrés indignes de la confiance de la population’(…)
Et cela est extrait de sa déclaration du 4 mai au ‘sous-comité sur le crime du comité judiciaire du Sénat américain’… qui doit être bien sourd. Car il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre !
lediazec
25 mai, 2010 à 12:55
@ Rémi. Le lien du 22 au lieu de celui du 21 prouve que tu lis le Monde plus souvent que moi !
Sinon, très bonnes citations de James K.Galbrath qui corroborent parfaitement l’état d’esprit citoyen à l’égard de la chose politique.
@ coui-coui. Merci. Hâte de lire ton papier.
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b.mode
25 mai, 2010 à 12:58
@cui cui ah bon vendredi, ça reparait ?
Christophe Certain
25 mai, 2010 à 12:59
@clomani, bah, la roue tourne. Ceux qui ont les manettes aujourd’hui pourraient bien d’ici quelques temps être obligés de prendre vite fait une carriole pour aller se réfugier à l’étranger, comme en 1789, en ayant peur d’être lynchés si quelqu’un les reconnaissait sur la route. Ce jour-là ils seront obligés de louer un utilitaire et de prendre des habits de leurs domestiques pour ne pas se faire repérer. On est peu de choses.
Déjà il y aura eu des gens qui auront été brûlés vifs avec leur château, sous les acclamations de la foule, il y aura eu des assassinats, des viols, des pillages, toutes choses terribles. L’homme est partout le même, à Paris comme à Sarajevo, à Bangkok ou à Kigali. Quand on tire trop sur l’élastique il finit par casser, et personne ne peut prédire ce qui va se passer après. Ce ne sont pas les spécialistes de la com qui sauveront Sarko si un jour il passe devant un tribunal populaire à la roumaine.
On a encore de la marge avant d’en arriver là qui sait ? Ca ne prévient pas. Ca peut arriver n’importe quand.
remi begouen
25 mai, 2010 à 14:30
Non, lediazec, je n’ai lu Le Monde du 22 que sur le lien établi, pas en version papier payante. Cela me permet de signaler que l’article du 21(sur 4acg) est repris sur le site 4acg. Je signale aussi que j’en ai appris beaucoup sur James K.Galbraith (et non pas Gailbrath, excuses!) par Google. Notamment un long interview paru récemment dans Libé… encore un journal que je ne lis plus guère!
lapecnaude
25 mai, 2010 à 16:25
Clomani- est-ce que tu sais ce que c’est une communauté de vieux ? J’en rigole encore, cela a été dix ans de ma vie, avec un effectif moyen constant de 89 … Du 24/24, mais on vivait bien, on a même réussi, c’était au temps des emplois jeunes et des autres à avoir un groupe de gamins et gamines, moyenne d’âge 16 à 24 ans, souvent en dérive, et chacun suivant son ancien métier, ses connaissances faisait des cours, rattrapage, prépa aux examens… une vraie passion. Je disais toujours « il y a de l’avenir chez les vieux ! » et c’était vrai. En plus, ils adoraient bouffer, recevoir, faire des fêtes, mais je vous jure que dans le pays on n’était pas aimés, « parce qu’on n’était pas du pays ». C’est vrai, ils venaient de toutes les règions de france, j’ai même récupéré (le terme n’est pas joli, mais personne n’en voulait) un couple de vieux charbonniers qui avaient passé leur vie en forêt et étaient incrustés de charbon … quant au langage, mélange de patois et d’onomatopées personnelles … le pied !
Quinze ans après, ils sont toujours vivants dans mon esprit et c’est tout un roman.
Alors, tu vois, il faut le faire, si tu le peux, à une seule condition : la liberté de chacun s’arrête là où commence celle des autres, après çà, çà baigne.
clomani
25 mai, 2010 à 19:50
Ben pas évident avec les Parigots… mes potes sont en couple et veulent bien une communauté, mais avec plein de chambres pour leurs petits enfants, moi je suis célib et j’aime bien mon indépendance… quannd nous sommes ensemble, tous les potes, dans la maison de campagne d’un couple, ça se passe super bien parce qu’on se connaît mais n’empêche qu’on fait comment avec les enfants qui ont besoin des grands parents à Paname pour garder leurs mômes… je connais de plus en plus de grands-mères qui font le boulot de nounous avec plaisir… Et trouver un grand ensemble où chacun puisse avoir sa liberté et avoir des sallles en commun, pas évident à Paris. Faudrait un loft. Et puis y’a ceux qui veulent rester en ville, ceux qui veulent aller dans la cambrouse… bref, on a tous dans les 60 balais mais nos idées d’il y a 30 ans sont en train d’être balayées…
J’ai une copine africaine qui avait ça comme projet aussi, 4 nanas, toutes seules, ensemble… chacune sa
clomani
25 mai, 2010 à 19:52
mon doigt a ripé… chacun sa salle de bain/chambbre/cuisine et une salle en commun… seul problème, j’en suis à la 4e fâcherie avec cette copine qui a tendance à vouloir prendre le pouvoir et toutb diriger et n’a aucune générosité…
Faut faire ça avec des gens dont on est sûr… et pas fastoche.
Mais je suis toujours partante…