Depuis le début de l’affaire Woerth-Bettencourt, le ministre des retraites crie au scandale, à l’acharnement et – allons-y ! -, va jusqu’à parler de « lapidation publique », ni plus ni moins : le poids des mots, le choc des images.
Jusqu’à présent il avait curieusement bénéficié d’un traitement de faveur de la part des syndicats. Pourquoi ?… Certains tordus évoquent une attitude « noble » des responsables syndicaux. Or depuis le milieu de la semaine, ce traitement de faveur n’est plus en vigueur chez ces révolutionnaires d’un type nouveau. Un mystère de plus.
Je comprends d’autant moins cette attitude des syndicats, que sieur Woerth n’est pas un novice dans la magouille. Les héritiers des Fernand Pelloutier, Émile Pouget et autres Pierre Monatte, ont l’air d’avoir gagné en embonpoint ce que leurs prédécesseurs avaient en pugnacité.
Pourquoi donc un tel traitement de faveur à l’égard de celui qui cherche de toute évidence à poignarder le système des retraites sans autre état d’âme que celui de servir les intérêts de la classe possédante ? Stratégie du silence, consistant à ne parler qu’à bon escient, juste au moment de l’estocade ?… Grogne de la base qui pousse, pousse, parce qu’elle n’en peut plus du mensonge et des tromperies en tout genre ?…
J’ai bien ri en lisant les titres dans la presse : « Woerth lâché par les syndicats, Fillon et Sarkozy à son secours ». Vicieux, vous ne trouvez pas ? Comme si le rôle des syndicats consistait à soutenir celui qui ne cherche qu’à leur enduire le sphincter avant pénétration. Il y a des jours où la vie mérite d’être vécue !
Il n’en fallait pas davantage pour que Sarko et Fillon – pour des raisons différentes – montent au créneau apporter à l’amnésique Woerth un soutien indéfectible. Le Lider Mínimo, parce que la mort politique de son ministre préféré sonne le glas de sa propre politique ; le premier ministre, parce que après un exercice plutôt peinard – qu’avait-il comme occupation avec un tel chefaillon ? – n’a pas envie de se faire dépouiller avec le dossier des retraites. ni avec aucun autre du reste. La paix des cimetières, trop peu pour lui. A moins qu’il ne s’agisse du baiser du Parrain. Allez savoir ! Que cette période est faste en rebondissements ! Cela faisait longtemps que la Cinquième n’avait montré un visage aussi obscène.
Mieux vaut tard que jamais, camarades syndicalistes ! Tous unis contre la politique de l’arnaque. Que Sarko se souvienne que quand en France il y a des grèves, désormais non seulement on le remarque, mais on s’en souvient !
lediazec
4 septembre, 2010 à 8:10
Bonjour à tous. Tout est en place. Merci Bernard pour ce claqueur de doigts dans la zique du jour don j’ignorais l’existence. Merci aussi pour les liens dans la brévitude. Cuisses de grenouilles, second volet de lapecnaude. Et, bien sûr, bien sûr, l’Erby du jour, très à jour. Il a la pêche, le père René !
Et la phrase du jour en forme d’appel à la mobilisation, piochée dans le Caennaîs déchaîné.
Dernière publication sur Kreizarmor : Place Vendôme, haut lieu de l'indécence
remi begouen
4 septembre, 2010 à 8:12
Fernand Pelloutier, Emile Pouget,Pierre Monatte, ah, quelle bonne idée, Lediazec, d’évoquer ces VRAIS syndicalistes d’hier!
Et au fait, de savants politologues, autoprocamés tels, continuent de ‘s’étonner’ de la faible syndicalisation de la classe ouvrière. M’est avis que si le trio cité çi-dessus pouvait revenir, la syndicalisation grossirait beaucoup, en radicalité et en volume… Tandis que nos ‘honorables patrons de centrales’ magouillent, gèrent leur siège social et subventions, et croient ainsi continuer à ‘manoeuvrer la base’ éternellement. Mais, à force, la base fout le camp, dépitée : j’ai connu et connais beaucoup de démissionnaires de la CGT (comme moi) et plus encore de la CFDT. Ce qui ne nous empêche pas d’aller dans les manifs, comme celle de mardi 7, fraterniser…
POur la manif d’aujourd’hui 15h je vais faire la pancarte :
‘Liberté POUR l’Egalité PAR LA Fraternité’, en grand, et le commentaire : PAS de liberté au renard de piller le poulaillier!
Laetsgo
4 septembre, 2010 à 9:19
Je suis également surprise par l’attitude des patrons des centrales : leur mutisme pour commencer et leur soudain réveil cette semaine…stratégie ? Tactique en toc ? En tt cas, ce n’est pas innocent…
Par contre, en lisant le dernier Monde Diplo, je suis tombée sur un superbe article narrant la syndicalisation soudaine d’une usine des Landes suite à son rachat par un hedge fund ! Et bien ça met du baume au cœur ! Les dirigeants sont sans nul doute corrompus et ont leur propre agenda bien différent de celui de leur base, mais il reste des individus déterminés dont la conviction fait tache d’huile et qui ouvrent le chemin de la résistance !!!
Zgur
4 septembre, 2010 à 9:32
Sur France Inter hier un commentaire qui donne une explication de l’indolence des chefaillons syndicaux
En substance : « Si tout se passe bien, les syndicats devraient canaliser la colère populaire »
Ce n’était pas la première fois que j’entendais cette explication de la « co-gestion » de la crise par le couple gouvernement-syndicat pour éviter une explosion sociale.
Rajoutons à ça le fait que cette réforme concerne le secteur privé (peu syndiqué) et que les « bataillons » syndicaux viennent du secteur public …
Et puis, aux Etats-Unis, ce sont des chefs syndicaux qui gèrent certains fonds de pension de fonctionnaires. Ca fait de bien bons fromages et place dorées en perspectives (Cf Notat qui s’y voyait déjà ou Edmond Maire qui fait le tapin pour Natixis http://zgur.20minutes-blogs.fr/archive/2009/03/27/edmond-maire-m-ecrit-ilpour-renflouer-ses-potes-de-natixis.html).
Avec des adversaires comme ça, le gouvernement peut presque dormir tranquille. Presque seulement parceq que justement les français, la base, commencent à ne plus être dupes, pas encore assez combatifs, mais ça viendra.
Arf !
Zgur
clomani
4 septembre, 2010 à 9:58
J’étais justement étonnée que les centrales syndicales ne se réveillent qu’hier ! Juste après que le P.S. (ou au même moment) réclame la tête de l’aWoerthon via quelques déclarations « tenoriennes ».
En tout cas, côté éducation nationale, je peux vous dire que ça gronde, ça gronde, et ça gronde. J’ai deux copines dans l’enseignement qui annoncent une rentrée difficile… Les inspecteurs d’académies sont en train de rejoindre le mouvement. Côté SNCF aussi, ça va mal. Dans le milieu hospitalier, en allant à F2 l’autre jour, j’ai vu d’énormes calicots devant l’Hopital Georges Pompidou (qui est en grève depuis sa création d’ailleurs) dénonçant les conditions de travail.
Quand j’vous dis que la France ressemble de plus en plus à l’Angleterre de Thatcher : les trains n’arrivent plus à l’heure depuis longtemps (et ça n’est pas à cause des grévistes… ) les avions ont des accidents, les précaires sont de plus en plus nombreux. A Paris, les mendiants sont de plus en plus nombreux dans les rues… âgés souvent, agressifs aussi.
A l’époque où j’avais une pote secrétaire fédérale à la Cégète, j’vous dis pas ce qu’elle me racontait ! Du pas beau, du pas beau du tout. Les patrons du secteur qui faisaient des petits cadeaux aux secrétaires cégète du secteur. J’ai été syndiquée 10 ans à partir de 1994, à la Cégète, j’en suis partie très très fâchée ! Mais les autres étaient pires, à France 2 : DRH pro F.O. qui attribuait les promotions dans les couloirs avant les commissions paritaires où nous nous efforcions de faire augmenter les petits salaires. En revanche, les responsables syndicaux gagnaient les concours internes où ils ne prenaient même pas la peine de participer…
En fait, c’est la division promue par le MEDEF qui aura eu raison du syndicalisme en France.
Quant à l’aWoerthon, il a « fermement » été soutenu par not’Minus Ier qui s’est contenté d’avoir l’air sûr de lui en disant un NON ferme tout en s’empressant de tourner le dos et de fuir les camera. Pas très net tout ça. En plus, quand on sait le nombre de mensonges qu’il a diffusés depuis sa prise de pouvoir, on sait pertinemment que dès la réforme passée, zou, le Rickie mains jaunes et sourire jaune, il va gicler et se dépatouiller avec ses casseroles. La réforme va passer malgré les amendements du PS parce que le PS est le 1er à dire qu’il faut travailler plus longtemps et on l’aura dans l’os.
Ceci dit, peut-être que l’avoir dans l’os va être l’étincelle qui va mettre le feu aux poudres… Inch’Allah ;o))
lediazec
4 septembre, 2010 à 10:06
@ Zgur. Sûr que, sans perversité aucune, la conclusion qui nous vient immédiatement à l’esprit a de quoi nous procurer quelques frissons : si Woerth a été nommé par Sarko pour appliquer SA politique et que les chefs syndicaux « soutiennent » Woerth, pour qui roulent-ils sinon pour Sarko !
Encore une occasion de gerber !
Dernière publication sur Kreizarmor : Place Vendôme, haut lieu de l'indécence