Pour cause de pique-nique nantais, une bonne partie des ruminants sera absente des débats ce jour. Au menu, cuisine méditerranéenne et libations. En attendant, merci à Anaïs Monnet du K d’avoir permis à Clomani d’assister à cette projection en avant-première.
Il faut distinguer ce film (d’Olivier Assayas) de celui de 5h30 (du même réalisateur)diffusé sur Canal +. Et au passage, rendre hommage au montage parce que, même si je n’ai pas vu la version longue, le rythme du film de 2h 45mn est tel qu’on est tenu en haleine du début à la fin. Une vraie fiction ! Sauf que c’en n’est pas totalement.
Il s’agit donc du choix de quelques faits d’armes de la vie de Carlos (Illich Ramirez Sanchez) né en 49 à Caracas, actuellement en prison en région parisienne. J’ouvre ici une petite parenthèse rigolotte : si vous faites Carlos sur le moteur de recherche de Google, on vous sort plein de Carlos (dont le chanteur français fils de Dolto) mais pas celui que vous cherchez. Vous ajoutez terroriste à Carlos et là, vous tombez sur la bio de Wiki qui semble elle aussi comporter quelques flous artistiques ou des contradictions avec d’autres témoignages.
Vouloir retracer le parcours d’un homme de l’ombre, appelé terroriste par google, et auquel je me garderais bien de donner un qualificatif, pousse obligatoirement à « romancer » une vie. D’autant que le bonhomme a volontairement caché beaucoup de moments de sa vie. On sait que Carlos est un « tombeur, on le voit séduit avant tout par son propre sexe. Il aime les femmes, les armes, la violence, l’adrénaline… Ceci sera le parti pris d’Assayas tout au long du film où il a éclairé quelques uns des épisodes les plus connus des « faits d’armes » de Carlos.
Et ça fonctionne…
Même si on sait qu’on ne sait pas tout, on est embarqué de Beyrouth à Paris, de Londres à Vienne (prise d’otage au sein d’une réunion de l’OPEP sur commande de Saddam), d’Alger à Berlin…
Au départ militant de la partie dure du FPLP (Wadih Haddad), Carlos passe son temps dans les avions de ligne (ou spéciaux lorsqu’ils ont à leur bord des otages en route pour Bagdad), dans les capitales arabes pour négocier, européennes pour composer ses réseaux… ses commanditaires changent, tout comme ses appuis. Lâché par Haddad, le voilà à Berlin-Est dans les locaux de la Stasi, dans la campagne pour recruter des troupes (dont Magdalena Kopp avec laquelle il aura un enfant). Il va de grâce en disgrâce, d’accolades à reniements, passe des leaders arabes aux amateurs de guerre froide car, lâché par tous, il préfère « vendre » les capacités de sa petite entreprise de « mercenariat politico-terroriste ».
On le retrouve au Yémen, au Soudan où il a dû s’exiler à Khartoum avec sa dernière épouse syrienne. Il doit y subir des interventions chirurgicales : quelques lipposucions car il a beaucoup grossi (ah, les falafels !!!) mais aussi problème à un testicule qui a beaucoup enflé (ah, trop de sexe !!!). Une dernière fois trahi par les autorités soudanaises, Carlos est embarqué de force (par le général Rondeau himself) dans un avion pour Paris depuis la salle de réveil de l’hopital. Une fois à Paris, il sera jugé pour le meurtre en 75 de 2 agents de la DST rue Touiller dans le Ve arrondissement.
Fin des 2h 45 qu’on n’a pas vu passer ! C’est un film d’action, avec un héros, qui rappelle certains points de l’histoire contemporaine, celle du XXe siècle : le siècle qui a signé la fin des guerres coloniales et de la Guerre Froide qui a marqué tout le siècle. Si j’étais leader arabe ou iranien, j’interdirais le film à la diffusion : il n’est pas en leur faveur. Les alliances vont, viennent, se diluent dans des contre-alliances et les changements d’axes de pouvoir.
Dans l’histoire, la cause palestinienne est utilisée comme prétexte, mais complètement oubliée. En début de film d’ailleurs, un interlocuteur de Carlos dit qu’Arafat est inintéressant car trop prêt à se compromettre.
J’ignore si Carlos verra ce film du fond de sa prison, encore plus ce qu’il en pensera. J’avoue qu’en tant que passionnée de géopolitique du XXe siècle, j’ai plutôt apprécié ce film qui tente de recomposer les multiples facettes d’un personnage fascinant, même si sa dérive est pathétique. Pour avoir lu le bouquin que Carlos (converti à l’islam) a écrit du fond de sa cellule (édité par le biais de sa dernière femme, avocate), je sais qu’il continue son combat derrière les barreaux. Il appelle au Jihad, parle de l’échec arabe, dénonce le monde occidental de la corruption.
Enfin, voici un extrait d’une itw qu’il a donnée à Yedoth Aherodoth en 2001 depuis la Santé : » La terreur est l’essence de la guerre. Le terrorisme est stratégie militaire, méthode de combat, avec le but de défaire la cible par la peur. Les sionistes sont les maîtres ès terrorisme« .
lediazec
26 juin, 2010 à 5:54
Très beau papier, Clo. On en parle tout à l’heure. Je suis sur le départ.
Dernière publication sur Kreizarmor : Place Vendôme, haut lieu de l'indécence
b.mode
26 juin, 2010 à 6:36
Bon CR ! Et à tout à l’heure !
babelouest
26 juin, 2010 à 7:17
Très intéressant, à nouveau. Bravo Clo. Bernard, gaffe : le titre n’est toujours pas dans la liste des récents.
b.mode
26 juin, 2010 à 7:36
Jc, heureusement que tu as l’oeil ! Par défaut l’éditeur a l’air désormais de mettre le billet en « privé » au lieu de en « publié ». A surveiller…
Alors ce couscous ? fin prêt ?
clomani
26 juin, 2010 à 9:08
Moi je me remets de ma cuite aux punchs d’hier soir…
Va me falloir du rince-cochon tout à l’heure…
Sinon j’ai une bonne nouvelle :
Didier Porte sera sur @si dès jeudi prochain à 7h50 où il aura une rubrique « radiophonique » histoire de ne pas perdre les bonnes habitudes. Cool nan.
Bon, je file sous la douche.
Didier Goux
26 juin, 2010 à 10:45
Je suis toujours surpris par cette fascination qu’exercent les malfrats sur certaines gens de gauche et surtout d’extrême-gauche…
Sinon, bonne biture à tous ! Et tâchez de ne pas vomir sur les coquelicots…
babelouest
26 juin, 2010 à 10:53
@ Didier
Il y a des malfrats sur lesquels les gens de gauche vomiraient avec entrain. Bizarrement, ceux-là sont souvent exonérés de prétoire. Je pense entre autres aux chimiquiers industriels ou pharmaceutiques, qui savent concocter des produits horribles, et les vendre. Mais il y en a bien d’autres, en uniforme par exemple.
Didier Goux
26 juin, 2010 à 12:12
Et allez donc…
cui cui fit l'oiseau
26 juin, 2010 à 13:46
On pense à vous les Ruminants !
Bon pique nique mais gaffe : l’alcool et le soleil font mauvais ménage.
Je suis moralement avec vous. Je repars bosser. Salut !
Bordel ! fait drôlement chaud dans la région parisienne…
J’ai lu une déclaration de Carlos himself qui se désolidarisait du film… Je me rappelle plus de mes sources.
Hara Kiri
26 juin, 2010 à 16:33
@ Didier Goux
Homme de gauche bien à gauche et de conviction je n’ai pourtant aucune fascination pour ce Carlos qui n’est à mes yeux qu’un terroriste comme un autre.
Je n’ai pas plus de fascination pour Fidel Castro qui n’est qu’un dictateur comme un autre, ni pour Mesrine qui reste un truand comme un autre etc…
Je crois que les gens sont plus fasciné par l’imagerie qui tourne autour du personnage que par l’homme lui même.
Ceci dit, les gens de droite sont aussi fascinés par d’autres personnages tout aussi peu glorieux.
Mais les gens de droite au pouvoir semblent bien s’intéresser à des gens peu recommandables en signant des accords avec le PC chinois ou plus récemment des accords avec des promoteurs russes.
b.mode
26 juin, 2010 à 18:57
Grandes grandes ruminances cet après-midi sur les bords de Sèvre ! je vais tenter de faire un cr ! hips ! La pecnaude est arrivée en taxi noir ! Classe !
cui cui fit l'oiseau
26 juin, 2010 à 21:42
! La pecnaude est arrivée en taxi noir ! Classe !
b.mode a dit:
Avec un chauffeur en livrée ?
Ce ne serait pas une Liliane Bettencourt remasterisée, La pecnaude ?
Vu le nombre de réactions, tout le monde doit être au lit en train de cuver une sévère miurge…
babelouest
26 juin, 2010 à 22:20
Nous ruminâmes de façon remarquablement ensoleillée. Bonjour les coups de soleil ! Mais pour ce qui est de nos combats, on continue.
clomani
27 juin, 2010 à 12:59
Tout d’abord, j’ai bien précisé que ce film était une fiction. Son réalisateur revendique le titre (gommé par le producteur ) : Carlos – Roman …
La vie de Carlos étant très obscure, et pour cause… il n’évoque quasi rien de son passé dans son appal au Jihad écrit en taule. Il a d’ailleurs tout intérêt à ne pas trop parler je pense… sans quoi il risquerait de se retrouver zigouillé dans sa cellule ;o)).
Si ça se trouve, il a travaillé pour des fachos sans le savoir ;o)) ! (parce que, si vous connaissez quelqu’un de « clair » dans le milieu, prière de le faire savoir)…
b.mode
27 juin, 2010 à 13:09
@cui cui a dit : »Ce ne serait pas une Liliane Bettencourt remasterisée, La pecnaude ? »
Cui cui, si tu arrives à lui dire ça en face, je te fais livrer une palette de Macallan !
clomani
27 juin, 2010 à 14:08
J’avais pas vu la « super intervention » de Cui-cui ! J’sais pas pourquoi, j’rate plein de trucs
Pour abonder dans le sens de B.Mode, je surenchéris avec 1 tombereau de vrai purin pour engraisser les plantes du p’tit zoziaux ;o))…
b.mode
27 juin, 2010 à 14:20
@clo !
cui cui disait ça pour rire ! son blog ami est là ! http://levillagedesnrv.20minutes-blogs.fr/
collectif comme nous et j’aimerais bien une rencontre entre les énervés et les ruminants !
sinon nouvelle rubrique dans la colonne de droite à l’initiative de rodo. Une phrase marquante prise dans un blog sur la toile endiablée. Aujourd’hui le monolecte, demain justement les NRV !
clomani
27 juin, 2010 à 16:22
Au temps pour moi, je dois patiner dans la semoule suite aux libations successives ;o)).
Toutes mes excuses aux NRV… je reprends mon tombereau de purin et le garde pour « quand on sera plus nombreux pour aller le déverser devant l’Elysée » ;o)).