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Le Prix Nobel chinois en prison

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liuxiabo.jpgLiu Xiaobo n’est pas à Oslo pour recevoir son Prix Nobel, il est en prison pour ‘dissidence’. Son épouse, ‘libre’, n’a pas liberté de quitter la Chine : l’actualité de ce Prix Nobel donne ‘grain à moudre’. Et sur le Nobel (l’inventeur de la dynamite !) et surtout sur la Chine. Il est hors de question, dans le cadre de cet article de ‘décortiquer’ savamment le si lourd et passionnant ‘dossier Chine’ (si j’en étais capable je serais politologue, auteur de 1798 pages d’un ouvrage savant !)… Et j’en ignore plus encore sur le Nobel, dont, bof…

Mais, à défaut d’analyse, je tente ici, de façon personnelle et incongrue, d’aborder ce trop lourd ‘dossier’

- Il me souvient qu’en 1954 (j’étais ‘grand’ j’avais presque 16 ans !) j’ai découvert que mon héros, Nasser (j’habitais l’Egypte) avait à la conférence des ‘Non-alignés’ de Bandung, partagé la vedette avec Chou En Lai, premier ministre de la récente République Populaire de Chine, dont c’était la première sortie diplomatique importante…

- Il ne me souvient pas avoir vu, au canal de Suez, passer un seul bateau au pavillon chinois (ils pullulent aujourd’hui), mais avoir tôt appris les divergences profondes entre URSS et Chine, ne serait-ce qu’entre l’importance des ouvriers (Lénine) et des paysans (Mao). Et, en bon voisinage avec les ouvriers de Port-Saïd et les fellahs du Delta du Nil, j’admirais les deux sans faire de différence. Puis Mao me fut un temps convaincant :

- Bien plus tard (1967) je fis un voyage en Chine (voir mon article ‘Tous rouges, noir, blanc, jaune’ du 8 juin 2010), qui fut le summum de ma courte aventure ‘maoïste’. Il me souvient que la toute première ‘fêlure’ dans mes convictions, fut le témoignage de mes camarades français, le soir à l’hôtel, après mon succès sportif d’avoir gagné une petite compétition de natation dans une université de Pékin : ‘tu avais perdu, mais le Garde Rouge en tête a freiné ses mouvements, sur un violent coup de sifflet de l’arbitre !’

- Plus important, 1989 : la contestation estudiantine et populaire, qui finira par le massacre sur la Place Tien An Men. Mon cher ami Daniel, artiste multiforme, habitant du fin fond des forêts du Centre Bretagne et ‘chinoisant’ à fond, fit un tableau très émouvant de cet évènement, qu’il put exposer ça et là et montrer à des amis chinois… alors que la plupart des chinois, aujourd’hui, ignorent ou oublient cette tragédie !

- Actuellement, la Chine ? : Au moins 800 millions – oui ! – de chinois qui tentent de survivre avec 1 ou 2 $/jour de revenu, alors que 8000 chinois se font ‘des couilles en or’, membres (ou proches) du ‘Parti Communiste’. Et puis quelques irréductibles – 8000 ? – dont un prix Nobel !!!

- Je ne connais pas l’activisme de Liu Xiaobo et peu ceux d’autres dissidents chinois, depuis la tragédie de 1989 à Tian‘anmen. Moins encore l’existence de ce Taïwanais que la Chine vient de distinguer dans le ‘Prix Confucius’ qu’elle vient de créer en dérisoire contre-feu au Prix Nobel : je sais qu’à l’époque de mon séjour en Chine, la Révolution Culturelle rejetait violemment Confucius dans ‘l’odieux passé révolu’.

- Je sais surtout que ce lourd (et savant) passé est très présent en Chine, ce qui est sans doute honorable. Mais qu’il est déshonorant pour l’idéal communiste mondial (increvable !) que la Chine soit une dictature capitaliste, dirigée par un pseudo ‘Parti Communiste’ : application du concept du ’1984′ d’Orwell, celui du mensonge érigé en vérité, genre Guerre = Paix…

 

- Je sais enfin que l’immense peuple chinois (les peuples, en fait) a (ont) de l’avenir. Qui passera, d’une façon ou d’une autre, par la (les) révolution(s) pour imposer la justice sociale, via l’écroulement de ce PCC… Et je sais que Liu Xiaobo est un pionnier parmi bien d’autres dans cette voie certaine… et certainement compliquée !

Post-scriptum – Liou Xiaobo n’est pas le premier Prix Nobel emprisonné lors de l’attribution d’un Prix Nobel de la Paix. Il y a au moins deux précédents célèbres. Lech Walesa, emprisonné par la dictature polonaise (avant qu’il contribue à la renverser), dont l’épouse pu venir recevoir pour lui le Prix. Et en 1935, Carl von Ossietzky, jeté en camp de concentration par la dictature de Hitler… qui fut renversée moins de dix ans plus tard : l’espérance est increvable aussi !

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14 Commentaires

  1. b.mode

    11 décembre, 2010 à 2:16

    Il me tarde de voir ce grand pays exploser. Je ne suis pas sûr de connaître cela de mon vivant.
    Sinon, la zique est d’inspiration Babelouest et la cuisine indienne est concoctée par la pecnaude ! Les décors sont d’erby kezako comme dab !

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  2. babelouest

    11 décembre, 2010 à 6:46

    B’jour matinal (euh, ch’uis sur le Net depuis déjà deux heures). Pour en savoir plus sur l’Empire du Milieu, je connais un site tenu par un français vivant en Chine. Pour le moment, il y a un petit problème, l’accueil est complètement vide, mais il suffit de se brancher par exemple ici :
    http://www.refletsdechine.com/category/pourquoi-je-suis-en-chine

    Bon ouiken mes frrrètrrres…

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  3. clomani

    11 décembre, 2010 à 10:14

    Je ne comprends toujours pas comment la Chine peut gérer ses paradoxes…
    J’ai du mal à ne pas avoir de jugement extrémiste, parce que je pense être influencée par ce qu’on entend en Occident.Comme j’ai du mal à entendre que le Vénézuela a boycotté la cérémonie des Nobel par soutien à la Chine… parce que je pense « qui se ressemble s’assemble »…
    D’un autre côté, j’ai du mal à croire à la valeur du Prix Nobel quand je vois qu’on l’a donné à des gens qui méritaient bien peu cette récompense (le Prix Nobel de la Paix)… qu’on distingue des gens en lutte me paraît tout à fait honorable, mais ceux qui luttent sont souvent complètement anonymes.
    J’ai, pour ce prix Nobel donné à un Chinois dissident, l’impression d’une parodie paternaliste : l’Occident remet un prix, comme la directrice d’école nous remettait les prix à la fin de l’année scolaire…
    C’est un symbolisme quelque peu désuet dans notre époque où il faut se battre sur tous les fronts pour faire entendre une voix dissonnante.
    Ceci dit, la Chine ne donne pas l’effet d’avoir une quelcoonque voix dissonnante… Le Venezuela un peu …
    Brèfles : je suis sans avis sur ce prix…

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  4. babelouest

    11 décembre, 2010 à 10:49

    En fait, Clo, je pense avoir une petite idée sur cette affaire, et pourquoi justement elle n’est pas simple. Le prix Nobel, comme pour Obama ou d’autres, a été attribué pour de basses raisons politiques. En face, le gouvernement est ce qu’ont depuis toujours été les gouvernements chinois : des dictatures. Il se peut même qu’il soit plus dirigiste encore qu’aux temps des empereurs. C’est pourquoi les deux camps s’affrontent pour de très mauvaises raisons de part et d’autre.

    C’est d’autant plus dommage que le jury d’Oslo avait certainement de meilleurs candidats à son prix. Celui-ci n’en sort pas grandi.

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  5. Rémi Begouen

    11 décembre, 2010 à 12:06

    Bien d’accord avec vos avis, Clomani et Babelouest : Le Prix Nobel de la Paix fait parfois de grossières erreurs. La pire était de l’attribuer l’an dernier à Barak Obama. Le dessinateur Aurel le résume bien dans cette caricature d’un G.I’s U.S. qui pointe son arme sur un Afghan, bras levés : il lui dit ‘Cest le Prix Nobel de la Paix qui nous envoie…’ et l’Afghan fait ‘Ah! (publié dans l’excellent supplément de Politis ’2010 horribilis’, 5,50 E en kiosque).
    Merci, B-Mode ou Lediazec, d’avoir mis tant de liens sur mon article, cela renforce bien mon article, je l’avoue peu informé notamment sur le cas Liu Xiabo : J’apprends par le lien sur son nom que ce serait un ‘nostalgique de la colonisation occidentale’, le comble, pour un Chinois ! Et on comprend mieux le choix idéologique du Nobel…
    Et on comprend mieux que certains pays, comme le Vénézuela, ait donc boycotté cette remise de prix…

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  6. lediazec

    11 décembre, 2010 à 12:22

    Hormis peut-être le Vénézuela et l’Argentine, le reste des signataires anti-Oslo ne sont pas des modèles de « démocratie ».

    Dernière publication sur Kreizarmor : Place Vendôme, haut lieu de l'indécence

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  7. clarky

    11 décembre, 2010 à 13:56

    et le prix nobel remis à sacha distel pour bonne conduite :)

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  8. b.mode

    11 décembre, 2010 à 14:15

    Marie-Chantal, va ! :)

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  9. clarky

    11 décembre, 2010 à 14:23

    à chateauvallon on aime les histoires qui ont du piquant, syndrome porche épique

    Répondre

  10. b.mode

    11 décembre, 2010 à 14:24

    Qu’est ce qu’elle devient au fait ?

    Répondre

  11. clarky

    11 décembre, 2010 à 14:30

    bon, rubrique mondaine, pour la brigade on verra plus tard !
    elle s’en est sortie, plus ou moins défigurée, carrière terminée et s’est reconvertie dans la joaillerie .

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  12. jeudi

    11 décembre, 2010 à 22:49

    la chine est comme une canette de coca trop secouée par son passée
    si on prône son ouverture ca va nous peter à la gueulle… il faut l’ouvrir progressivement, tout doucement

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  13. clomani

    12 décembre, 2010 à 9:35

    Clarky, tu m’as fait mourir de rire avec ta version Nobel « revisitée » ;o))).

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  14. babelouest

    12 décembre, 2010 à 21:10

    Tiens, Rémi, tu as les honneurs de Betapolitique !
    http://betapolitique.com/Le-Prix-Nobel-chinois-en-prison-62040.html

    Répondre

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