Semaine passée riche en grotesqueries, histoire d’endormir un peu plus les esprits. Routine et ennui. L’Euro 2016 de foot, cocorico dans la basse-cour ! Affaire réglée, combien de points dans les sondages ?… Les bestiaux s’en foutent sur la forme, ils broutent la bonne nouvelle. Paisible campagne.
Les retraites, voilà un sujet déjà bouclé qui fait jaser, mais sans plus. Le pays semble résigné. On lui a tellement dit que l’argent s’est envolé avec les cendres du volcan islandais !
La rue grouille, mais ne flambe pas. Elle attend gentiment le prochain rendez-vous électoral. Puis, les vacances approchent. Camping oblige ! On se passera en boucle le dernier volet du film éponyme.
Le patronat voulait jouer les prolongations et demande avec force un allongement de l’âge de la retraite à 63 ans, 63 ans et demi. Bien que tout ne soit pas arrêté – ça discute encore dans les coins -, les carottes sont cuites. Le syndicalisme est moribond. La révolution sociale attendra. Il n’y a que le capital qui voyage bien. Le syndicat est devenu une sorte d’agence d’enregistrement de doléances. Tout se règle en coulisse. Pendant ce temps, l’indigent cherche l’épicerie qui lui fera crédit pour boucler son mois. Sarkozy remercie ses sponsors, leur offrant ce qu’ils exigeaient. Qui paye ses dettes s’enrichit, dit le proverbe. Une façon de penser à son avenir immédiat, 2012.
En déroulant le tapis rouge à l’extrémisme libéral – pour justifier un acte anti-social -, il s’en prend à un mort, François Mitterrand en l’occurrence. Encore une bourde calculée ! Ne pas tenir sa langue est sa doctrine politique.
Pour faire diversion donc, il s’en va déclarer que cette histoire de retraite à 60 ans c’est la faute de feu Mitterrand. Jadis c’était la faute à Voltaire ou bien à Rousseau… Il innove dans le ridicule.
Si Mitterrand n’avait pas abaissé l’âge de la retraite à 60 ans nous aurions « beaucoup moins de problèmes aujourd’hui », qu’il dit. Il a sorti ça devant des militants de l’UMP dans l’Oise. Manque de bol bien à propos, le Figaro et le Parisien – deux brûlots, comme chacun sait – ont vendu la mèche, un élu UMP assistant au meeting confirmant le propos.
Des « propos indignes » s’indignent certains cadors. Cela n’est pas faux. C’est que le gars est bas de plafond, d’où sa stature politique ! Croyait-il, disant cela, que les français allaient, comme un seul homme, profaner la tombe de François Mitterrand ? Les français n’ont plus rien à foutre de Mitterrand, ce n’est plus lui qui gouverne le pays. C’est Sarko qui tient les commandes, c’est à lui d’y répondre sans se cacher. N’avait-il pas déclaré en 2008, à propos de la retraite, qu’il ne le ferait pas, puisqu’il n’en n’avait jamais parlé ?… Le poissons meurt toujours par la gueule !
Dans la foulée, Martine Aubry l’a comparé à Madoff. Qu’est-ce qu’elle n’a pas fait là ! Toute l’arrière-garde sarkozyste est montée au front., médias en tête. Quelle honte !… Mais quelle honte ! On oublierait presque que s’il y a quelqu’un qui fout la honte dans le paysage, c’est bien lui !
Pendant que tout le monde s’affairait sans grande conviction sur la manif des retraites, lui, faisant le beau, le triste, le vindicatif, enfonçait des portes ouvertes à l’occasion des obsèques quasi-nationales de la policière municipale tuée lors d’une fusillade à Villiers-sur Marne. Quelle qu’en soit la souffrance, l’émotion, la haine et le désespoir de la famille, des amis et du citoyen devant la mort de la jeune femme, il a joué avec la douleur comme un charognard.
L’opération camouflage s’est poursuivie avec Brice Hortefeux. Un taser pour chacun et les vaches seront bien gardées ! Très délicat, l’auvergnat. Une estampille ! Comme si lors d’une poursuite en voiture suivie d’une fusillade, le taser était le bouclier parfait contre des balles tirées à bonne distance ! Demandez ça aux convoyeurs de fonds marseillais !
Mais là n’est pas la question, ce qui compte se trouve ailleurs. Dans la vie quotidienne, dans l’abandon, dans l’angoisse, dans le mépris et dans l’incertitude. Dans l’augmentation du prix des matières premières, gaz, pétrole, impôts, taxes, gel des salaires, chômage, retraites…
Des questions mineures disent ceux qui n’ont pas ces soucis.
Ce qui compte dans ce concert d’obscénités, c’est la poudre aux yeux, la breloque, le faux semblant, le mensonge politique. Ce qui compte pour cette majorité sont les choses de peu d’importance, la burqa, l’identité nationale, l’insécurité et le démantèlement du service public, tout ce qui constitue un frein pour le bien-être collectif.
Ce qui compte c’est d’oublier par n’importe quel subterfuge de dénoncer la concentration des richesses entre les mains d’une infime minorité. Ce qui compte c’est de rassurer le riche, de lui montrer que le pouvoir en place est à ses ordres, qu’il fait tout ce qui est en son pouvoir pour les rassurer, les cajoler et les conforter dans l’idée que l’esclavage moderne n’est pas une donnée, mais un destin déjà scellé. Un fait inaltérable.
Quelle importance si le reste ne suit pas ?
Ce qui compte c’est de laisser les coudées franches au libéralisme sauvage et aux banksters. Pour cela Nicolas Sarkozy peut compter sur les séides de la pensée. Ces philosophes, ces économistes, ces spécialistes nantis qui ont pris le pouvoir et qui nous matraquent de la sinistrose à plein temps pour mieux faire passer l’inacceptable.
b.mode
1 juin, 2010 à 4:08
Tu peux ajouter les journalistes ! Je ne peux plus en ce moment écouter les infos qui nous rabâchent à longueur de journée l’aspect inéluctable de l’allongement du travail et nous gavent avec la petite phrase d’Aubry, faisant passer le vulgaire Sarko pour un enfant de choeur !
cui cui fit l'oiseau
1 juin, 2010 à 7:54
Bien dit Lediazec !
Propagande tous azimuts. Comme dit B.mode, les journalistes ne sont pas en reste…
Le pire étant que dans cet univers médiatique, les mêmes têtes, une centaine de privilégiés, « experts », philosophes -notre pays n’a jamais eu autant de penseurs- me semble t-il, journalistes vedettes, défilent sur tous les supports pour donner leur avis. Bien entendu, leur opinion est d’un conformisme bêlant et ils répètent à satiété la même chose.
Lassitude.
Le renouvellement des élites médiatiques ne serait pas du luxe. Malheureusement, avec l’allongement du temps d’activité…
J’observe que Ruminances, contrairement à certains autres blogs, n’a pas cédé aux sirènes de l’info à chaud pour faire de l’audience record et du commentaire sur l’affaire palestinienne.
Je sais que vous n’en pensez pas moins. Comme nous.
Un prétexte pour rappeler à vos lecteurs un des meilleurs billets de la toile sur la Palestine rédigé par Rémi Begouen le 5 mai dernier.
http://ruminances.unblog.fr/?s=palestine
Bonne journée !
Didier Goux
1 juin, 2010 à 9:58
Le titre est superbe !
laetSgo
1 juin, 2010 à 11:10
tout n’est pas si noir ! et à propos de journalistes et de média, l’indispensable Chomsky était à Paris le week-end dernier (un gala de danse dont la date tombait vraiment mal m’a empêché de rejoindre la capitale pour assister à ses conférences)…et comme sa venue était organisée par le monde diplo et le sieur Mermet, nous avons le bonheur d’en écouter la re-diff sur la-bas.org
allez, je suis pas chienne, je vous mets le lien de l’émission d’hier et à vos écouteurs pour celle de 15h ce jour !
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1944
(écoutez en particulier l’intro – j’ai pas retenu le nom du gars – mais les z’intellectuels de mes f…. français et la sphére médiatique prennent de beaux coups de pelle ! un plaisir
sinon, fais chier cette augmentation du prix du gaz….va falloir songer à prendre de sacrées mesures de résistance sur le terrain énergétique aussi !
babelouest
1 juin, 2010 à 11:19
Didier Goux aime les ambiances électriques : c’est bien. Je lui fais confiance, il saura se mettre à la masse de la bonne façon pour éviter ce genre de désagrément.
La Grande Zoa de la politique saura sans doute rouler dans la farine les merlands de la rue Poissonnière, mais pourra-t-elle longtemps encore concilier ses inconciliables déclarations ? (non, pas celles pour les impôts, voyons, à ce niveau on n’en paie pas)
lapecnaude
1 juin, 2010 à 13:01
Là je m’élève du haut de mon mètre cinquante et …1, pour approuver haut et fort la phrase de Martine Aubry, elle n’y est d’ailleurs pas allée assez fort. Quant à l’attitude de Hollande, Montebourg avait raison, il y a bientôt 3 ans ! La polémique sur l’affaire israélo-palestinienne n’est agencée par les médias que pour escamoter le fait qu’ils sont en train de nous entuber sur les retraites, et çà marche !
Je ne discourrerai pas sur cette affaire, je reste campée sur mon mètre carré ici dans mon bled.
Z’ont belle gueule les flics de la municipale avec leurs taser ce matin, l’attaque du fourgon blindé « en plein jour » fait une belle jambe à Hortefeux. De toutes façons leur histoire d’armes avec les municipaux est une connerie, la fliquette était armée … et elle est morte.
Kaniass
1 juin, 2010 à 17:02
Taser Bat Djian!
Ok je sors…
des pas perdus
1 juin, 2010 à 22:04
Si le gouvernement équipe chaque policier d’un taser supplémentaire, combien de postes de flic seront supprimés en 2011 via la RGPP ?
clarky
2 juin, 2010 à 0:25
ça me fout un peu plus le cafard mais c’est tellement vrai: « Mais là n’est pas la question, ce qui compte se trouve ailleurs. Dans la vie quotidienne, dans l’abandon, dans l’angoisse, dans le mépris et dans l’incertitude. Dans l’augmentation du prix des matières premières, gaz, pétrole, impôts, taxes, gel des salaires, chômage, retraites… »
bon, ça n’a aucun rapport avec l’excellent billet du fidèle rudolph, mais j’espère que vous avez revu les barbouzes hier soir, un petit moment de bonheur, une parenthèse paisible, je vais me refaire les grandes gueules dans pas longtemps tiens, juste pour revoir jess hahn !
mon dieu, mireille darc…divine.