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Avant-première – HARRY BROWN, film de Daniel Barber

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HARRY BROWN, film de Daniel Barber, avec Michael Caine, Emily Mortimer, David Bradley et Ben Drew (alias Plan B). Sortie en salle le 12 janvier 2011.

Harry Brown pourrait s’appeler « Dirty Harry » sauf que ça n’a rien d’une pâle copie british des films de l’Inspecteur Harry. En fait, il pourrait avoir comme sous-titre : « le vieil homme indigne » ! Ou alors, à la Hemingway : « le vieil homme et sa cité perdue ».

Pour son premier long-métrage, le réalisateur Daniel Barber fait fort :  premier rôle : (celui d’Harry Brown)  Michael Caine !

Harry Brown est un vieux monsieur qui vivote dans une cité bordant une grande ville anglaise. Sa femme agonise dans un hôpital et son seul ami, aussi vieux que lui, est harcelé, parce qu’ancien flic, par des jeunes voyous du coin.

La première séquence nous « met tout de suite le nez dedans ». Dans l’ambiance « quartier », dans la violence des banlieues abandonnées de tout le monde, où traînent des jeunes incultes, sans éducation, sans travail, laissés pour compte.

Harry et son copain flic assistent régulièrement à des règlements de compte gratuits, qui se déroulent au su et au vu de tous. C’est que la violence, elle s’affiche, elle est décomplexée, elle est partout, elle s’offre au regard du passant qui évite de traîner dans les mauvais coins, à celui des habitants des cités, à celui d’Harry. Il observe de loin ces machos violenter les filles, les plus jeunes qu’eux, agresser les noirs… c’est à celui qui se montrera le plus fort. La drogue est leur quotidien, la vente d’armes les enrichit, les filles sont de la marchandise à pornographie.

Ils sont de tous les trafics sans complexe dans ce monde parallèle qui est bel et bien présent, où une vie n’est rien, où la responsabilité, la conscience, n’existent pas. La seule valeur : les rapports de force.

Harry va être tour à tour confronté à la mort  »attendue » de sa femme et à celle, redoutée de son ami flic : les voyous qui le harcelaient l’ont tué après avoir maculé son appartement de graffitis ! Il va aussi être témoin de scènes de violence qui se passent en bas de chez lui.

La police diligente une jeune femme et un jeune inspecteur pour faire l’enquête. Leur chemin croise celui d’Harry, qui a une idée derrière la tête : venger son ami. Il a perdu les deux êtres qu’il aimait, il se sent donc libre d’aller jouer au justicier dans le « panier de crabes ». Il a été « Marine » au service côté anglais en Irlande du Nord. Il est aguerri aux méthodes de combat et la maîtrise de soi apprises dans sa jeunesse.

Il mène sa propre enquête, organise ses propres filatures, va se fournir en armes chez les voyous eux-mêmes, camés jusqu’à l’os, mais sur leurs gardes.

Harry se lance alors dans la bataille. On ne sait pas si c’est parce qu’il n’a plus rien à perdre, si c’est parce qu’il n’en peut plus de cette violence qui l’entoure… Il surine, flingue méthodiquement ceux qui sont responsables de la mort de son ami, mais sauve une adolescente de l’over-dose en la déposant anonymement à l’hôpital, dépose l’argent trouvé chez les voyous dans le tronc d’une église…

De son côté, la jeune Inspectrice Frampton trouve souvent ce M. Brown sur le chemin de son enquête. Elle s’interroge, en parle à son collègue, tout comme à son patron. Qui n’en a que faire : il doit communiquer sur ces morts… rapidement… ce seront donc des morts survenues lors de règlements de comptes entre bandes de voyous. Toujours du chiffre, toujours aller vite, on connaît ;o).

Contrairement à l’inspecteur Harry, ce Harry là est vieux, alors lorsqu’il court derrière un petit voyou qui s’enfuit pour le tirer comme un lapin, il s’écroule subitement sur le chemin longeant la rivière. Il fait un malaise, il ne peut plus respirer… mais il a le temps de jeter le flingue dans l’eau. C’est qu’il a de l’emphisème, Harry.

L’inspectrice tombe une fois de plus sur Harry (hospitalisé) au cours de sa propre enquête, elle s’emploie en vain à lui poser des questions, à interpeler sa hiérarchie. Fadaises… elle est mutée ailleurs, où elle dérangera moins. Sauf que Harry, n’ayant pas fini son job de justicier, est sorti en douce de l’hôpital et recherche celui qui s’en est tiré en s’enfuyant, un autre petit jeune, et surtout celui qui tire les ficelles…

Il va tous les retrouver, quelques heures avant l’inspectrice. Ce sera donc une boucherie au cours de laquelle elle va perdre son collègue, où Harry Brown aura enfin eu raison de toute cette violence, mais à quel prix

On sort de là avec un immense point d’interrogation en tête : peut-on faire justice soi-même ? Non, bien sûr ! Il y a un système policier et judiciaire qui sont là pour ça. Est-ce notre problème malgré ça ? La faute à qui ? Que faire avec tous ces jeunes marginalisés qui plongent dans la délinquance et filment avec leurs portables ce qu’ils font subir à leurs victimes…  les traiter de sauvageons, de voyous, et les laisser dans leur crasse ? Tuer de jeunes voyous ne va pas faire avancer le société puisque, partout dans le monde, au pourtour des villes, des quartiers existent où on pratique cette violence au quotidien. C’est l’ambiance du moment… (d’ailleurs on voit à la télé les images de cette favela de Rio dont la police veut déloger les voyous).  Peut-on laisser faire ? Comment faire ? Pour quoi faire ?

Une réplique du film donne un semblant de réponse. Elle est dans la bouche de Michael Caine, Harry Brown. Il dit « en Irlande, en face, ils se battaient, ils flinguaient pour leur cause. Ici, ils font ça pour le plaisir ».
Voilà le questionnement posé par ce film. Pas gai, je sais… d’aucuns vont encore dire que je ne parle que de films abominablement « prise de tête » mais notre époque est telle qu’elle engendre obligatoirement des films noirs. Nous avons peut-être le cinéma qu’on mérite.

Michael Caine dit de la violence du film : « Je le considère comme un western. Il décrit la réalité telle qu’elle est, c’est pour cette raison que nous sommes là. Nous n’exposons pas la violence pour l’encourager mais pour en rendre compte, pour dire qu’elle est bien réelle et que, quelle que soit votre répulsion à son égard, vous l’avez générée. Vous êtes les coupables, vous avez construit ces immeubles, vous avez abandonné vos enfants, vous êtes coupables, tout le monde » !

Chapeau, Michael !

Dossier de presse du film

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29 Commentaires

  1. b.mode

    27 novembre, 2010 à 6:49

    J’adore Michael Caine particulièrement dans deux films. Le Limier de Mankiewicz avec l’immense Sir Laurence Olivier, et Pulsions de Brian de Palma avec Angie Dickinson. Et celui-là, ton billet donne envie d’aller jeter un oeil !

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  2. babelouest

    27 novembre, 2010 à 6:53

    Salut Bernard, attention ! le billet n’est pas dans les Articles Récents ! Intéressant, comme toujours !

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  3. b.mode

    27 novembre, 2010 à 6:59

    Merci JC. C’est désormais arrangé ! ;)

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  4. lediazec

    27 novembre, 2010 à 7:25

    Voilà un film que j’irai voir certainement. Pour deux raisons, trois en fait. La première, je suis un inconditionnel de Michael Caine, un comédien formidable. La deuxième, j’adore le cinéma anglais. La dernière, la bafouille de Clo donne envie.

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  5. Rémi Begouen

    27 novembre, 2010 à 7:57

    ‘Pas gai’, dis-tu du film et tu ajoutes ‘nous avons peut-être le cinéma qu’on mérite’. Deux remarques judicieuses mais qui ne m’engage pas du tout à aller voir ce film… et même à aller voir le ‘cinéma qu’on mérite’, en général. C’est que hélas, je suis déja bien conscient de ces violences sociales, même motivées par un noble but politique (j’ai fait un reportage de terrain à Belfast à l’époque de la guerre civile) ou par la simple misère : cela se voit partout, y compris à Saint-Nazaire qui fut ‘cité ouvrière’…
    Alors j’en ai très marre de ‘payer pour voir de la violence’… je préfère essayer de lutter politiquement pour plus de justice sociale… ‘vaste programme’ comme disait un certain D.G. !

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  6. clomani

    27 novembre, 2010 à 8:44

    Rémi, tu achètes tes bouquins de poésie ou d’autres. C’est un choix que tu fais. J’ai dû rater ma critique si tu penses que tu vois la réalité comme « Harry Brown » la montre. Nous la voyons tous, cette misère et cette violence. Cependant, un film est une oeuvre au même titre qu’une toile ou qu’un livre, un opéra ou une chanson. Le cinéma est un art, c’est le 7e même ;o).
    C’est aussi une écriture, mais différente. Une écriture à plusieurs, scénaristes, réalisateur, directeur photo, acteurs, éclairagistes, et toute l’équipe technique. Ca représente un travail.
    Certes, beaucoup de films arrivent sur nos écrans alors qu’ils ne sont que de la daube. Pendant que d’autres, plus réussis, passent complètement inaperçus, hélas.
    Que le cinéma soit cher, ça je te l’accorde. C’est scandaleusement cher pour un art « populaire ».
    Moi j’aime qu’on me raconte une histoire avec un scénar, des images qui bougent, des acteurs qui jouent à la perfection… que ce soit documenté comme dans Draquila ou réaliste dans la fiction, je suis transportée dans l’ailleurs, dans une autre vie, un autre coin du monde. Ca peut même quelquefois ajouter un élément à une réflexion politique. Certes, au cinoche, on est « passif », mais autant je suis d’accord avec toi pour « conchier » la téloche-remplisseuse de cm3 de cerveaux, autant je te trouve « implacable » avec le cinéma en général.
    En ce qui me concerne, je peux dire que certains films ont contribué à changer ma façon de voir, quand ils n’ont pas changé ma vie.

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  7. Rémi Begouen

    27 novembre, 2010 à 10:02

    Clomani – Bien d’accord avec ta critique de mon point de vue trop pessimiste sur le cinéma. Je t’accorde qu’il m’est arrivé comme toi que ‘certains films ont contribué à changer ma façon de voir’, et que le cinéma soit un art…parfois perverti comme d’autres par le commerce. Mais en l’occurence, c’est l’étalage de la violence sociale que je ne supporte plus de voir au cinéma, tant elle court, hélas, dans la rue quotidienne…
    Le dernier beau film que j’ai vu et apprécié (sauf des scènes de violence trop insistantes) est celui de Tavernier : ‘Dans les brouillards (ou les brumes?) électriques’.

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  8. clomani

    27 novembre, 2010 à 10:17

    La violence, de nos jours, est partout : au plus haut de l’état comme au plus bas de la société, chez les pauvres. Elle est quotidienne dans les villes, où le plus timide des individus devient un vrai sauvageon au volant de sa bagnole, dans le travail où la hiérarchie utilise le chômage et la précarité pour mieux « discipliner » les salariés, les enfants et les femmes sont toujours battus, les miséreux se battent pour occuper la place la plus proche de la sortie du super-marché, les dealers tabassent les moins costauds pour qu’ils leur servent de vigie, où les flics emmerdent les « petits » et les « basanés », où l’armée patrouille dans les gares, chassant l’immigré… Stéphane Hessel se fait conchier par un certain Taguieff parce qu’il vante la campagne Boycott-Désinvestissement-Solidarité (avec les Palestiniens) et MAM décide que boycotter un pays, c’est nuire au commerce, donc interdit tout boycott d’un pays. Même celui des produits fabriqués en Palestine -territoires occupés- vendus comme produits israéliens.
    Moi, la violence, elle me transperce, j’en ai marre de la voir ! Parce que je sais qu’il y en a, et pas qu’un peu, profondément tapie en moi, de cette putain de violence. Alors j’ai probablement besoin qu’on me rappelle que ça fait mal et que ça ne fait pas avancer le schmilblick.

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  9. lediazec

    27 novembre, 2010 à 10:38

    Le cinéma est aussi poésie, humour, dérision et divertissement. En fait, sa palette est si large que chacun trouve ce qu’il est allé y chercher. Perso, je préfère le cinoche au cinéma. J’ajoute, qu’à ce titre ce Harry Brown m’inspire bien.
    N B. A propos de cinéma et de cinoche, un blogueur ami qui en parle beaucoup et bien, c’est Harakiri, que je lis très souvent avec beaucoup de plaisir. En y lisant, on fait des belles découvertes http://sepuku.canalblog.com/

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  10. Rémi Begouen

    27 novembre, 2010 à 13:09

    Bel échange de propos entre, ci-dessus Lediazec, Clomani et moi à propos du cinéma en général (les autres lecteurs sont invités à commenter aussi!) et de cet article en particulier !
    Par hasard, j’ai capté et noté cette citation à la radio tout à l’heure : ‘Seul l’art a la puissance de sortir la souffrance de l’abîme’. C’est signé d’un écrivain dont j’ignore tout, y compris l’orthographe exacte : Appenfeld. Je trouve cela très juste.
    J’ai relu la première réponse de Clomani à mon avis pessimiste, car quelque chose ne passait pas. Et c’est bien à propos de l’importance de l’équipe technique qu’elle met sur le tapis… comme si cela avait quelque justificatif dans l’art de faire du cinéma… Mais non : tout art (celui des cathédrales, des peintres (de la Renaissance et depuis), des musiciens et même des écrivains ont besoin d’équipe technique… pour leur oeuvre individuelle. Une exception ou deux ? : ‘Le Facteur Cheval’(?) et le curé (dont j’ai oublié le nom) du village proche de St-Malo qui grava dans le rocher les turpitudes confessées dans son oreille !
    A contrario, l’on sait ‘le bon esprit d’équipe’ qui anime si souvent nos guerriers, par exemple coloniaux hier, djihadistes aujourd’hui, etc. ce qui ne justifie pas l’art de la guerre !
    Encore récemment, j’entendais quelque leader syndical CGT défendre les ouvriers des usines d’armement : ‘Ce sont d’excellentes équipes de pros’, etc. Je lui demandais si cela justifiait la saloperie de faire des armes, de les exporter… Et j’ai été à peu près viré de la réunion !
    On peut étendre le propos à des secteurs comme les ‘arts’ de la télé, de l’industrie nucléaire, etc. Bref, les prolétaires sont-ils condamnés à faire de bonnes équipes techniques… au service d’oeuvres qui asservissent les cerveaux et la vie citoyenne ??

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  11. b.mode

    27 novembre, 2010 à 13:26

    Bof ou beauf, rayez la mention inutile ! mes films préférés ne sont jamais des films militants ou engagés. Peu subtils à mon goût ! Mais le Melville de l’armée des ombres ou du Cercle Rouge me ravit à chaque fois. Idem pour le Clouzot (accusé de collaboration) du Corbeau ou des Diaboliques. Pareil pour Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle ou Classe tous risques de Claude Sautet. Et même le clan des siciliens du stigmatisé Verneuil me ravit ! Y’a-t-il un cinéphile dans la salle ?

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  12. clarky

    27 novembre, 2010 à 14:34

    arf le cinoche ;)

    je dois être ce qu’on appelle un bon client vu que je suis capable de m’enthousiasmer pour des trucs comme la grande vadrouille tout en prenant plaisir avec un solaris, l’original hein pas le remake.
    je me vante parfois d’avoir une dvdthèque de bouffon avec désormais plus de 2000 films amassés, j’aime tous les genres et le grand écart est monnaie courante avec mon cinoche, de freaks en passant par la saga star wars, du mécano de la general à marche à l’ombre.

    par contre, je déteste un certain cinéma d’auteur à la française, un peu trop nombriliste à mon goût, se morfondant dans une sorte de misérabilisme prétentieux, putain quelle purge !

    tiens, pour vous montrer que je ne suis qu’un tocard, un pote m’a prêté l’intégrale de la série heroes que je n’avais point vue lors de son passage tv, ben pute vierge, je suis comme intoxiqué, j’arrive pas à m’en défaire tant j’accroche, donc le plaisir avant toute chose ;)

    j’attendrai, comme toujours, la sortie en dvd de cet harry qui me veut a priori du bien !

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  13. clomani

    27 novembre, 2010 à 15:29

    Rémi, je faisais référence à l’équipe pour comparer avec le travail de l’écrivain qui se fait seul, un peu comme celui du peintre (même s’il a un modèle humain)…
    Je n’ai pas une seule seconde pensé aux « fines équipes » auxquelles tu fais allusion… quelle horreur !
    Sinon, j’ai aimé beaucoup de films, j’ai adoré les films drôles, je suis une fan de Tati (pas de blabla, du son qui tombe à pic et une image qui parle d’elle-même), mon British préféré est Ken Loach qui est vraiment un réalisateur anglais « social » dont les films parlent des petites gens en Grande Bretagne, des services sociaux sous Thatcher, du monde ouvrier, de la guerre d’Espagne, du Salvador, de l’Irlande, du racisme ordinaiA part le dernier sur le foot, ça n’est jamais gai, mais j’ai une grande admiration pour Ken Loach et ce qu’il fait. J’aime beaucoup ce que fait Inarritu, et le film qui m’a fait changer et qui a contribué à changer un peu ma vie, ça a été « le baiser de la femme araignée », un film brésilien qui est introuvable en DVD, hélas. C’est l’histoire d’un prisonnier politique qui refuse de donner son « réseau ». On enferme dans sa cellule une « balance » homosexuelle briefé par la direction de la prison : il balance, il joue les opposants en taule, il n’est pas prisonnier « droit pénal » et il cafte tout au directeur. En échange de quoi on lui promet la liberté. Tout le long, on voit petit à petit poindre l’esprit de solidarité chez l’homosexuel, parce que l’autre prisonnier a su être à l’écoute. C’est l’histoire d’une conscience qui s’éveille. Bien sûr, ça se termine mal mais c’est vraiment une pépite, ce film.

    Répondre

  14. babelouest

    27 novembre, 2010 à 16:00

    Devrai-je répondre à Rémi ? Les équipes, au cinéma, justement, c’est comme pour les cathédrales ou les orchestres symphoniques : chacun est un artiste dans son coin, ce coin peut paraître anonyme, inconnu, il n’empêche que grâce à chacun l’ensemble prend à la gorge. Le maître d’œuvre y a sa part, bien sûr. Mais chaque sublime petite touche, associée aux autres, forme un ensemble grandiose.

    Ce n’est par pour rien qu’il existe des prix pour le son, l’éclairage, la mise en scène, les seconds rôles. Ils apportent un vrai « plus » à l’échafaudage. Et il y a ceci de bien que quand tous sont excellents, le résultat est encore mieux que chacune des parties.

    Naturellement, c’est surtout le réalisateur que l’on louera, parce qu’il aura su capter l’énergie de tous, pour la porter sur un seul point : l’œuvre accomplie.

    Répondre

  15. Didier Goux

    27 novembre, 2010 à 16:11

    Monsieur B mode, j’ai une déprimante nouvelle pour vous : je me trouve entièrement d’accord avec vous quant aux films que vous avez cités plus haut.

    Répondre

  16. b.mode

    27 novembre, 2010 à 16:50

    Personne n’est parfait disait Billy Wilder…

    Répondre

  17. clomani

    27 novembre, 2010 à 18:12

    Ah, Billy Wilder !!! Nom de Zeus ! C’est vrai que dans les films que j’aime, j’ai oublié de remonter dans le temps… Y’a eu toute l’époque américaine d’Hitchock, je ris toujours autant devant « l’impossible Monsieur Bébé » et les mimiques de l’élégant Cary Grant. Un pyjama pour deux, euh… bien d’autres encore.
    Et puis j’ai eu mon époque cinéma russe, du temps où Mikhaïlkov était vaguement fréquentable, ce qu’il n’est plus tellement il est compromis avec le pouvoir, et tous les films Tchèques de celui qui a fait « Vol au dessus d’un nid de coucous » (encore un chef d’oeuvre que j’ai vu au moins 9 fois). Et j’ai beaucoup ri avec « Un éléphant, ça trompe…  » et les suivants. Mais comme Bernard, je n’aime pas trop le cinoche français contemporain « prise de tête »…
    En plus, comme ça a été mon job pendant 2 ans de visionner des longs-métrages ou des téléfilms pour les acheter (ou pas), j’ai vraiment été gâtée : seule dans ma salle de projection (où je pouvais fumer car je fumais à l’époque), je visionnais des films. Des films cubains (dont un noir et blanc, véritable chef d’oeuvre : LUCIA).
    En fait, moi aussi je suis une cinéphile… mais ça a été un job aussi… donc je n’ai pas de mérite ! Et en plus ma mémoire qui flanche ne m’aide pas ;o(.

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  18. clarky

    27 novembre, 2010 à 18:34

    je vais vite reprendre mon deuxième souffle, parce que j’imagine très bien la scène, bernard et l’autre , se mattant l’armée des ombres…

    y’a des fois, je me verrais bien en comte zaroff, juste pour tirer la chasse oeuf corse !

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  19. lediazec

    27 novembre, 2010 à 18:52

    Ah, les corses ! Ah, les siciliens. Que des clans, mon Lolo ! Des clans et du cinoche. Pour Hitchock, j »aime tout, mais j’ai un faible très particulier pour ses court-métrages tournés pour la BBC. Dans cette partie, il se révèle comme un nouvelliste de premier ordre. Puis, les 39 marches. Puis, putain ! Le cinoche quoi ! De la magie ! Je savais déjà lire avant même de savoir ce que l’écriture signifiait, au cinéma de plein-air de mon quartier. Ben-Hur, les Dix Commandements, l’homme aux colts d’or, un homme et une femme, film interdit au moins de 16 ans. C’est ma première falsification de pièce d’identité. Je me suis improvisé lycéen. Quel analphabète ! Ma vie pour une image !

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  20. clomani

    27 novembre, 2010 à 19:53

    Ouaip, les petits courts-métrages que je regardais sur le poste de télé de ma grand-mère car nous n’avions pas la téloche à l’époque ! Je me souviens particulièrement de celui où une femme avait tué son mari en l’assommant avec un gigot d’agneau qu’elle avait brandi par le manche. Les policiers étaient comme des fous dans l’appartement, à la recherche de l’instrument contondant qui avait tué le mari de la nouvelle veuve guère éplorée… Elle leur proposa de partager son repas, ce qu’ils firent avec joie. Le dernier plan montrait les deux flics repus et la veuve matant l’os qu’il restait de l’énorme gigot qu’elle avait mis au four !
    Et le générique !
    J’aimerais bien qu’une télé ait l’idée de les rediffuser… ce serait génial. Et puis n’oublions pas, dans le genre désopilant, beaucoup plus tard, les films des Monthy Pythons qui me faisaient hurler de rire ! Sacré Graal, la vie de Brian etc. Vive l’humour anglais !

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  21. b.mode

    27 novembre, 2010 à 20:26

    Collabo cinéphile, c’est un genre qu’il va falloir inventer !!!

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  22. clarky

    28 novembre, 2010 à 0:36

    tu peux toujours essayer de lui faire apprécier l’adaptation télévisuelle du bouquin de dutourd, « au bon beur » !

    Répondre

  23. Rémi Begouen

    28 novembre, 2010 à 3:29

    Nous avons bien des points communs, Clomani : TATI, les Monthy Pythons, Ken Loch… (plus ton histoire de gigot d’agneau, que j’ignore) : ça c’est du cinéma…ou du cinoche ! (lediazec, faudra que tu m’expliques la différence, merci).

    Répondre

  24. Hara Kiri

    30 novembre, 2010 à 16:25

    Merci Lediazec de citer mon blog qui présente, parfois, des films pas trop connus en France (plutôt des films asiatiques) que j’ai appréciés.
    Mais je ne m’intéresse pas qu’au cinéma, à l’écriture également et je viens de sortir deux ouvrages chez Oxymoron Editions pour ceux et celles que ça intéresserait.

    En tout cas, pour ce qui est des films, j’ai aussi bien les films de pur divertissements que les films plus ciselés.

    Répondre

  25. Didier

    7 décembre, 2010 à 20:33

    Bonjour,

    J’ai signé l’adaptation française de ce film, dont j’ai reçu une copie de pré-production il y a plus d’un an maintenant, et dès les premières images, j’ai été pris à la gorge. La photographie, la couleur, les plans, les dialogues, tout dérange. Je fais beaucoup d’adaptations, souvent de films plus léger (« Finding Bliss », ou le très oubliable, mais néanmoins délicieusement barge « Bitch Slap »), de documentaires, voire de séries, mais aucune oeuvre ne m’a laissé un souvenir aussi indélébile que ce film. Michael Caine y est parfait, de retenue, de présence, bref, il maîtrise son sujet comme peu d’acteur savent le faire, et Emily Mortimer lui donne une réplique impeccable. Ce film est sombre, glauque, ajoutez les qualiticatifs que vous voulez, mais il vaut vraiment le détour. En ressortant de la projection, vous verrez, votre regard sur les autres, sur la violence, ordinaire ou pas, aura changé.

    Répondre

  26. babelouest

    8 décembre, 2010 à 1:54

    Merci, Didier, pour cette confirmation que le chef-d’œuvre est là, pour très bientôt. Les Ruminants ne manqueront certainement pas cette sortie. Et merci encore à Clo pour ses avant-premières décoiffantes. Au fait, à Nantes ce sera sans doute moins facile…

    Répondre

  27. clomani

    8 décembre, 2010 à 11:12

    Didier,
    En tant qu’adaptateur, signez-vous aussi les sous-titrages ? Ou seulement la version française ?
    Mais vous avez raison, c’est un bon film qui ne « mégotte » pas et nous met face à nos responsabilités.
    A Nantes, j’irai au QuatorzA… mais je n’aurai pas de projo. Ceci dit, j’aime bien aller au cinéma, même en payant. Donc je continuerai à vous raconter des films ;o).

    Répondre

  28. Didier

    8 décembre, 2010 à 19:56

    Bonsoir,

    Je m’occupe effectivement plus de l’adaptation que du sous-titrage, même si c’est un exercice intéressant, car il faut coller aux dialogues d’origine tout en restant très concis. Ceci étant, j’ai rarement emmené un film aussi longtemps avec moi après l’avoir adapté. De mémoire, c’est même sans doute la première fois. Ce film est vraiment particulier, autant dans sa réalisation nerveuse et inventive (la scène au début, sur le scooter, est vraiment tournée de façon magistrale) que dans sa photographie, qui alterne les plans très lumineux et les clairs-obscurs à la Jeunet. Je crois que je vais ressortir le DVD de sa pochette et me rafraîchir un peu la mémoire, d’ailleurs. Et que j’irai le voir au cinéma, car sur un grand écran, un film, c’est quand même autre chose…

    Répondre

  29. lediazec

    8 décembre, 2010 à 20:15

    @ Didier. J’irai voir ce film pour les raisons que j’ai exprimées plus haut. Et parce que… J’attends sa sortie avec impatience.

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