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Voyages au Maroc (partie 1)

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casablancasouk1.jpg

A l’automne 1998 et au printemps 1999, j’ai fait deux séjours fort différents au Maroc, le premier dans la région de Casablanca, le second aux confins sahariens du Maroc et de l’Algérie. J’en ai fait ici cinq articles, en remaniant des papiers qui furent édités en essais et sont épuisées. Le premier séjour à pour titre ‘NOTES d’un SANS PAPIERS Français au Maroc’, dont voici la première partie. Après la seconde partie de ces NOTES, il y aura mon récit, en trois parties, du second voyage, placé sous le titre ‘AU BOUT DU MONDE’. Bon voyage, dans l’espace et le temps, en cinq lectures !

Notes d’un « SANS-PAPIERS » français au Maroc

(extraits d’un essai auto-publié en 1999 sous le titre de « MICA »)

* IMPROBABLE MAROC *

Oui, je reviens d’un étrange pays. Très étrangement frère et fier.

Oui, j’ai à dire « quelques impressions » que me laissent ce bref séjour, d’émigré chez l’amie Claude-du-Maroc, principalement. Mais le dire tout de suite, le souligner : je ne connais quasi-rien du si vaste Maroc, qu’un simple logement et ses rues adjacentes – à El Djedida, à 70km au Sud de Casablanca, sur la côte.

Sur la voisine place du marché, par exemple, dire simplement que j’ai vu, chaque matin, vingt à trente femmes de tout âge venant rituellement chercher un improbable petit-boulot, du genre « lessive-ménage-cuisine-courses…pas cher » : C’est « le marché aux esclaves », me glisse l’amie Claude, qui préfère, avec raison, faire tout elle-même. Tout en s’interrogeant tout haut : « Un jour,  je devrais embaucher une toute-jeune-fille, sous prétexte de la mettre à mon service…, en fait pour lui apprendre des rudiments de vrais métiers d’avenir : lire, compter, se défendre. »

Et puis, pfuit..: Le soleil monte au zénith ; la vie va ; » çà ira… » Et demain, inch’Allah, le Maroc ira bien car son Roi sera mort : cette imbécile rengaine-là est bien digne de nos parieurs de PMU. Digne de ce fatalisme politique de tous les bœufs de tous les pays, unis qu’ils sont dans la délectation d’aller chacun à l’abattoir…« mais après toi, bien sûr »… Oui, cette chamaille d’entre bœufs-citoyens-résignés, cela existe là-bas comme ici : Échec et Mat, « el Sheikh Mat », le roi est mort : partie perdue. La vie, elle, n’est pas ce jeu de petits bouts de bois…, déjà si cruel.

Reste alors à sourire, à rire (avec un joint marocain, çà aide), à dormir et surtout à rêver : à inventer d’avoir été quelque temps au Maroc, histoire d’y comprendre quelque chose de plus, aux amours des uns pour les autres, aux haines, aux falbalas, aux musiques et à ces putain-de-merde-de-hurlements de 5 h 30 du matin, qu’un ami marocain surnomme « the-first-islam-rocker »

Très improbable Maroc, donc : J’y étais un temps…bon. Ou pas ? Je ne garde pas même la preuve d’y être entré un jour. Et faute de cette preuve, au moment d’accéder au ferry du retour, de subtils policiers de Tanger crurent bon de me faire poiroter des heures, près de divers menottés : Bof, je fus ainsi le dernier embarqué, après avoir été le premier à me présenter au bateau !

* FLICS *

8h du matin, dans le train-retour, arrivant à Madrid : très brutal réveil par deux « mecs en civil » (quand je leur demande de me prouver qu’ils sont policiers, ils me montrent leurs pétoires !), qui fouillent d’abord mes chaussures – sic ! – avant que je leur déballe tout mon linge sale et …toute une série de mini-poteries marocaines, susceptibles chacune de contenir du « H » riffain…

Mon compagnon de train, marocain de ma génération retournant chômer aux Assedic, me console :  » Tu vois, t’as plus la gueule d’un usagé de shit que moi, malgré ton passeport d’européen. De moi, ils savent déjà tout : Que je « monte pointer », après m’être trop défoncé les os, au marteau-piqueur, dans Paris… »

Nos os ? parlons-en!… Les miens aussi sont vermoulus et nous avons tous deux bien mal dormi, assis au-dessus des rails, faute de pouvoir se payer une couchette : je suis à la retraite et toi c’est pour bientôt. Mais nos vies furent bien différentes, dans notre « même classe-ouvrière » : Le R.M.I.-français peut se payer une ballade dans ton pays dès sa retraite (grâce à l’accueil d’une amie), tandis que tu-vas-et-viens, yah-rouhaï (mon frère), pour simplement pointer à ton chômage de vieil immigré marocain !

Flics d’Espagne, de France, du Maroc, surveillez-nous de près : Pendant ce temps, les gros marlous (affaires licites ou pas) sont tranquilles, payent bakchich (ou plus), embauchent-débauchent. Et se payent sinécures de malades-du-dos, qui à Dax quand il est marocain, qui à Erfoud quand il est français : cela dépayse bien ?

Par contre, moins de dépaysement d’un commissariat à un autre. Celui de Casa a, comme ailleurs, la même morgue hautaine de tous ces bureaucrates censés être à notre service (eh oui !). J’y échoue peu après mon arrivée, victime d’un vol banal, mais dont les conséquences me sont graves : Mon léger portefeuille, avec argent, passeport et c°, m’a été dérobé, dans la bousculade de sortie de la gare…

« Bienvenue au Maroc », me dit, sans rire, le premier flic de service. Les autres : pire !! Trois heures plus tard, après intervention théâtrale d’un chef-plus-chef-que-les-autres, ma déposition est enfin enregistrée…et j’ai même signé (« sous réserve de tous mes droits » quand même) un document en arabe, avant d’en obtenir un en français…, qui deviendra mon seul papier, de…« Sans-Papier-Français-du-Maroc » !

* Etre NUMÉRO ou ROI ? To BE or NOT… *

soukmarrakech2.jpgD’une déclaration de perte (sans plainte contre X, inutile…) qui me servira de « viatique d’émigré », à l’obtention de mon droit-au-retour, c’est-à-dire d’un nouveau passeport, il m’aura bien sûr fallu « faire risette » à l’administration : au Consulat de Casa. Et y débourser plus de 400 F…que m’avance l’amie Claude. J’imagine le pire. Que je sois touriste solitaire, soudain démuni par ce vol. Ah…?, le bon Consulat de France a prévu le cas : Attendez. Services Sociaux. Formulaires à remplir. Avances pour Retour. Reconnaissance de Dettes. Signez. Frais divers en prime. Etc.

Ouf, malgré quelques tracas de calendrier (Fêtes Marocaines de « La Marche Verte » puis de « l’indépendance ») et autres (n. téléphones sans réponse), il ne me faudra pas plus de trois laborieux voyages à Casa pour obtenir du Consulat …D’ÊTRE UN NOUVEAU NUMÉRO : d’avoir un nouveau passeport…

Ce seront même les seuls déplacements (taxis collectifs, bravo!) que j’ai effectué pendant ce séjour (adieu « nos riches projets du Sud ») à l’exception de quelques heures à Azemmour, belle ville voisine d’El Djedida. Qu’importe : J’aurais ainsi connu « un envers du décor » du tourisme ringard – dont je n’avais nulle envie, d’ailleurs… : J’aurais ainsi vu le chic-centre-ville-super-fliqué de la Métropole-Casa, et traversé, avec d’heureux commentaires de chauffeurs de taxis (souvent d’ex-immigrés en France) de très énormes quartiers de cette hyper-agglomération (3, 5, 7, ou bien 9 millions d’habitants ?). Où l’on côtoie des bidonvilles en voie de destruction légale…dont les gens, à côté, construisent au même moment d’illégaux bidonvilles, encore plus vastes : Inch’Allah !

Plus criant encore, « La Corniche », ce fin-novembre : entre deux « visites bureaucratiques » au Consulat, nous nous y promenons, Claude et moi, sous un très doux soleil et une belle brise marine. Signe des temps, une énorme surface de cette « alexandrine corniche » a été récemment achetée par un certain Roi. Non,…l’autre roi. Celui d’Arabie du Pétrole ; oui, le pire, l’intégriste. Qui mêle la mosquée très tape-à-l’oeil et le lupanar très-très-privé, avec accès secret souterrain : la plage-du-Roi est aveuglée d’immenses panneaux hypocrites, et c’est entre deux palissades mal jointes, que j’ai découvert le lupanar! Holà ! ces savants agencements permettent à de Jeunes-Belles et à de Vieux-Richards de se bécoter au bord des piscines « private-club », sous l’oeil du passant indiscret que je suis et n’a pas vu la suite… !.

* PANNEAUX *

« Kss-Kss » est, dans mon enfance d’Égypte, le tout premier panneau qui m’ait interpellé. Il s’agissait (il s’agit toujours !) de la belle graphie arabe de « Coca-Cola », qui se lit donc de droite à gauche…mais qui, très grossièrement, peut se transfigurer, de gauche à droite, en un très bizarre « Kss-Kss », pour un enfant facétieux… que je suis parfois demeuré, depuis lors. Il y a en tout cas plus de 50 ans que je reconnais ce panneau publicitaire-là, sans pourtant être devenu fan de ce sirop gazeux.

Je préfère la bière, même, et voire surtout, en pays musulman …

Cela pour dire que je veux éviter de tomber dans le panneau de « l’orientaliste-distingué », comparant « son » Égypte d’avant-hier à « son » Maroc d’aujourd’hui. Ou comparant ce si vaste Maroc, si complexe, aux si complexes réalités de ses voisins maghrébins : je connais un peu la Tunisie, et beaucoup, beaucoup plus, la très douloureuse Algérie. Qui restera bien sûr (cf. mon essai : « Le Piège », 1995) mon point principal de référence, de vraie-vie…

Point de panneaux, donc. A part ce dictateur Coca (« Kss-Kss »!!) et quelques clichés (la mosquée, le burnous…), ces pays d’Islam n’ont à mes yeux que de vagues analogies. Du même ordre que celles qui, par exemple, « unissent » deux pays latinisés comme la Roumanie et l’Irlande ; ou bien la Suisse-si-calviniste et la Scandinavie-si-luthérienne : d’ailleurs, paradoxe parmi d’autres, la construction européenne se fait sous nos yeux (de bœufs) sans autre discours-vrai que l’Économie-Capital, tandis que la glose politicarde arabophone s’époumone depuis 50 ans à « l’unité »…et finit par s’inventer un arabe commun : tel est sa force, par rapport à nos multiples langues européennes. Sauf si le basic-english nous domine tous demain : latins, arabes, chinois, juifs ?

Palestine prioritaire bien sûr : 50 ans de durs drames, en cours… Là, le « panneau » à éviter serait de partager – même inconsciemment – des « arguments » qui cherchent à toujours confondre et la lutte anti-sioniste et le racisme antisémite : le bouquin révisionniste de Garaudy est en vente libre à Casa…, Brrr…. Mais, voilà le pire : Netannyahou est « fol-dingue en provoc », en panneaux « Kss-Kss » à sa manière…

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38 Commentaires

  1. lediazec

    1 septembre, 2010 à 7:54

    Nous voici partis pour une nouvelle série dans laquelle le regard a son importance. Une autre façon d’approcher l’autre en rapprochant les distances. Merci à Rémi pour ce coup de projecteur de coeur et de culture.

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  2. babelouest

    1 septembre, 2010 à 8:47

    Belle introduction au « vrai » Maroc, ce voisin atlantique qui n’est pas tout-à-fait pareil à nos contrées.

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  3. clomani

    1 septembre, 2010 à 9:35

    Génial, merci Rémi de prendre le relai avec cette série marocaine. Qui me confirme un peu ce que j’ai ressenti là-bas. Car mes deux séjours « en touriste » au Maroc m’ont laissée sur ma faim…
    Comme si on ne pouvait jamais se départir de son costume de touriste, de porte-monnaie sur pattes que nous devenons dès lors que nous posons le pied sur le sol marocain, donc ne jamais pouvoir approcher la culture marocaine, le petit peuple et sa misère…
    Il n’y a guère que dans le désert que j’ai trouvé de la sérénité et surtout de la légèreté ! J’avais rencontre mon guide (Saharaoui)à Essaouira 6 mois plus tôt. Je n’avais pas compris qu’il me draguait à l’époque. Il m’appelait régulièrement à Paris pour savoir si je voulais vraiment faire cette méharée dans le désert. Là, je me suis dit qu’il était peut-être amoureux… J’aurais dû me souvenir de mon expérience passée avec celui qui a été « mon mari », le Sénagalais. Mais j’ai oublié… et me suis retrouvée coincée dans des relations mi-amoureuses mi-marchandes (pour lui).
    C’est une fois le voyage terminé qu’il m’a dévoilé son prix,à Marrakech où nos chemins se séparaient. Avant de partir, je l’avais pourtant tanné sur « combien ça coûte » pour budgétiser mon voyage.
    Le prix annoncé m’a permis de voir que je n’étais qu’un porte-monnaie sur pattes, moi aussi. Je me suis dégoûtée tout d’un coup ! J’étais ce que j’ai toujours refusé d’être : la vieille qui s’était tapé son Marocain (qui faisait plus vieux que moi) ! D’autant plus que j’aurais préféré qu’il ne reste qu’un guide afin de ne pas mélanger les torchons avec les serviettes. J’ai mis le hola en milieu de séjour vu le gouffre culturel qui s’était révélé entre lui et moi. Il m’a alors traînée chez tous ses copains commerçants pour que j’ »achète », pour bouffer, pour dormir (il touchait certainement des commissions), on a fait des « détours » inexplicables (il voulait récupérer une doudoune qu’il avait prêtée)… j’avais tout le temps la main au porte-monnaie !
    Bref, à l’annonce du prix, j’ai crû défaillir ! J’étais une aubaine mais pas une Liliane B. !
    D’autant que je ne pouvais plus tirer d’argent avec ma carte bleue. Je lui ai donné plus de la moitié et quand il a fait la tronche parce qu’il n’y avait pas assez, le dégoût de moi-même a augmenté : j’étais devenue l’exploiteuse, la colonisatrice, tout ce que je déteste. Le gouffre culturel s’était hiérarchisé entre celui qui demande et celle qui donne. Je ne pouvais plus le voir et j’étais ravie qu’il décampe vers Essaouira une fois la bagnole de loc rendue. Après, j’ai joué le jeu : 2 jours à tirer dans un Ryiad tenu par un couple d’homosexuels français, où séjournait un drôle de couple : un homo accompagné d’une Néo-Zélandaise prétendant avoir 50 ans alors qu’elle en avait 60, amoureuse d’un jeune Marocain. Nous avons tous dîné ensemble au Ryiad et je me suis sentie bien à l’aise parmi ces gens proches de ma culture, même si nous parlions l’anglais pour la Néo-Zélandaise.
    Ca doit être pour tout ça que j’ai aimé le désert, parce qu’ »il » me fichait la paix, j’étais seule à marcher dans le sable, à observer les dromadaires, à guetter les traces d’oiseaux ou de fennecs dans le sable, tous les matins quand je me levais pour regarder le lever du soleil de face.
    Je concluerais en disant que c’est encore plus difficile pour une femme seule d’avoir des rapports simples avec des gens qu’on maintient dans la pauvreté et dans l’ignorance. A part chez les Indigènes mexicains, j’ai toujours eu du mal parce que refuse de jouer les touristes et qu’une femme seule, c’est comme un « appel ».

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  4. b.mode

    1 septembre, 2010 à 10:08

    Quelle daube cette unblog ! en panne depuis ce matin ! bravo pour ce récit, père Fouras, digne suite des aventures de la fée ! A quand Jean-Claude en Merlin l’enchanteur ? Bises à tous !

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  5. b.mode

    1 septembre, 2010 à 10:13

    Et l’immense Oum Kalsoum pour saluer ce récit ! ;)

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  6. Eddie Torial

    1 septembre, 2010 à 10:16

    Ca fait un peu Européen décati décadent déprimé tout ça ….

    E.T.
    http://lecaennaisdechaine.over-blog.com/

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  7. remi begouen

    1 septembre, 2010 à 12:05

    L’Européen décati décadent n’a pas fini de dégoiser ses conneries, Eddie Torrial ! Je te suggère d’attendre de lire tout le reste avant un avis définitif, mon cher… caennais déchaîné que j’ai connu mieux inspiré!
    Je ne sais si les autres commentateurs sont des amis européens décatis décadents???… pour approuver et saluer ce 1° article. Merci à eux !

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  8. Suzanne

    1 septembre, 2010 à 12:51

    Je n’ai pas tout lu, je me suis arrêtée à « la gueule d’un usagé de shit », et je trouve ça très joli, cette expression. Je pense au visage du pêcheur buriné par l’air marin, au gros nez en fraise de l’alcoolique, à l’usure des pages et de la reliure d’un livre. L’usagé de shit es-t-il usagé de partout ?

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  9. lapecnaude

    1 septembre, 2010 à 14:13

    Pourquoi, vous avez des chaleurs Suzanne ?

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  10. Eddie Torial

    1 septembre, 2010 à 15:02

    Que vient donc faire l’inspiration du « Caennais déchaîné » là-dedans ?

    C’était autant pour vous Rémi, que pour Clomani.

    On dirait que vous en voulez tous les deux aux Marocains ?

    Nous, quand on dénonce la misère, l’infortune des autres, on est très méchants… après les responsables de cette misère, pas après les victimes.

    Il est vrai qu’Hugo ou Zola faisaient cela bien mieux que nous.

    E.T.

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  11. clomani

    1 septembre, 2010 à 15:29

    Eh bien soyez méchants… Eddie, allez donc vous installer au Maroc et soyez beaucoup plus méchants que nous…
    Personnellement, je déplore le fait de n’avoir pas été capable d’instaurer une relation vraie, autre que marchande ou hiérarchique avec les Marocains que j’ai rencontrés. Ou c’était moi qui me faisais plumer, ou j’étais la touriste coconne qu’il fallait que je sois.
    Il y a d’autre choix entre ces deux extrêmes…
    De plus, j’en veux d’autant moins aux Marocains que mes deux meilleures amies sont des Marocaines (devenues françaises), l’une pratiquante, l’autre hyper laïque.
    Mais allez-y, vous nous ferez un compte-rendu après… puisqu’il semble que votre vision de la misère soit différente de la nôtre. Peut-être ne la verrez-vous pas et vous comporterez-vous alors en bon Franchouille installé là-bas pour peanut, avec des serviteurs corvéables à merci (mieux traités par les Français que par leurs compatriotes, souvent).
    Peut-être sommes nous trop « tendres » pour supporter d’être complices de cette misère-là ? Qu’en penses-tu, Rémi ?

    Répondre

  12. lapecnaude

    1 septembre, 2010 à 15:45

    Viens donc un peu sur nos côtes en saison Clomani et tu verras des bons franchouilles se transformer en suce-toutous !
    Si tu reste à proximité des grands centres, oui c’est comme tu le décris, mais un peu plus haut en montagne, c’est différent, là c’est crever lentement ou survivre … avec peu, sûr que le hasch est un filon mais pour quelques dinars seulement, çà ne va pas loin, les rapiats sont à mi-pente ….

    Répondre

  13. lapecnaude

    1 septembre, 2010 à 15:48

    Il est à noter que le premier papier de Rémi est un récit « sensitif », brut de décoffrage, où la présence de son amie (tel qu’on le connait) lui a certainement occulté un peu la vue !

    Répondre

  14. Germain de Colandon

    1 septembre, 2010 à 17:51

    @Clomani

    Le changement des mentalités peut se faire par l’éducation des plus jeunes. D’où l’indispensabilité d’oeuvrer par/pour des ONG philanthropiques et complètement désintéressées (en principe cela va de pair).

    Ce pays (comme d’autres) souffre aussi et certainement d’un machisme plus que récurrent.

    De là à traiter Eddie de franchouille, alors que les uns et les autres nous nous sommes mis la moitié de la ville à dos pour qu’elle s’occupât enfin des SDF (2000 à Caen), vous y allez un peu fort de kawa.

    Mais bon, mieux vaut un bon emportement à un « moutonnisme » crasse qui sied tant dans notre vallée des larmes.

    A vous lire,

    Germain de Colandon

    Répondre

  15. lediazec

    1 septembre, 2010 à 18:21

    Ah, les excès langagiers ! Je ne pense pas, Germain – ou Eddie – qu’il y ait un doute en ce qui concerne votre engagement et le nôtre. Ni malentendu non plus.
    Mais dans le feu de l’action… :twisted:
    Mais attendez, la suite arrive demain en début d’après-midi, parole de chauve !
    J’espère que Suzanne arrivera au bout de sa lecture :mrgreen:

    Dernière publication sur Kreizarmor : Place Vendôme, haut lieu de l'indécence

    Répondre

  16. clomani

    1 septembre, 2010 à 18:43

    Mais c’est évident, Germain de Colandon. Je me suis un peu énervée parce que le Caennais pensait que nous n’aimons pas les Marocains. J’ai trouvé que c’était une lecture quelque peu primitive de ce que Rémi a écrit, et de mes ajouts derrière.
    Je sais pertinemment comment on peut faire changer les mentalités, je connais le tourisme éthique, et j’ai payé une surcharge de bagage au départ de Paris parce que j’avais un stocks de médocs de base pour les apporter justement dans les montagnes. J’ai séjourné une nuit (de grand vent et de neige) dans un petit refuge sur le Mgoun, dans un tout petit bled où j’ai pu voir combien la vie était dure. J’ai pu accéder à ce village justement grâce à mon copain guide qui connaissait le pays et la route. J’ai distribué mes médocs dans les petits bleds où nous nous arrêtions.
    Mais il n’empêche que je trouve très difficile d’établir des relations lorsqu’on ne parle pas la langue (les Berbères ne parlent pas trop l’arabe, dont je connais 10 mots), encore moins lorsqu’on est une femme « à la merci » d’un guide qui ne peut pas se départir de l’idée que vous êtes riche. Car vous êtes plus riche que lui, c’est certain. Mais quand j’entends le Roi dire qu’il veut faire de son pays un pays uniquement touristique, quand j’entends des Français chanter la Marseillaise à Marrakech, quand je vois les retraités français aller là-bas pour couler leurs vieux jours, quand j’entends que toute la jet-set se retrouve à Marrakech, et que je pense à ce que j’ai vu des faubourgs pouilleux de Marrakech, ça me révulse. Et je confirme que les pachas du Golfe sont des grands amis de sa majesté et qu’ils viennent se taper des petites gazelles marocaines parce que c’est plus facile au Maroc que chez eux. Qu’ils roulent en 4×4 aux vitres fumées, après avoir débarqué en Jet privé à Ouarzazate. Parce que là-bas aussi, les campagnes se vident et les pauvres vont s’installer dans les bidonvilles proches des villes touristiques. Tout ça, je le sais. Je sais aussi que Ouarzazate est devenu un immense studio de cinéma, fournissant du travail peu rémunéré aux « locaux » et cassant ainsi les salaires des intermittents du spectacle français. Le Roi Abdallah n’a rien à faire que son peuple soit miséreux… il n’est préoccupé que du bonheur de ses amis riches qui ne paient même pas d’impôts alors qu’ils vivent sur le dos des Marocains ! Solder son pays ainsi, c’est honteux. Le pire, c’est que les Marocains sont foncièrement gentils, fidèles au roi et qu’ils ne songent même pas à se rebeller !
    Sinon, Lapecnaude, oui, les petits bleds c’est mieux, oui, je suis sûre que j’aurais été heureuse dans le désert, dans ce petit village appelé Bouno. Parce que lorsque je suis allée me promener seule, à côté du camping… j’ai rencontré des femmes et leurs enfants, au sommet d’une dune proche des palmiers du village (qui revit grâce à l’arrivée de touristes étrangers respectueux de l’environnement et des Marocains) qui m’ont invitée à partager le moment qu’elles partagent tous les soirs : le coucher du soleil derrière la dune. Vieilles, jeunes, étaient ensemble et rigolaient comme des folles. Elles m’ont incluse dans leur cercle, m’ont mis un foulard, une adolescente qui allait à l’école parlait quelques mots de français, mes mots d’arabe ont aidé. Ce fut un moment privilégié. J’ai d’ailleurs presque failli m’acheter une maison dans le bled. J’y ai renoncé en raison de l’éloignement et des moyens de transports aléatoires hors saison.
    Parce que, le Maroc, il faut y aller en dehors des hordes.

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  17. lapecnaude

    1 septembre, 2010 à 18:50

    Germain, où est Mouloud ?

    Répondre

  18. Germain de Colando

    1 septembre, 2010 à 18:59

    La colère ! La rage ! Enfer et damnation hurlait Berlioz !

    Vous avez tout à fait raison… mais n’oubliez pas que tout n’est pas foncièrement noir. Il y a quelque espoir – ce qui fait bien rigoler mes amis qui me trouvent vaguement « pessimiste » (moi, je dis réaliste.)

    Quant aux Marocains – et tous les autres bafoués de la terre : « C’est seulement à cause de ceux qui sont sans espoir que l’espoir nous est donné. » disait Walter Benjamin.

    Nous, nous sommes du même avis que ce monsieur.

    De toute manière, un jour ou l’autre, on foutra sur la gueule à tous les salopards ! Faites-moi confiance.

    Bien à vous

    GdC

    Répondre

  19. b.mode

    1 septembre, 2010 à 19:21

    Je connais bien le Maroc… de la fin des années 70 aux début des années 80. J’y suis allé souvent. J’ai vécu des moments fabuleux ! même si j’y ai subi quelques moments périlleux. Entre autres, une lame sous la glotte à Tanger parce que j’avais un sac de voyage au lieu d’un sac à dos et qu’on m’avait pris pour un dealer de gros.

    Depuis un pote de boulot franco-marocain m’a dit qu’au sortir du bateau qui mène d’Algésiras à Tanger, ils ont construit un gigantesque autoroute qui va de Tanger à Agadir. Et tout ça pour quoi ? Pour avaliser le monstreux port de commerce qui se met en place à Tanger et qui va remplacer Algésiras and co biscotte la main d’oeuvre locale est moins chère que les spagouins. Tanger cette ville de rêve, située sur un endroit inouï va devenir le chantre de la mondialisation et du commerce de merdia ! J’ai envie de vomir !

    Répondre

  20. remi begouen

    1 septembre, 2010 à 19:29

    Une anecdote à propos du conflit ( en fait politique ) entre berbèrophones (Amazigh) et arabopones (deux très belles langues). J’étais dans un autocar bondé – seul Français, mais invité par le chauffeur à m’asseoir auprès de lui, car il avait envie de me raconter sa précédente carrière de chauffeur de camion ‘TIR’ au travers de l’Europe. Il inondait le public, très majoritairement de langue Amazigh, de belles musiques berbères. Soudain, un passager vient l’interpeller pour qu’il passe enfin des musiques arabes, ‘des vraies’. Ni une, ni deux, le chauffeur freine sec, arrête le car (dans un endroit désertique!)et somme l’individu de descendre, s’il n’est pas content… On n’a plus entendu parler l’arabophone, honteux, réfugié au fond du car. Pendant des heures, puisque le car traversait le Haut-Atlas, ce qui représente un exploit…

    Répondre

  21. Jean-Phi

    1 septembre, 2010 à 19:50

    Même si mon commentaire n’est pas en adéquation avec ton article, je voudrais simplement dire qu’un général pendant la seconde guerre mondiale disait sur « Radio Londres » : les français parlent aux français, et je viens d’apprendre qu’à Kaboul « les français tirent sur les français ». (sans commentaire, façon de parler…)

    Répondre

  22. b.mode

    1 septembre, 2010 à 20:12

    « Plût au ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu’il lit, trouve, sans se désorienter, son chemin abrupt et sauvage, à travers les marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison ; car, à moins qu’il n’apporte dans sa lecture une logique rigoureuse et une tension d’esprit égale au moins à sa défiance, les émanations mortelles de ce livre imbiberont son âme comme l’eau le sucre. »
    Je sais pas pourquoi je cite Lautréamont, moi ? Je dois avoir bu ! comme dab…

    Répondre

  23. remi begouen

    1 septembre, 2010 à 20:16

    J’ai eu vent, pendant la Guerre d’Algérie -où j’ai été…- de telles erreurs de ‘tirs amis’. Godard dit quelque part : ‘La guerre c’est simple, c’est un bout d’acier qui rentre dans un bout de viande humaine’… la belle affaire que cela soit ‘erreur’ et ‘tir ami’ ! : L’armée française (et autres) n’a rien à faire en Afghanistan aujourd’hui, comme autrefois en Aalgérie, au Maroc, etc. C’est clair. Avant-hier ‘les français parlent aux français’ sur Radio-Londres, OK; Demain, ‘les hommes parlent aux hommes’, tout simplement, et ce sera mieux encore…

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  24. remi begouen

    1 septembre, 2010 à 20:24

    B.mode et son Lautréamont magnifiquement cité ayant interféré entre le commentaire de Jean-Phi et le mien, je précise que je répondais à Jean-Phi…
    Quant à commenter Lautréamont, je renonce, à cours d’idée : je vais aller boire un coup à la santé de B.mode !!

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  25. Jean-Phi

    1 septembre, 2010 à 20:57

    Je suis, tu le sais, entièrement d’accord avec toi. Je ne suis ni un « acharniste » ni un anarchiste. Simplement peut-être un de ces idéalistes qui croient encore qu’un monde apolitique et sans violence est un monde meilleur. Ca y est, j’ai trouvé : je dois être utopiste… J’adore Jean-Luc Godard. Quant à Lautréamont, je ne suis pas assez connaisseur, mais je vais me documenter.(Désolé B. Mode de mon ignorance)

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  26. Didier Goux

    1 septembre, 2010 à 21:00

    Magnifique ! Le billet est déjà bien, forcément, on est chez les Ruminants… Mais alors, en plus, la Clomani face aux P’tits Marocains excitants, qui évidemment (et je les comprends : à leur place, n’est-ce pas…) n’en veulent qu’à son porte-monnaie… enfin bref, c’est une merveille.

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  27. Didier Goux

    1 septembre, 2010 à 21:05

    Ah, Mme Clomani, je n’avais pas lu votre deuxième intervention ! Dieu que je vous aime ! Céleste, à côté de vous, c’est… Tiens, les mots me manquent : vous êtes merveilleuse… irremplaçable…

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  28. jean-Phi

    1 septembre, 2010 à 22:19

    Je voudrais juste appuyer le commentaire de Monsieur Didier Goux. Madame Clomani, vous avez l’art de montrer dans vos billets ce talent d’écrivain qui fait qu’on ne peut pas décrocher avant la dernière phrase. Tout le monde sait que le vécu vaut tous les mots…

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  29. Suzanne

    1 septembre, 2010 à 22:57

    La Pecnaude, franchement, votre façon de répondre avec des allusions sexuelles à chacun de mes commentaires ici, c’est un peu bizarre.
    Je voulais juste signaler gentiment une petite faute d’orthographe qui aura échappé à la rédactrice du billet (et ce n’est pas bien grave). Usagé, ça signifie « usé ». Usager= utilisateur. Voilà, c’est tout !

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  30. Suzanne

    1 septembre, 2010 à 22:59

    Du rédacteur, pardon!

    Répondre

  31. Jean-Phi

    1 septembre, 2010 à 23:33

    Suzanne, au diable ces petites querelles intestines. Je pense simplement que La Pecnaude a fait, pour la forme, et le « fun », une faute volontaire. Le Petit Larousse est mort il y a déjà bien longtemps et nos enfants parlent un langage que nous ne comprenons pas toujours. Lol, mdr. Bien amicalement,

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  32. lapecnaude

    2 septembre, 2010 à 3:07

    Suzanne – mes excuses pour avoir lu trop vite, il est vrai que vitesse et précipitation ne vont pas ensemble. a mon tour de rectifier gentiment, je suis du genre femelle donc rédactrice … ce n’est pas bien grave, mais aurait grandement géné ma vie je serais devenue polygame ! Quel désordre !

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  33. lapecnaude

    2 septembre, 2010 à 3:08

    Et puis dans le fond, avouez le , Suzanne vous aimez cela !

    Répondre

  34. Suzanne

    2 septembre, 2010 à 8:04

    La Pecnaude: je ne sais plus de qui est l’article, du coup. Je croyais qu’il était de Rémi B.
    Et pour le « dans le fond, vous aimez cela »: non.

    Répondre

  35. clomani

    2 septembre, 2010 à 9:01

    Ah, Didier… bien sûr, vous n’avez vu en moi que cette « salope qui va se taper des petits jeunes qui l’excitent ». Vous vous êtes bien gardé de lire ce que j’ai écrit ensuite et surtout de le comprendre. En plus, vous vous plantez complètement : que je sache, vous ne teniez pas la chandelle et vous ne savez rien, sauf ce que j’en ai dit, de cette relation qui s’était installée entre mon guide et moi. Où ai-je écrit que je me le suis « envoyé » ?
    Vous êtes pitoyable, Didier G. : tel ces bons gros racistes, vous ne voyez que d’immondes bêtes sexuelles chez les étrangers qui viennent trousser vos femmes(ou vos copains) : grosses bites, petits cerveaux… ça aussi j’ai entendu ! Vous me rappelez ce voisin bête et méchant, raciste et frustré, qui disait de moi que je profitais sexuellement des immigrés puisque j’étais mariée avec un Sénégalais. Ce pauvre type plus jeune que moi s’est excité sur ma boîte aux lettres pendant des années parce qu’elle affichait un nom étranger. Débile : je n’ai jamais vécu avec mon « mari » que j’ai juste aidé à venir étudier en France au moment où Pasqua virait 101 Maliens.
    Sachez, mon pauvre Didier, que ma boîte aux lettres a ensuite recueilli le courrier officiel d’un Irakien, et qu’en plus, en tant que bénévole à la CIMADE, j’ai aidé des tripotées de demandeurs d’asile à rédiger leur demande.
    Sachez aussi que j’irai manifester samedi prochain contre ces lois anticonstitutionnelles, iniques, racistes et xénophobes brandies par Brice H et Nicolas S, les minus en chef.

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  36. clomani

    2 septembre, 2010 à 9:20

    Marine Le Pen et Didier Goux me pusieron de mal humor ce matin !
    Heureusement, j’ai pu voir et entendre Didier Porte pour sa 1ère chronique de rentrée sur @si !
    Ca va mieux.
    Mais je cesserai, dès aujourd’hui, d’écouter Marine et de lire Didier. La vie est plus belle sans ces gens-là. ;o)

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  37. remi begouen

    3 septembre, 2010 à 14:56

    Je découvre ce petit poème, qui fait écho au ‘Kss-Kss’ de mon paragraphe ‘Panneaux’ :

    PUBLICITE

    Je voyage et je vois partout
    des grands M de Mac
    et de grands C de Coca
    des multitudes de F de Ford
    des T de Toyota

    Je vois partout
    des N de Nestlé et de S d’Esso
    des I d’IBMM et des D de Disney

    Je vois de A à Z
    des panneaux plein les rues
    plein les yeux
    de terre de feu
    à Alaska
    de Saint-Brieuc
    à Calcutta

    Mais je ne vois nulle part
    parmi tant de couleurs et de cris
    le P de Poésie
    ni le A de l’Art

    Cela est signé Yvan Avena, qui a illustré et exposé des centaines de ses poèmes au Guatemala, Espagne, Honduras et Brésil, où il habite.
    Voir http://lepoètequivousparle.blogpost.com

    Texte (et auteur) découvert sur la dernière des 16 ‘feuilles A4′ mensuelles, papier, uniquement diffusées sur abonnement par A CONTRE COURANT. Voir http://www.acontrecourant.org

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  38. remi begouen

    3 septembre, 2010 à 14:59

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