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Folle Genèse

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pascaldurand.jpgJ’ai reçu il y a peu ce courriel de l’ami Jean-Phi, l’un des trois animateurs, avec Pascal Durand et moi-même, de l’émission ‘Etc. et j’en oublie’, dont j’ai fait un article, paru le 5 août dernier.

Du même Pascal, voir aussi l’art de l’omelette au lard’, paru le 23 août dans la rubrique ‘riz,pâtes, œufs’ des recettes regroupées dans ‘Delicatessen’ :

Il est 23h32 sur mon ordi. La clope au bec et le verre de whisky à portée de main,  je pense à toi, Pascal.

Il y a quelques années de cela, notre ami Pascal Durand nous a quitté : il y en a eu d’autres avant, il y en a eu d’autres après. Pascal était avant tout un poète, un drôle d’Anar et un écrivain. C’est une personne qui compte dans la vie d’un homme, car ce trublion, amoureux des mots, de l’écriture, des femmes et du vin, nous émerveillait toujours par sa lucidité d’esprit et sa capacité à inventer des histoires sorties de nulle part avec une facilité déconcertante. En le lisant, je repense parfois à Raymond Queneau, à Lewis Carroll, à Pierre Desproges… + d’autres…

Nous écumions fréquemment les bistrots, éventrant les sous bocks de bière afin d’avoir une surface sur laquelle noter une idée dont on avait peur qu’elle s’évade, la nuit avancée.

Je ne cherche pas à rendre à Pascal Durand un hommage nostalgique et larmoyant, mais ce que l’on peut dire est qu’il avait la pertinence d’un philosophe et l’impertinence d’un gamin. Salut, mon pote. Il est 00h02 sur mon ordi. Jean-Phi.

Depuis, nous nous sommes concertés, avons conservés l’essentiel de ce courriel. Nous avons surtout très envie de glisser de loin en loin aux ‘chers ruminants’ quelques perles de notre ami trop tôt disparu, le jour de ses 50 ans. Son dernier texte, inachevé, s’appelait ‘Folle Genèse’ et a donné son nom à l’ensemble du recueil, hélas posthume, que nous lui avons consacré. Il s’ouvrait par cette première perle : ‘autoprésentation’:

Alors, j’me présente: Pascal (prénom que j’ai longtemps détesté because le cureton de ma paroisse qui, eu égard à ma tignasse aujourd’hui disparue, m’appelait ‘l’agneau Pascal’!), descendant en zig-zag de guadeloupéen, c’est-à-dire de tamouls de Madras, c’est-à-dire d’himalayens du Cachemire, probablement. Mais ça remonte un peu loin, même s’il doit me rester des chromosomes qui se souviennent.

Pascal, donc… à l’occasion, directeur de travaux ou coordinateur, selon qu’on me propose ceci ou cela. Mais, par goût ou je ne sais quoi, presque exclusivement à l’étranger. J’suis pas hexagonal ! Ça m’a valu quelques aventures fumeuses, quelques coups de chaud, quelques bleus aussi, ramenés du Venezuela, de Trinidad, du Pakistan, d’Uruguay, d’Algérie, du Maroc, d’Oman, d’Inde, du Sri Lanka, des Philippines, de Corée, du Cambodge, de Nouvelle Calédonie, de la Réunion, d’Arabie, des Maldives, du Laos, du Vietnam…

miroirdepascal.jpgÇa m’a valu, en prime, quelques maladies bizarres, quelques fièvres ‘exotiques’, quelque scorbut et quelques comas dus à de charmantes bestioles piquantes ou mordantes ou les deux.

Ça m’a valu une vie bien pleine, gribouillée de souvenirs en tous genres, le plus souvent du genre féminin coloré… A part ma première épouse, je ne fréquente qu’amicalement les occidentales ! Freud m’en aurait fait cinq cent pages, moi, je ne cherche plus à comprendre… c’est comme ça et point à la ligne. A la ligne de vie qui se faufile au creux de ma main, fil d’Ariane tout rafistolé. Eh… j’suis pas Thésée, moi ! Taisez-moi ou j’dis tout. Tout de mes turpitudes d’entre tropiques du cancer (tiens…c’est mon signe !) et du capricorne.

Après cette autoprésentation de l’artiste, en avant-première, nous aviserons, Jean-Phi et moi, de choisir des ‘morceaux choisis’ de ses œuvres loufoques… Si vous en manifestez le désir dans vos commentaires !

En attendant, voici un ‘petit texte pour la route’, extrait du début de ‘Folle Genèse’ :

Au début, au tout début, il n’y avait… RIEN !

Avouez que pour commencer un récit, c’est un peu peu. Donc, et je vous prie d’accepter mes excuses pour cet artifice, je dirais qu’il y avait… pas grand-chose. Et ça change tout !

Alors, éteignez vos ceintures et bouclez vos clopes, on va déco…er !

Au début, donc, quelques particules dites élémentaires, mon cher Watson, erraient dans le glauque et relatif néant. Elles avaient des noms aussi bizarres que curieux : ‘Quark, Muon, Gluon, Neutrino’, etc. La liste n’est pas exhaustive. Et puis il y avait aussi ‘l’Bon-Dieu’ qui traînait nulle part et partout. Il s’ennuyait ‘l’Bon-Dieu’, dans cet espace creux et sans lumière. Un jour, si je puis dire, une particule grilla un stop et entra en collision avec une autre. Ça fit un boucan de tous les diables, un big-bang, en quelque sorte. Au point que les autres particules en furent tout ébranlées et partirent dans tous les sens, se collisionnant à leur tour ! ‘L’Bon-Dieu’, dérangé dans son éternelle sieste, voulut faire la lumière sur cette affaire. Et… la lumière fut !

A suivre ?

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16 Commentaires

  1. remi begouen

    18 septembre, 2010 à 6:03

    Les 2 illustrations sont des montages infographiques de l’ami Jean-Phi, à partir de photos que j’ai prises, de Pascal. La seconde, ‘le miroir au Pascal’ a toute une histoire. Dans sa vie aventureuses, Pascal venait de subir une grave mésaventure : sa compagne espagnole, ancienne prostituée qu’il avait enlevée à un mac parisien, venait de quitter Pascal secrètement (pendant une absence de quelques jours) et emportant bien des choses, dont le chéquier…dont elle abusa beaucoup!
    Pascal, désabusé et interdit bancaire, démissionna de son poste de décorateur aux Chantiers et prit ‘son compte’ en liquide. Il vint chez moi avec cette liasse de billets de 500 francs (‘les fameux Pascal’) qu’il punaisa au mur pour encadrer son portrait… Puis s’empressa, assez vite, de tout dépenser, généreusement !

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  2. babelouest

    18 septembre, 2010 à 7:00

    Ah Rémi, acharniste magnifique, que ta vie est pleine de péripéties improbables, et de personnages très hauts en couleurs ! On a l’impression que tu as vécu cent vies, et que la cent unième surpasse les autres en péripéties inédites et somptueuses.

    Salut appuyé, l’artiste !

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  3. b.mode

    18 septembre, 2010 à 8:29

    Merci Rémi pour ce récit touchant, généreux et sincère

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  4. Laetsgo

    18 septembre, 2010 à 9:04

    J’adore le style ! La suite, la suite !

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  5. remi begouen

    18 septembre, 2010 à 9:58

    Babelouest – Tu es bien flatteur, l’ami ! Sache que la cent unième vie que j’ai, c’est actuellement de ruminer en bonne compagnie!

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  6. lediazec

    18 septembre, 2010 à 10:32

    Je suis là. J’ai bossé une partie de la nuit en boulangerie. Ah, les odeurs.
    Très bien ce texte et l’idée poétique qu’il dégage. Une suite ? dis-tu, Rémi. Mais bien sûr ! La poésie est toujours la bienvenue chez les ruminants.
    Aujourd’hui, journée faste. Cet aprèm, c’est du LaetSgo et c’est de la bombe. J’adore.

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  7. lediazec

    18 septembre, 2010 à 11:13

    Vous ne dites rien sur la musique, mais elle est dédiée à Pascal. C’est mon choixe !
    Ca me calme. Surtout après une violente altercation à Tréguier avec un connard de sarkozyste, ce matin. Je deviens de plus en plus irritable avec le bidule élyséen. Il faut qu’il dégage !

    Dernière publication sur Kreizarmor : Place Vendôme, haut lieu de l'indécence

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  8. remi begouen

    18 septembre, 2010 à 11:33

    Joli ‘choixe’ musical, lediazec, pile-poil !
    Merci aussi d’avoir si vite tenu compte de mes remarques sur l’emploi des italiques, gras et romains : c’est vite fait corrigé, pile-poil ! Faut croire que ‘rouler dans la farine’ une partie de la nuit te rajeunis encore, vieux grigou. Donne lui un coup de rouleau à patisserie, au connard de Tréguier, s’il revient t’emmerder : ça lui rajeunira les idées !

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  9. b.mode

    18 septembre, 2010 à 11:44

    Question pour un champion. Pourquoi cher Rémi, mets tu des ‘ en guise de guillemets que j’ai toujours connu comme ça « . Licence poétique ou coquetterie de vieille chose ? hé hé ! ;)

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  10. Fifi d'Ardèche

    18 septembre, 2010 à 11:47

    J’aime cette manière drôle et joile d’évoquer le Big-Bang…Peut-on voir une analogie entre ce Big-Bang et la période que nous vivons?

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  11. b.mode

    18 septembre, 2010 à 12:01

    Fifi ! préselectionne toi aussi les 10 boulets de la sarkozie ambiante ! http://ruminances.unblog.fr/doigts-dhonneur-2010/
    On attend toujours les contributions des susnommés claudine, françoise,rodolphe, remi et les autres ! Putain, on dirait su Sautet ! de veau ? On est chez les ruminants ou pas ? :)

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  12. Jean-Phi

    18 septembre, 2010 à 13:16

    Merci à toi, Lediazec, d’avoir mis en ligne ce court mais nécessaire hommage,
    Merci à toi, Rémi d’en avoir eu l’idée,
    Merci à toi, Pascal de nous avoir laissé en héritage tes textes, drôles, parfois tendres, parfois acerbes, mais surtout lucides.
    Etc, et on continue…

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  13. remi begouen

    18 septembre, 2010 à 18:04

    ‘B.mode’ – (avec deux fois ‘ et pas « !!), je réponds à tes deux questions çi-dessus.
    1 – La ‘question pour un champion’ d’une explication quant à mon usage de ‘ plutôt que « , la voici. Ce n’est ni licence poètique (encore que?) ni coquetterie de vieille chose (expression que j’aurais pris moins mal si tu avais eu la précaution de l’entourer de ‘ ou « …)… Donc ‘le champion’ répond : C’est plus simple, cela prend moins d’espace, et cela reste tout aussi compréhensible (sauf des vieilles choses ?). Je crois me souvenir que j’ai commencé à pratiquer cela pour économiser du papier, tout simplement : quel ennui d’avoir une ligne de plus à imprimer à cause de  » au lieu de ‘… Bon, c’était ‘du bon vieux temps du papier’, d’accord. Mais j’ai pris le pli. Et ne désespère pas d’arriver à populariser cette pratique, un peu comme le joili o)) de Clomani…
    2- Tu nous interpelle, ‘Claudine, Françoise, Rodolphe et les autres’ à désigner les doigts d’honneur. Bon… Moi j’aime bien c’t idée du prix du pot de chambre pour Kouchner, encore que je verrais bien cet objet lui faire un chapeau merdeux. C’est un peu cruel, surtout pour un gars que je tutoyais vers 1970 à Paris. Quant aux autres prix ? Bof, j’ai prends pas le soin de distinguer entre différentes merdes, quand je défèque en bon ruminant humain : je tire la chasse d’eau.

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  14. remi begouen

    18 septembre, 2010 à 18:09

    … mais je prends le soin de rectifier la dernière phrase : ‘je ne prends pas le temps de distinguer entre différentes merdes’…
    Fifi – Toute analogie est clairvoyante comme la tienne !

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  15. b.mode

    18 septembre, 2010 à 18:10

    Vieille chose c’est affectueux ! Ne le prend pas mal ! Si faut en plus ouvrir des guillemets, on va user du pixel ! :)

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  16. Remi Begouen

    20 septembre, 2010 à 21:56

    L’ami Jean-Phi, co-rédacteur de ce billet, semble avoir des pudeurs à se faire sa petite pub. je prends l’initiative de la faire à sa place… Il est actuellement reporter-photo-très-free-lance de divers ‘zonards’ du coin, qui ne manquent pas plus qu’ailleurs. Il en bâti un site (en cours de construction) et souhaite vos avis. TAPER boulevard de la fraternite
    En principe vous y accédez tout de suite… il y a sous le même nom divers trucs genre bonne soeur, vous ferez la différence.
    Et regardez ces portraits (y compris de chiens dans le bassin de l’hôtel de ville)… et commentez si vous voulez !

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