Libérons la parole des fonctionnaires
J’avais d’autres chats à fouetter ce dimanche soir pour aller me taper, en seconde partie de soirée, « la voie de Carla » programmée par Télépropagande 3. Je n’avais pas envie d’infliger à mon esprit cet exercice d’auto-flagellation. Pas envie non plus de perdre un temps précieux à subir les niaiseries de la première Nouille de France ! Maso, ma non troppo !
L’ami Olivier Bonnet – quel courage ! – s’est décarcassé pour nous. Il en faut – du courage et de la constance – pour se laisser aller à écouter, impuissants, les inconséquences de cette chatte sur un toit en feu !
En revanche, j’ai écouté ce que Ségolène avait à dire sur France 5 un peu plus tôt ce même dimanche, sur son envie d’y aller ou pas. Bien qu’ignorant où elle voulait aller – elle a son idée n’est-ce pas – j’ai supposé qu’elle devait se rendre quelque part. C’était le thème de l’émission qui lui était consacrée : ira-t-elle, n’ira-t-elle pas ? A quoi bon lui accorder sinon un tel créneau horaire au moment où, impatients, nous attendons tous le service de la soupe ? Au terme de l’émission j’étais admiratif : après avoir longuement évoqué plusieurs destinations possibles, calculé le montant et les frais annexes, elle n’a toujours pas fait de réservation. Question de date, dit-on chez les observateurs. D’opportunité, ajoutent les plus malins…
Comme je n’avais rien à grailler côté machine à décerveler, je me suis cantonné à la lecture. Un tour de presse. Bien que là aussi, malgré l’abondance des titres, la nourriture est souvent indigeste. Quand l’esprit ne veut pas, inutile de le forcer plus en avant.
Depuis un petit moment, le minois d’Aurélie Boullet nous est familier. Plus connue sous le pseudonyme de Zoé Shepard, elle est l’autrice d’un ouvrage à succès qui alimente l’âtre des combustions de l’usine à parlotte, « Absolument dé-bor-dée ! ». Le livre à succès du moment qu’on présente comme une œuvre littéraire dans certains cercles, comme un acte citoyen dans d’autres. A ce point, je ne puis que penser au mot de Philippe Muray : « ce devant quoi une société se prosterne nous dit ce qu’elle est. ».
Ne perdons pas le fil. Vous pensez bien qu’une fois que, ayant pris connaissance du brûlot, l’ayant identifiée, le Conseil régional d’Aquitaine qui employait Aurélie Boullet ait pris la décision de lui flanquer une sanction au col (sans traitement, cela va de soi !) pour non respect de l’obligation de réserve à laquelle est tenu tout fonctionnaire. Pas contente d’avoir écrit «Comment faire 35 heures en … un mois », se foutant de la gueule de la boîte qui l’emploie, de son dysfonctionnement, du côté kafkaïen propre aux grosses machines administratives, pensait-elle que la sanction pouvait en être autre ? Assurément, puisqu’elle avait portée la chose devant le tribunal. En son âme et conscience, celui-ci a rendu son jugement : déboutée !